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La vérité sur les mensonges

« C’est un piège ! se dit Rose. Lily ment, comme d’habitude. »

Pourtant, quelque chose dans l’attitude de sa tante lui indiquait qu’elle disait vrai.

Avant que Lily puisse s’expliquer, les deux autres personnes n’ayant pas été affectées par les ordres involontaires d’Origan s’approchèrent : le petit homme à l’écharpe en travers du smoking avec sur ses talons la fille aux longs cheveux noirs qui était toujours en train d’envoyer des textos. Ils étaient flanqués de gardes du corps menaçants aux cheveux blonds coupés en brosse.

— Ah, vous voilà ! s’exclama l’homme à l’écharpe.

Il avait une drôle de silhouette : un torse très large, un gros ventre, mais des bras tout maigres, comme un chien saucisse se tenant sur ses pattes arrière. Sur sa poitrine on lisait SAN CARUSO.

— Madame Lily, votre dessert était le clou du spectacle !

Lily émit un petit rire mélodieux.

— Oh, vous me flattez, comte Caruso !

Elle s’était métamorphosée en un instant.

— Qui sont vos amis ? demanda-t-il en adressant à Rose un large sourire.

Ses dents étaient d’un blanc éclatant, à l’exception de l’une d’elles qui brillait d’un ton bleu nuit. Il se couvrit la bouche de la main d’un air gêné.

— Nous faisons le service, dit Rose.

— Alors vous avez dû entendre parler de moi, le comte Caruso, j’en suis sûr, dit-il en lissant ses cheveux noirs déjà parfaitement coiffés.

Oliver haussa les épaules.

— Nan.

— Réfléchissez un peu, insista le comte Caruso.

— Désolé monsieur, dit Oliver en se grattant la tête. Mais je ne vois pas.

— C’est moi qui produis ces tout petits cupcakes ! dit-il en rapprochant son pouce de son index. Vous connaissez mon slogan : « Trop petit pour compter les calories, trop bon pour résister ! Bellissima ! »

Le comte Caruso fit semblant de déguster un cupcake imaginaire.

— Délicieux !

— Ça m’a l’air divin… et petit ! constata Oliver.

— Tout à fait ! affirma le comte Caruso, sa dent couleur myrtille scintillant dans la lumière. Je rêvais d’un cupcake si petit qu’il pourrait tenir au creux de la main, et puis je me suis dit : « Non, Caruso ! Tu peux faire des cupcakes encore plus petits que ça : de microscopiques particules de bonheur sucré. »

Il se frappa fièrement la poitrine.

— Et j’y suis parvenu ! Maintenant je suis riche et célèbre.

— Si vous le dites, dit Oliver.

Le comte Caruso prit trois petites inspirations, comme s’il cherchait à se calmer, puis il se tourna vers Lily.

— Je suis venu vous féliciter d’avoir mené à bien la phase un. Demain, la phase deux rendra tous ces dignitaires fidèles aux cupcakes Caruso pour toujours !

Les yeux sombres du comte glissèrent sur Rose et Oliver.

— Et vous dominerez le monde… des cupcakes, conclut Lily avec le même rire forcé.

Le sourire de Caruso s’évanouit.

— Vos blagues sont adorables. Mais je suis très sérieux. La phase deux a intérêt à bien se dérouler, ou vous serez renvoyée.

— Ne vous en faites pas, mon ami. Je promets que je remplirai ma part du contrat.

— Ravi de vous l’entendre dire ! On dirait que je peux rappeler mes tueurs à gages, dit le comte en lissant son costume. Ha ha ! Je plaisante, bien sûr. Ma fille et moi vous souhaitons une bonne nuit !

— Buonanotte, cher comte, dit Lily en agitant ses doigts aux ongles brillants de strass. Ciao !

Le comte Caruso tourna les talons, rappela ses gardes du corps, et sortit de la salle de réception.

Oliver laissa échapper un petit sifflement.

— Vous avez vu cette dent bleue ? Dégueu !

