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Un tweet longue distance

Une semaine plus tard, Rose se tenait sur la balançoire du jardin familial, les cheveux agités par la brise du soir. Tout ce qui s’était passé à Washington l’avait profondément secouée. Malgré les trois Crêpes calme-toi qu’elle avait mangées le matin, elle n’arrivait pas à se détendre.

Il leur avait fallu une journée entière pour démêler les événements qui s’étaient déroulés lors du CICC. Au début, le président des États-Unis n’avait pas cru à l’histoire des Bliss, qui prétendaient que les dirigeants de toute la planète avaient été empoisonnés (bien sûr, ils ne pouvaient pas dire qu’ils avaient été ensorcelés), mais sir Zsigmond était venu à la rescousse. Son équipe et lui avaient eu droit à des parts de gâteau mouillé après la fuite de Caruso, et ils avaient retrouvé leurs esprits.

— Ces enfants Bliss, raconta Zsigmond, sont de très mauvais serveurs. Mais ils sont merveilleux. Ils n’ont rien à voir avec ce désastre. C’était l’œuvre du comte Caruso.

Rose avait souri à sir Zsigmond, soulagée qu’il soit enfin de leur côté.

Grand-mère O’Malley avait été plus difficile à convaincre. Céleste avait dû lui montrer des photos d’Origan depuis sa naissance jusqu’à cette semaine. Heureusement, Céleste avait des centaines de photos sur son téléphone dans un dossier intitulé : « Mon drôle de petit bonhomme », et bientôt, il fut évident qu’elle était bien celle qui l’avait mis au monde et élevé.

— Pourtant il était très doué à la cornemuse, regretta grand-mère O’Malley.

Sans un mot de plus, elle rassembla son entourage et quitta l’hôtel immédiatement, pour rentrer chez elle en Écosse.

— Elle va me manquer, dit Origan. Et Iain et Dougal. Et aussi Siobhan.

Puis il se tourna vers Rose.

— Merci de m’avoir sauvé de ce mariage.

— On a plutôt sauvé la comtesse d’un mariage avec toi, rectifia Oliver en ébouriffant les cheveux de son frère.

— Ha, ha, très drôle, répondit Origan. Mais tu sais quoi ? Je suis d’accord avec toi.

C’est ainsi que les Bliss avaient pu rentrer chez eux à leur tour. Céleste et Albert étaient libres, Devin avait pardonné à Rose, et l’aimait toujours autant qu’avant.

— Même plus. Parce que… tu sais… c’est super cool, ce que tu fais.

— La magie, tu veux dire ? demanda-t-elle.

— Ouais. Ça aussi.

La Société des Rouleaux à Pâtisserie avait subi une défaite cuisante (ou plutôt mouillée), et Caruso avait battu en retraite. Tout s’était bien terminé.

Alors pourquoi Rose se sentait-elle aussi mal ?

Elle continua à se balancer, en pensant à Lily.

Sa tante avait-elle renoncé à ses tendances diaboliques ? Ou leur avait-elle raconté des mensonges ? Rose voulait croire que sa tante désirait sincèrement se racheter. Et Lily avait bien aidé Rose à sauver les invités du CICC et à empêcher le comte Caruso de nuire… alors pourquoi s’était-elle enfuie sans même un au revoir ?

— Rosie ! hurla Nini qui sortait de la cuisine, claquant la porte derrière elle. Devin est là !

Rose se leva et lissa son chemisier alors que Devin sortait à son tour de la pâtisserie. Il avait aidé Origan et Oliver à faire la pâte pour une fournée de Muffins prends-soin-de-toi, qui marchaient bien sur les lapins, et qui feraient l’affaire pour un chat et une souris enrhumés après une douche au CICC. Aujourd’hui, il portait une chemise bleue assortie à ses yeux, et il s’était fait couper les cheveux depuis son retour à Calamity Falls : maintenant, ils étaient rasés sur les côtés et un peu plus longs sur le dessus.

