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Il n’y a jamais de véritable fin, bien sûr. Les gens qui ont vécu dans cette histoire continueront à vivre encore longtemps. Mais il faut bien s’arrêter quelque part, le moment est venu de le faire. Élevons-nous dans les airs, et volons. Laissons derrière nous la fête foraine et tous ceux qui s’y trouvent. Allons plus haut, beaucoup plus haut. Le terrain de la foire, avec ses lumières et son bruit, rapetisse. Nous voyons la ville qui s’étend de l’autre côté, et les chapelets de lumières qui la relient à d’autres cités et mégapoles scintillantes. Nous voyons l’obscurité de la campagne silencieuse, les méandres miroitants des fleuves. Nous voyons la mer sombre et profonde. Nous montons plus haut, et nous voyons les galaxies de villes disséminées à travers le monde. Nous voyons les vastes étendues désertiques. Nous voyons les océans et les pics enneigés des montagnes.

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Et, oh, nous arrivons si haut que nous voyons tout l’univers. Regardez cette immense et magnifique sphère de lumière et d’obscurité. Regardez comme elle tourne, comme le jour cède la place à la nuit, et la nuit au jour. Regardez comme les mers bleues brillent sous le soleil et luisent sombrement sous la lune. Imaginez les gens et les histoires que l’on peut trouver sur ce globe. Imaginez les vies qui existent là-bas, les morts, les amours, les rêves, les ennuis, les héros et les scélérats. Imaginez la multitude d’histoires qu’on peut y trouver et raconter. Élevons-nous encore, si haut que notre grand univers diminue, ne devient plus qu’un monde parmi beaucoup, beaucoup d’autres qui tournent dans l’obscurité infinie. Combien d’histoires peut-il bien exister dans cette immensité ?

Mais retournons jeter un dernier coup d’œil à notre planète. Nous redescendons. La géographie de la Terre redevient clairement visible. Où irons-nous ? Regardez ! C’est le matin en Sibérie. La neige scintille sous le soleil. Les rivières sont gelées, de la fumée s’élève des cheminées des maisons, des villages sont disséminés dans la steppe. Voici une grande ville près d’un fleuve, la ville de Novossibirsk. Approchez ! L’air y est pur, clair, et d’un froid mordant. Le grand fleuve Ob la traverse. Regardez les gratte-ciel ! Et la grande gare peinte en vert clair, avec son arche imposante à l’entrée.

Pénétrons à l’intérieur ! C’est très animé, la gare grouille de monde. Les trains attendent le long des quais. Un groupe de femmes élancées se dirige vers l’un d’eux. Elles portent d’épais manteaux, des chapeaux de fourrure. Leur souffle se condense dans l’air glacial. Elles rient. Vous voyez le visage, la silhouette de cette femme ? Elle semble familière. Nous l’avons vue en photo, je crois. Oui, elle paraît vraiment très jolie. Est-ce la mère de Nitasha ? Est-ce Mme Dostoïevski ? Elle rit, elle bavarde. Elle parle de sa maison, de son retour au pays. Elle saute dans le train, les autres la suivent, et le train sort bientôt de la gare.

Peut-être qu’elle rentre chez elle. Peut-être qu’un peu de joie encore est en chemin vers Stanley Potts et ses copains, dans leur lointaine fête foraine. Espérons-le. Ils le méritent. Après tout, malgré tous leurs ennuis, toutes leurs fautes et leurs erreurs, ce sont des gens sincères, des gens qui ont bon cœur.

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