— Peu importe sa dent, dit Rose en se tournant vers sa tante. Tu nous as menti, Lily ! Il est clair que le comte Caruso fait partie de la Société des Rouleaux à Pâtisserie, et encore plus évident que tu travailles pour lui !

— Tu ne comprends pas, dit Lily en regardant frénétiquement de tous les côtés. Allons parler en privé. On ne peut rien dire ici.

Elle les guida hors de la salle, puis dans une jolie serre décorée de fontaines, jusqu’à un banc circulaire sous un arbre.

— Je ne suis pas celle que vous croyez, expliqua à voix basse Lily alors qu’ils s’asseyaient. Je suis un agent double. Je combats la Société.

— Ha, fit Rose.

— Ha-ha, ajouta Oliver.

— Qu’est-ce qu’il y a de si drôle ? demanda Lily.

— C’est toi qui nous fais rire. Si tu es agent double, dit Rose, alors pourquoi as-tu dérobé les embruns de Vénus ? Pourquoi avoir ajouté cet ingrédient magique aux îles flottantes ? On t’a vue.

— Alors c’est vous qui avez utilisé la farine clairvoyante ? Très impressionnant.

— Merci, couina Jacques dans la poche de Rose.

Rose le fit taire, mais un sourire sincère se dessina sur les lèvres de Lily.

— Alors, il n’y a pas que vous deux et Origan, mes amis !

— On n’est pas tes amis, El Tiablo, dit Oliver. On est tes… ennemis jurés.

Lily poussa un soupir exaspéré.

— Non, c’est faux. Le comte Caruso et ses acolytes ont mis des embruns de Vénus dans le dîner de ce soir, dans la pâte feuilletée du bœuf Wellington, plat numéro sept au menu.

« Le bœuf Wellington contenait bien de la pâte feuilletée », se dit Rose.

— Mais alors, qu’est-ce que tu as ajouté aux îles flottantes ?

— L’antidote, dit Lily en haussant les épaules. J’y ai ajouté une préparation délicate : des extraits de Pétales de l’éveil. Cela a un peu parfumé les îles, mais personne ne s’en est rendu compte.

Elle lança un regard noir à Rose.

— Sans doute parce qu’ils étaient trop distraits par la flamme verte de ton coulis. Qu’est-ce que c’était d’ailleurs ?

— J’ai un peu modifié la recette des Muffins suis-ton-cœur-d’artichaut, dit Rose.

Lily hocha la tête.

— Tout s’explique. Tu te rends compte de ce qui s’est passé, n’est-ce pas ?

— Le Suis-ton-cœur-d’artichaut aurait pu neutraliser les embruns de Vénus… sauf que les embruns ne faisaient pas partie de la recette des îles flottantes.

— Parce que tout le monde en avait déjà mangé, dans le bœuf Wellington, dit Oliver.

— C’est ça. Tante Lily a ajouté l’extrait de Pétales de l’éveil dans les îles, et quand on a ajouté le Coulis suis-ton-cœur-d’artichaut, les deux enchantements se sont…

— Annulés l’un l’autre, conclut Lily.

Oliver cligna des yeux.

— Alors tout le monde a reçu une double dose d’antidote ?

— Faux, dit Rose. L’antidote n’a pas fonctionné.

— C’est pour ça que tout le monde a obéi aux ordres ridicules d’Origan ! comprit Oliver. Mais Origan avait l’air d’aller bien, et il a mangé de tout !

Lily haussa les épaules.

— Il ne pouvait pas se donner d’ordre à lui-même, Oliver. Mais si quelqu’un avait suggéré quoi que ce soit à son oreille…

— Il aurait obéi, comme tout le monde, compléta Rose.

— Et c’est pour ça que les serveurs avaient l’air encore plus bizarres que d’habitude. Ils ont tous mangé le bœuf eux aussi. Tout le monde est sous l’influence du sort… Ça y est, j’ai compris !

Le sourire d’Oliver s’effaça quand il se rendit compte de ce que cela impliquait.

