chapitre 3

La vision pour les aveugles

Dans ce chapitre et les suivants, j’inclus divers commentaires de personnes qui ont participé au cours que j’ai proposé sur internet. Ils montrent à quel point il est aisé de Voir ce dont il est question.

Certains objectent parfois que Voir est bien trop visuel. Qu’en est-il des aveugles ? Comment partager la Vision avec eux ?

Le mieux est de poser la question à quelqu’un qui est aveugle, comme Allan Jones par exemple.

« Exercice de vision pour les aveugles »

Allan Jones

 

Comme beaucoup d’autres personnes, j’ai été proprement « décapité » par les enseignements de Douglas Harding – plus précisément par ses exercices. Lorsque j’ai essayé l’expérience la plus simple, l’exercice du doigt, je n’en attendais pas de résultat significatif. Ceci parce que j’étais aveugle depuis plusieurs années. Mais, à mon grand étonnement je « vis » ce dont il était question : une capacité vide.

Lorsque j’essayai de donner du sens à cette expérience, je pensai d’abord que cette « vision » devait dépendre du fait qu’il fut un temps où je pouvais voir. J’avais en fait utilisé ma mémoire pour évoquer l’image d’un doigt pointant vers moi-même. Je me demandais si une telle expérience fonctionnerait avec une personne née aveugle. Je commençais aussi à imaginer des exercices supplémentaires pour les personnes aveugles.

J’en arrivai vite à la conclusion qu’une personne née aveugle pourrait effectivement faire l’expérience du sens profond de l’exercice du doigt. En fait, on pourrait même dire qu’une telle personne a une sorte d’avantage singulier dans l’exercice du doigt par rapport à des individus dotés du sens de la vue. Pour comprendre ceci, il est nécessaire de comprendre ce que « pointer » veut dire pour une personne aveugle de naissance.

Si, en tant que personne voyante, vous désignez un objet, vous l’identifiez dans un tableau visuel. Vous établissez un contact sensoriel direct avec celui-ci à l’aide de la vision. Lorsqu’un aveugle pointe en direction du même objet, en réponse à une directive telle que « 30 degrés à gauche », il ne le trouve pas et n’entre pas en contact sensoriel avec lui. Il ne fait qu’indiquer la direction générale dans laquelle il se trouve. Pour la personne aveugle elle-même, l’objet n’existe pas encore. L’indication de la direction existe, pour elle, en tant qu’expérience kinesthésique – comme une orientation dirigée vers l’intérieur de ses bras/mains/doigts.

Mais ce qui se passe avec le fait de pointer ainsi, à un niveau de conscience plus profond qu’une introversion des cinq sens tournés vers l’extérieur, c’est une re-direction de la flèche de notre attention. La conscience est dirigée vers l’extérieur, dans un état d’attente, anticipant un objet potentiel. Lorsque Douglas invite une personne aveugle à retourner son doigt et à porter son attention sur cela même qui est attentif, quelque chose se passe qui n’a rien à voir avec les objets.

Retournant sa main et son doigt de telle sorte que la conscience puisse maintenant dire « attention au-dedans », l’homme découvre – comme d’habitude – que le doigt posé dans l’espace n’indique pas un objet. Le doigt pointant ne trouve aucun objet, pas de « moi » dans cette zone de sensations où un « je » incarné est censé demeurer.

C’est une révélation. La limitation de l’aveugle, sa non-vision des choses s’est vue transmutée en la vision de la vacuité.

Si le principe de base de la vision nouménale réside dans le retournement de l’attention, il devrait être possible de créer d’autres exercices qui réorientent cette flèche de manière non-visuelle. En réfléchissant à la question, il m’a semblé important que la création de tels exercices prenne en considération la signification particulière de la tête.

Un doigt qui désigne sa propre tête peut engendrer une claque nouménale du fait de notre présomption commune que la tête est le siège du Je. Nous définissons implicitement le Je comme étant celui qui perçoit et connaît et c’est la tête qui contient tous les organes de perception et de connaissance à l’exception du toucher.

C’est également vrai pour les non-voyants, à qui il manque seulement la vision comme mode de connaissance. En tant que récepteur des sens auditif, tactile et de l’odorat, et, par-dessus tout en tant que penseur qui analyse les informations tactiles, le non-voyant localise lui aussi implicitement le « Je » à l’arrière de son front, exactement comme une personne voyante.

Le but de nombreux exercices de Douglas est de mettre en évidence l’inexistence de ce Je inséré dans un crâne. Je décidai donc que mes exercices dirigeraient également notre attention d’abord à l’extérieur de la tête avant de la ramener dans la direction opposée.

Les deux exercices suivants peuvent être effectués par des non-voyants comme par des personnes dotées de la vue, le deuxième s’effectuant les yeux fermés. Un non-voyant pourrait avoir accès à ces exercices grâce à un enregistrement audio, comme j’ai pu moi-même le faire à l’aide d’un enregistrement de Vivre Sans Stress 3. En tant que lecteur, vous pouvez enregistrer ces expériences, ou demander à un ami de vous les lire. Si vous n’avez pas d’ami disponible, la lecture de ce qui suit vous donnera néanmoins une idée générale de la manière dont ces expériences non-visuelles fonctionnent.

La première se base sur une sensation intérieure ; la seconde utilise la faculté auditive.

Expérience 1
La Vraie Vision

Levez la main et fermez le poing comme si vous vous prépariez à un combat de boxe à une main. Mettez ce poing devant votre visage comme si vous vouliez le protéger d’un coup. Pour la durée de cet exercice vous pourrez maintenir plus facilement votre poing si votre coude prend appui sur quelque chose. Repliez par exemple l’un de vos bras sur votre ventre et faites-y reposer le coude du bras qui forme le poing. Fermez le poing suffisamment fort afin d’obtenir une sensation de pression, mais pas au point qu’elle soit douloureuse ou difficile à maintenir.