« Il est si beau », pensa Rose.

— Salut.

Devin lui prit la main et leurs doigts s’entrecroisèrent.

— Salut.

Ils sortaient officiellement ensemble maintenant.

Plus de secrets.

— Berk, fit Nini en passant à côté de Rose.

Elle grimpa sur l’autre balançoire et agita les jambes, sans résultat.

— Attends, je vais te pousser.

Rose saisit les chaînes et envoya la petite vers le ciel sans nuages.

— Qu’est-ce que tu faisais ici toute seule ? demanda Devin. T’étais en train de penser à de… la magie ?

— Tu sais bien que ça ne marche pas comme ça, dit Rose en continuant de pousser Nini.

Devin avait promis de garder le secret des Bliss.

Nini cria de joie.

— Plus haut ! Plus haut !

— Je pensais à tante Lily. Pourquoi s’est-elle enfuie avec le comte Caruso ?

— Elle est peut-être partie de son côté, suggéra Devin en s’appuyant au montant du portique. Après tout, vous l’appeliez El Tiablo, et vous n’arrêtiez pas de répéter qu’elle était maléfique. Elle avait peut-être honte, dit-il en haussant les épaules. Je sais pas. Elle avait l’air sympa.

— Elle avait l’air, dit Rose. Mais tu ne l’as pas connue avant. Et apparemment, je ne la connais toujours pas. Ça me donne envie de ne plus faire confiance à personne.

— Tu peux me faire confiance à moi. Et je suis content que tu l’aies fait. Apprendre ton secret m’a beaucoup rapproché de toi, dit Devin en l’aidant à pousser Nini, si bien que leurs bras frottaient l’un contre l’autre.

— Pour finir, il y a une chose que j’ai faite correctement, dit Rose. J’ai tenu ma promesse envers toi.

— Tu rigoles ? Tu as tout fait correctement. Ce que tu as accompli à Washington est incroyable, et tes frères m’ont raconté pour la compétition à Paris et l’usine de Véritables Petits Gâteaux. Tu es une fille fantastique. T’es un genre de super-héroïne secrète.

« Super-héroïne ? » se répéta Rose, doutant que ce terme lui corresponde.

Peut-être qu’être chef pâtissière ne voulait pas dire qu’elle devait tout accomplir à la perfection. Elle était capable d’adapter la recette de sa vie à mesure que celle-ci se déroulait, apprenant en chemin, pour faire mieux la fois suivante. Après tout, combien de cookies avait-elle laissés brûler avant d’arriver à une formule à la fois croquante et fondante ?

— Une super-héroïne ? murmura Rose. Je crois qu’aujourd’hui, je préfère être Rose, tout simplement.

Un passereau poussa un cri et voleta entre eux. Ils se lâchèrent la main, surpris.

— Qu’est-ce qu’il a, cet oiseau ? s’exclama Devin. Il est sans-gêne.

Puis un son étrange emplit l’espace, comme si des milliers de petits drapeaux claquaient au vent. Rose et Devin levèrent la tête, et un nuage sombre surgi de nulle part enveloppa la pâtisserie Bliss. « Ce n’est pas un vrai nuage », se dit Rose.

Devin plissa les yeux.

— Qu’est-ce qui se passe ?

— Des oiseaux, répondit Rose. Plein, plein, plein d’oiseaux.

Le son qu’ils entendaient était produit par des milliers de battements d’ailes. Bientôt, le soleil fut masqué.

— Rosie ! hurla Nini en courant se réfugier dans les jambes de Rose. J’ai peur !

Le nuage d’oiseaux descendit en tournoyant et se posa tout autour de la maison des Bliss, recouvrant le toit de la pâtisserie, ainsi que le jardin. Environ quarante d’entre eux s’étaient perchés sur le portique, et le trampoline croulait jusqu’au sol sous leur poids. L’herbe aussi était tapissée d’oiseaux. Le sol se mit à pépier, grouillant de plumes.