— Oh ! Tout le monde est ensorcelé. C’est pas une bonne nouvelle…

— C’est une catastrophe, renchérit Rose.

« Mais Lily dit-elle la vérité ? » Sa tante était une menteuse et une voleuse, ils n’avaient aucune raison de lui faire confiance.

— Pourquoi te rebeller contre la Société des Rouleaux à Pâtisserie ? demanda Rose.

— J’ai changé d’avis. Est-ce si improbable que ça ?

— Oui, entonnèrent d’une même voix Rose et Oliver.

— C’est pas pour te vexer, tia, mais tu es… maléfique. Et méchante. Encore plus cruelle que ma…

— J’ai peut-être de l’ambition, mais je ne suis pas maléfique, se défendit Lily. Quand j’ai entendu parler du plan affreux de la Société des Rouleaux à Pâtisserie, j’ai su qu’il fallait que j’agisse. Mais ils ne m’auraient jamais laissée aux fourneaux s’ils avaient su que je m’étais retournée contre eux, dit-elle en s’écroulant sur le banc. Des mois de travail minutieux pour rien. Demain, les dirigeants du monde leur mangeront tous dans la main.

— Pourquoi est-ce qu’on devrait te croire ? demanda Rose.

— On ne change pas les vieilles habitudes, dit Oliver. Enfin, non pas que tu sois vieille. Tu es… heu… très jolie ce soir.

— Merci, Oliver, dit Lily en le gratifiant de son plus beau sourire. Écoutez, j’aurais pu dénoncer Origan dès que je l’ai vu prétendre être Bébé Seamus. Et j’aurais tout aussi bien pu laisser les gardes du corps du comte Caruso se charger de vous. Mais je n’en ai rien fait. J’ai protégé votre secret.

Rose rechignait à l’admettre, mais Lily disait vrai.

— Alors, prouve que tu ne mens pas, la défia Oliver. Mange donc du bœuf et du dessert tout de suite.

— Quoi ? s’écrièrent Rose et Lily en chœur.

— Mange les restes du bœuf Wellington, ainsi qu’une des îles sans coulis auxquelles tu as ajouté des Pétales de l’éveil. Si tu dis la vérité, alors le sort ne t’atteindra pas. Mais si tu mens, alors tu feras tout ce qu’on dit. Tout.

— C’est… pas une mauvaise idée, concéda Rose en tapotant l’épaule de son frère.

Lily se leva.

— Si c’est ce qu’il faut pour vous convaincre, dit-elle en s’éloignant.

Elle se retourna vers Rose et Oliver :

— Eh bien, vous venez ?

 

Les cuisines étaient presque vides, sauf pour quelques chefs qui traînaient encore dans les parages. Ils ignorèrent Rose, Oliver et Lily qui fouillaient dans les restes sur les porte-plateaux.

— Voilà, dit Lily en sortant un plat tiède de bœuf Wellington. Je préférerais le réchauffer, mais c’est bon comme ça aussi.

Elle perça la pâte de sa fourchette, souleva le bœuf en croûte comme une sucette, et prit une énorme bouchée.

Elle s’essuya les coins de la bouche avec une serviette et se tourna vers eux.

— Et maintenant ?

— Par ici, dit Rose en les menant du côté de la cuisine déserte où reposaient les pâtisseries.

Le tapis mécanique était arrêté. Le bras robotisé était suspendu au-dessus d’eux, inerte. Oliver sortit du placard le plateau d’îles flottantes intactes et le posa sur le plan de travail.

— Et maintenant ? répéta Lily en clignant des yeux.

Ses yeux qui d’habitude pétillaient de malice semblaient vitreux, ou peut-être était-ce juste la lumière affreuse de la pièce ? Sa tante était-elle vraiment sous l’emprise des embruns de Vénus ?

— Maintenant, dit Rose, on va te tester. Jacques ? Tu n’as qu’à commencer.

Elle sortit la souris de sa poche et la posa sur la table ; Jacques remua son museau et leva les yeux vers Lily.

— Je voudrais que tu t’excuses pour toutes les misères que tu m’as causées.

Lily tomba à genoux, sans se soucier d’abîmer sa belle robe de soirée. Elle passa délicatement un doigt sur le dos tout doux de Jacques.

— Chère petite souris, pour tout ce que je t’ai fait, je te demande pardon du fond du cœur.

Ses excuses semblaient sincères… au point qu’Oliver lança un regard choqué à Rose. Ils n’avaient jamais entendu leur tante s’excuser.

Jacques paraissait aussi surpris.

— Heu, merci, mademoiselle*.

— C’est facile de s’excuser, rétorqua Oliver en s’appuyant contre le frigo. On veut du spectacle, El Tiablo. Monte donc sur ce tapis roulant et danse le cancan.

Sans hésiter, Lily claqua des talons, grimpa sur le tapis et souleva sa jupe jusqu’aux genoux. Elle se mit à danser pieds nus, le tissu pailleté de sa robe se mouvant de droite à gauche et formant de petites vagues rubis.

— Fais la roue maintenant ! hurla Oliver, et Lily s’exécuta sans tarder. Super ! Maintenant, saute sur le bras mécanique et fais…

— Arrête, dit Rose.

Elle ne partageait pas la joie d’Oliver.

Lily s’arrêta, dans l’attente de l’ordre suivant.

— Descends de là, ordonna Rose.

« C’est terrible. On ne peut pas manipuler les gens comme des jouets. »

Lily descendit de son perchoir, aussi silencieuse qu’un chat. Elle avait des mèches de cheveux collées au front.

— Elle me semble réellement ensorcelée.

— Faire des roues ne prouve rien, objecta Rose.

Oliver haussa les épaules.

— On n’a qu’à lui demander de faire un truc dingue, comme de courir dans la salle de réception en sous-vêtements, ou de monter dans un four allumé.

— J’ai une meilleure idée. On n’a qu’à lui poser des questions. Et, Lily, tu dois nous dire la vérité. Toute la vérité. Rien que la vérité.

Pour la première fois depuis qu’elle avait dévoré le bœuf Wellington, Lily parut effrayée.

— Pourquoi es-tu venue voler le Livre chez nous l’année dernière ? demanda Rose.

Et là, Lily fit la dernière chose à laquelle Rose s’attendait : elle se mit à pleurer.

Des larmes perlèrent à ses beaux yeux et roulèrent sur ses joues lisses, les striant de marques noires de mascara. Lily commença d’une voix frêle et tremblante :

— Parce que je voulais être célèbre. Mais une fois que j’ai obtenu ce que je désirais, je me sentais toujours vide, et je me suis rendu compte que ce que je voulais vraiment, c’était que quelqu’un – n’importe qui – m’aime.

Ces paroles vinrent frapper Rose droit au cœur. Elle savait ce que c’était que de se sentir ignorée, d’aspirer à quelque chose de plus, et d’obtenir ce pour quoi on avait tant travaillé, pour découvrir que ce n’était pas ce qu’on s’imaginait. Rose était chef pâtissière mais elle ne se sentait toujours pas à sa place. Elle savait aussi ce que c’était que de désirer l’amour pour ensuite devoir le repousser, comme ce qui lui arrivait avec Devin.

Malgré elle, Rose sentit les larmes lui monter aux yeux.

— J’ai repoussé ma famille, avoua Lily entre deux sanglots. J’ai repoussé tous les amis que j’avais. Et pour quoi ? Parce que je voulais être quelqu’un. Mais quand je me suis enfuie de la Corporation des Véritables Petits Gâteaux, je n’avais nulle part où aller. Personne ne m’attendait. Ça a été le pire moment de ma vie.

Elle s’essuya les yeux avant de poursuivre :

— Alors j’ai décidé d’empêcher définitivement la Société des Rouleaux à Pâtisserie d’écraser tous les pâtissiers sur son passage. Ce n’est que comme ça que j’aurais pu revenir la tête haute, pour…

— Pour quoi, tia ? dit Oliver en se penchant vers elle.