— On se croirait dans un film d’horreur, souffla Devin.

Les oiseaux agitèrent leurs ailes et fixèrent Rose de leurs yeux d’opale. Ce n’étaient pas des corbeaux, mais une espèce de rossignol à la gorge rouge. De près, ils ne faisaient pas peur du tout. Mais d’où venaient-ils tous ?

— Qu’est-ce qu’ils veulent ? demanda Devin à Rose.

Rose haussa les épaules.

— Des graines ?

Une douzaine d’oiseaux crièrent et reculèrent lorsque la porte de la maison s’ouvrit.

— Pas de panique, déclara Céleste vêtue de son tablier recouvert de farine. Je crois qu’on nous envoie un message.

Elle chassa délicatement les oiseaux devant elle du bout de sa chaussure.

— Laissez-moi passer, vous voulez bien ?

Derrière elle, Oliver et Origan avaient passé la tête dehors pour voir ce qui se passait.

Quelques oiseaux pépièrent entre eux comme s’ils se criaient des ordres, puis des centaines se rangèrent pour laisser un passage entre la porte et la balançoire. Rose guida doucement Devin et Nini sur la pelouse.

— Comment ça, maman ? demanda Rose alors que Céleste les faisait entrer dans la cuisine.

— Une flopée d’oiseaux comme messagers, c’est une pratique magique qui remonte à la nuit des temps, expliqua Céleste en s’approchant du plan de travail central et en ouvrant le Livre de recettes des Bliss. Mais les oiseaux ne chantent jamais gratuitement.

— Tu veux dire qu’ils attendent qu’on les paye ? demanda Rose.

— En quelque sorte, répondit sa mère en aplatissant le Livre. Ah. Voilà. Viens donc me donner un coup de main.

Elle lança un regard à Devin et ajouta :

— Puisque tu es dans le secret maintenant, tu vas peut-être pouvoir nous aider.

— Avec plaisir, Céleste.

Céleste cligna des yeux.

— Appelle-moi madame Bliss.

Rose enfila un tablier et lut la recette :

Les Bonbons qui en disent long
Pour dénouer les langues, les museaux,
les becs et les mandibules

En l’an de grâce 1922, dans la ville fluviale allemande de Tragenstadt…

Rose marqua une pause.

— J’ai bien prononcé ?

— Continue, l’encouragea Céleste.

… Kolten Bliss apprit que des secrets sucrés étaient constamment dérobés dans le magasin du fameux confiseur, Ber Knopf. Kolten comptait Ber parmi ses amis, et chercha à créer une recette que le voleur avalerait et qui l’obligerait à admettre son péché.

 

Dans un plat creux, Kolten déposa trois noix de gélatine, deux cupules de vigne cœur à cœur en poudre, et une demi-poignée d’eau. Tandis que la gélatine et la poudre de vigne se mélangeaient lentement en fondant, Kolten versa dans une casserole six noix de farine, trois noix de sirop de maïs, et une grosse poignée de jus de mûre. Il laissa fondre le sucre à feu doux, et y ajouta le mélange de gélatine et de vigne en poudre.

Kolten versa la mixture dans des moules en forme de petits vers de terre. Avec l’aide de Ber, il répandit les petits bonbons gélatineux dans tout le magasin de Knopf. Les bonbons furent bientôt dévorés par un rat, lequel admit être responsable des vols, car il espionnait pour le compte d’un fabricant voisin, Nagetierdorf.

Une fois le voleur démasqué, les recettes secrètes étaient à nouveau en sécurité, et le magasin de Ber Knopf connut un vif succès.

— Bien, dit Rose en relevant la tête du Livre. Je crois qu’on sait ce qu’il faut faire ! Au boulot !

 

La famille Bliss et Devin se mirent immédiatement à réunir le sucre, le jus et la vigne cœur à cœur dont ils avaient besoin pour la recette.

Puisqu’ils ne disposaient pas de moules en forme de ver de terre, ils utilisèrent des pailles coupées qu’ils tenaient debout dans des bocaux. Ils versèrent la gélatine dedans. Une fois que les bonbons furent prêts, ils prirent tous des pailles et les écrasèrent avec des rouleaux à pâtisserie pour en sortir les bonbons en forme de ver. Céleste versa des poignées entières de bonbons dans des bacs et en tendit un à chaque enfant.

— Cool ! Ces bonbons en forme de ver sont très gélatineux, commenta Oliver.

— De la gélatine à s’en lécher les babines ! s’écria Origan, fier de sa rime, prêt à en avaler un.

Rose l’attrapa par le poignet.

— Je ne mangerais pas de ça si j’étais toi, sauf si tu veux nous révéler tous tes secrets !

Origan balança le ver dans son bac.

— Non merci, grande sœur.

— Oh ! allez, mi hermana, dit Oliver. Je parie qu’il a appris plein de secrets royaux qu’il ne nous a pas avoués.

— Bien, dit Céleste en ouvrant la porte. C’est l’heure du dîner.

Ils suivirent Céleste dehors et s’avancèrent au milieu des oiseaux, semant sur leur passage de grosses poignées de bonbons. Les oiseaux plongèrent dessus et les avalèrent d’un trait.

— Personne ne vous a appris à mâcher ? dit Origan. Vous n’avez pas de manières !

Tandis que les enfants se chargeaient des oiseaux au sol, Céleste avait sorti une échelle de la cabane à outils pour monter sur le toit.

Une fois que tous les oiseaux eurent mangé, la nuit commençait à tomber, et le ciel vira au violet orangé.

L’un des oiseaux voleta au bas du portique, et atterrit aux pieds de Rose. Il était un peu plus gros que les autres, et sa poitrine, un peu plus jaune. Rose se demanda s’il était le chef. Il se tourna pour faire face à tous les autres oiseaux et ouvrit le bec :

— Ahhhhhhhh.

Les rossignols répondirent en harmonie :

— Ahhhhhhh.

Puis ils se mirent à chanter :

 

Chers enfants Bliss de la pâtisserie,

C’est un message de votre tante Lily.

Je n’ai pas détalé,

Mais on m’a en

-le

-vée.

 

Les syllabes du dernier mot avaient été chantées sur un accord parfait de trois notes. Rose fit quand même la grimace.

— Ce n’était pas très harmonieux, n’est-ce pas ? chuchota Oliver.

— Elle n’a peut-être pas eu le temps de les faire répéter, dit Céleste. On dirait que Lily a été kidnappée !

Rose se sentit soudain coupable. Cela ne lui était même pas venu à l’esprit que tante Lily avait pu être enlevée.

Les oiseaux continuèrent à chanter :

 

J’ai besoin de votre aide

Ce n’est pas faux.

J’ai été enlevée,

Par le comte Caruso.

 

Devin poussa un petit cri et ils se tournèrent tous vers lui.

— Je… je suis sidéré, c’est tout.

— C’est un peu évident, non ? dit Origan. Qui d’autre aurait pu la kidnapper ? Mais c’est bon de savoir qu’elle ne nous a pas abandonnés.

— Où l’a-t-il emmenée ? se demanda Rose tout haut.

Comme pour lui répondre, les oiseaux gazouillèrent de plus belle :

 

Vous trouverez votre tante Lily

sur la côte Est de l’Italie.

Je suis dans une tour, qui ne sent pas très bon,

D’ailleurs, c’est plutôt une prison.

 

— Qui ne sent pas très bon ? répéta Oliver. Une prison ? Elles sont nulles, ces rimes !

 

Je suis sale, je suis affamée,

Les moustiques me mordent le nez.

Mes larmes forment un triste décor,

Sauvez-moi donc de la mort !