Lily avait les joues rouges et les yeux gonflés. Rose n’avait jamais vu sa tante aussi vulnérable.

— Pour revenir m’excuser auprès de Céleste et Albert, et auprès de vous, les enfants.

— C’est déprimant tout ça, dit Oliver. Donnons-lui l’antidote tout de suite !

Rose était d’accord avec lui. Elle prit une des îles flottantes sans coulis et la posa sur la table à côté de Lily.

— Merci, répéta Lily en engloutissant son dessert.

Même lorsqu’il ne resta plus rien dans l’assiette, elle laissa échapper deux gros sanglots.

— Ce n’est qu’en apprenant à vous connaître, les enfants, que j’ai su qu’il y avait plus dans la vie que l’ambition.

— Je croyais que cette île flottante était un antidote, dit Rose, perplexe. Pourquoi tu pleures encore ?

— C’est juste que ça me fait tellement de bien de me confesser que je n’ai pas envie de m’arrêter.

Oliver trouva une serviette propre et essuya les joues de Lily.

— Arrête de pleurer, je t’en prie, tia. Je n’ai pas l’habitude de voir pleurer les filles. Pas même mes petites amies.

— Je te crois, dit Rose à Lily en lui prenant la main.

— Vraiment ?

Rose hocha la tête.

— Mais ça ne nous aide pas. Nous ne savons pas où sont Origan et nos parents, et maintenant, les dirigeants de la planète risquent tous d’être transformés en marionnettes. Comment on va faire pour les sauver ?

— La première dose d’embruns de Vénus ne dure que vingt-quatre heures – sauf si une seconde dose vient sceller l’enchantement. C’est la phase deux… un gâteau magique qui sera servi demain soir. Une fois que tout le monde en aura mangé, ils seront des marionnettes. Pour toujours.

— Pour toujours ? répéta Rose.

— Ce serait un désastre ! piailla Jacques de sa voix perçante.

— Alors, tout ce qui nous reste à faire, c’est de les empêcher de servir le gâteau, dit Oliver. Facile.

Lily secoua la tête.

— Ce serait bien pire. Les effets des embruns de Vénus ne se dissipent pas comme ça. Soit il faut une seconde dose pour sceller le sort, soit il faut administrer un antidote pour contrer les effets de cette première dose.

— Et qu’est-ce qui se passe si ceux qui ont mangé le bœuf Wellington ce soir ne reçoivent ni l’antidote ni la seconde dose ? demanda Rose en tentant de se remémorer ce qu’avait dit sa mère.

— Ils sombreront dans un état végétatif, révéla Lily. Ils deviendront des légumes… pour le restant de leurs jours.

Oliver fit la grimace.

— C’est horrible. C’est dégueu, les légumes.

— Pas ce genre de légume, Oliver, dit Rose en agrippant le bras de son frère. Elle veut dire qu’ils seront comme endormis. Il faut qu’on aille chercher papa et maman… eux sauront quoi faire. Peut-être qu’Origan peut encore les sortir de prison.

— Oh non ! s’écria Lily en se couvrant la bouche des mains.

— Qu’est-ce qu’il y a, tia Lily ? demanda Oliver.

— Origan, répliqua Lily. Il a mangé de tout. Il en a même repris.

— Alors lui aussi est ensorcelé, se désespéra Rose.

— Et si on ne lui administre pas l’antidote, il se transformera en…

— Légume ! s’exclama Jacques.

Rose savait exactement ce qui lui restait à faire. Non pas parce qu’elle était chef pâtissière, mais parce qu’elle était membre de la famille Bliss, et la fille de Céleste et Albert. « Prends les bonnes décisions », lui avait dit sa mère. Cela voulait dire qu’elle devait faire confiance à la personne sur laquelle elle s’était juré de ne plus jamais compter, la dernière personne au monde à laquelle elle aurait confié le sort de sa famille.

— Tante Lily, dit Rose. Je vais avoir besoin de ton aide.