 

Venez avant mon exécution,

Rien ne rime avec ça,

Je vous embrasse,

Lily.

 

La chanson se termina et la porte de la maison s’ouvrit. Albert Bliss se faufila entre les oiseaux sur la pointe des pieds pour aller se planter auprès de Céleste. Tout le monde resta sans rien dire. Les oiseaux ouvrirent leurs ailes et inclinèrent la tête.

Puis, l’un après l’autre, ils prirent leur envol vers le soleil couchant. Bientôt, il ne resta qu’un rossignol, qui sifflotait une longue note triste.

Puis l’oiseau se dépêcha de rejoindre les autres.

— Lily est enfermée dans une tour comme Raiponce, j’aurais pas dû critiquer son poème, souffla Oliver.

— Il faut faire quelque chose, dit Rose d’une voix brisée. Ou elle va mourir.

— Et si c’était un piège ? demanda Origan. Le comte Caruso veut peut-être toujours me marier. Je suis un enfant libre. Je ne veux pas m’engager à dix ans.

— Je crois qu’il n’en est plus question, le rassura Rose.

Elle se rappelait le câlin rassurant que lui avait fait sa tante lors de leurs aventures à Washington. Rose ne s’était pas trompée : Lily avait bien changé.

Elle les avait aidés à sauver la planète des griffes d’un impitoyable dictateur.

Maintenant, c’était à leur tour d’aller la sauver.

Céleste poussa un soupir.

— Je ne sais pas. Je n’ai connu qu’une tante Lily menteuse et maîtresse dans l’art de la manipulation.

— Elle a tourné la page, madre, dit Oliver. Je t’assure. Elle a dansé le cancan, et tout. Elle a même pleuré. Je suis du même avis que mi hermana : El Tiablo n’est plus. Maintenant, c’est juste tia Lily.

— Et elle est enfermée seule dans une tour qui pue, ajouta Origan.

— Lily ! s’écria Nini. Lily !

Rose fourra les mains dans les poches de son short et regarda sa famille. Elle s’était tant battue pour qu’ils restent tous ensemble, et il était clair qu’ils n’étaient pas encore au complet : leur tante manquait.

— Le comte Caruso pense que Lily est seule au monde et que personne ne viendra la sauver. Si on ne fait rien, il aura raison.

— Mais…, protesta Céleste.

— Mais Lily a une famille : nous, insista Rose. Et peu importe ce qui arrive, notre famille doit prendre soin de chacun de ses membres.

Albert se mordit la lèvre inférieure.

— Je ne sais pas ce qu’on peut faire, Rose. On a utilisé toutes nos ressources pour le voyage à Washington, et une opération de secours dans une tour sous haute garde en Italie va nécessiter beaucoup de préparatifs et de moyens financiers.

Dans sa poche, les doigts de Rose rencontrèrent un morceau de papier usé. Elle le sortit : c’était une vieille carte de visite qui était passée à la machine plusieurs fois. Rose n’en devinait plus que le logo : le visage souriant d’une chef pâtissière, et dessous : KATHY KEEGAN – LIGNE DIRECTE.

Rose sourit.

— Je connais quelqu’un qui a les moyens de nous aider. Je vous promets que nous irons sauver tante Lily et que nous arrêterons l’abominable comte Caruso.

Elle croisa le regard de ses frères.

— Papa ? Maman ? dit Origan. Rose a raison : Lily a changé…

— Elle est venue nous sauver, nous, renchérit Oliver. Et elle a plus ou moins réussi d’ailleurs.

Céleste et Albert regardèrent leurs enfants, tous décidés à sauver leur tante.

— On dirait que nous n’avons pas le choix, dit Albert.

— Plus maintenant, dit Devin. Rose a promis. Et je suis peut-être nouveau dans tout ça, mais je sais une chose : Rosemary Bliss, chef pâtissière, tient toujours ses promesses.