Maintenez ce poing en position et dirigez toute votre attention vers lui en incluant cette sensation de pression aussi intensément que vous le pouvez. Maintenez cette attention jusqu’à ce que ce que la sensation de pression soit précise, claire et vous absorbe.

Retournez maintenant soudainement la flèche de votre attention afin qu’elle ne soit plus dirigée vers le poing mais vers l’intérieur. C’est cela – tournez simplement votre attention de 180° et prenez conscience de ce qui perçoit. Voyez ce qui est ici-même, à l’intérieur.

Oui, c’est la conscience qui se trouve ici, purement et simplement. Ce qui est à voir, c’est la conscience elle-même, absolument évidente et immédiate. Voyez-la comme la clarté sans entrave qui accueille ces sensations du poing fermé. Voyez-la comme un lac de conscience dans lequel flottent ces sensations. Voyez que ce lac a une présence bien définie, presque vibrante. Il s’agit de la Présence elle-même, d’une eau intensément vivante.

Observez maintenant ce qu’est devenue la distinction entre l’extérieur et l’intérieur. Le poing n’est pas là-bas, dehors et la conscience qui perçoit ici, à l’intérieur. Il n’y a qu’un seul lieu, ce clair lac de conscience qui contient ce poing.

Ouvrez le poing, lentement, et observez où cette action prend place – au sein de la conscience. Tendez maintenant ce bras et voyez que la sensation prend place au sein de cette même conscience.

Voilà la vraie vision. Il ne s’agit pas de la vision par les yeux qui en général regardent vers le dehors à la recherche de choses que nous ne sommes pas. Il s’agit au contraire de la vision directe de ce que nous sommes vraiment. Nous sommes une capacité consciente, cette chose-connaissante intensément présente qui reçoit toute chose, quelle qu’elle soit. Nous sommes la conscience vide dans laquelle les choses apparaissent remplacées par d’autres choses en une succession régulière.

Cette main que vous considérez comme étant vôtre, et toutes les autres parties de votre corps font partie de ces choses qui vont et viennent. Cette conscience sans entrave qui les accueille est ce que vous êtes vraiment. Elle ne vient ni ne s’en va : elle est, toujours.

Expérience 2
La Vraie Audition

Une fois encore, tenez une main face à votre visage, sa paume tournée vers vous. Cette fois-ci, plutôt que de former un poing, laisser vos doigts s’étendre de telle sorte que le bout de vos doigts repose confortablement sur votre paume.

Tenez votre main ainsi en vous concentrant sur elle. Sentez la chaleur de votre paume sous ces doigts confortablement repliés. Sentez les minuscules sensations de toucher là où les doigts se posent et se chevauchent légèrement ainsi que là où votre pouce touche votre index. Soyez conscient des sensations ou du léger fourmillement dans cette main. Prenez conscience de cette main comme d’un petit nid de chaleur, de pression, de sensations.

Maintenant, retournez la pointe de votre attention sur elle-même afin qu’elle soit dirigée vers l’intérieur. Soyez attentif à la conscience claire qui accueille cette main. Voyez comme cette vacuité est complètement ouverte et disponible pour la douce sensation de cette main. Et voyez une fois encore que la main flotte dans cette conscience, comme un poisson ondulant lentement dans une eau fraîche et limpide.

Utilisez cette main pour produire un son. Frottez rapidement le bout de vos doigts contre la peau de votre paume, de sa base vers le haut. Ceci occasionne un petit bruit de frottement, de froissement. Reproduisez ce son à la manière d’un battement ou d’un pouls régulier, en l’écoutant attentivement.

Ecoutez et trouvez où est ce son. Voyez qu’il est à l’intérieur de votre conscience, tout comme les sensations chaleureuses de picotement planaient dans cette même conscience. Continuez à produire le son et voyez qu’il est entouré de tous côtés par un silence réceptif. Il s’agit du silence vide mais conscient qui permet au son d’être entendu.

Ne faites plus de bruit. Ecoutez le silence là-même où se trouvait le son. Ecoutez ce silence un long moment. Voyez que ce silence n’est pas seulement dans la conscience, il est la conscience. La conscience et le silence sont un. Ecoutez-le.

Ecoutez comment un son faible et distant – le chant d’un oiseau, une voix dans une pièce voisine, le moteur d’une voiture dans la rue – surgit de ce silence et y retourne. Et écoutez de quelle manière le moindre petit son continu comme le ronronnement de votre four et le bourdonnement de votre réfrigérateur est perçu sur l’arrière-plan de ce silence. C’est ce silence conscient qui permet au son d’exister.

Comment pourrait-il en être autrement ? Vous, en tant que conscience, devez être une non-chose afin que les choses soient consciemment enregistrées. Donc, le cœur de votre être doit être essentiellement silence afin de permettre au son de se produire.

Ecouter ce silence est la vraie audition. C’est l’audition de ce que nous sommes vraiment, une immobilité silencieuse qui est la paix elle-même.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Commentaires sur la leçon

J’ai d’abord retourné mon doigt et pensé : « Bien sûr que je ne peux pas voir ma tête » ; puis j’ai utilisé mon vieux truc de méditation qui consiste à sortir en quelque sorte de moi-même pour pouvoir me « regarder » avec ma vision intérieure. Mais j’ai rapidement compris que ça n’était pas non plus le but de l’exercice. J’ai d’abord été un peu déconcerté par « ce » que je devais « voir ». Puis en relisant plusieurs fois votre exercice, j’ai plus ou moins compris et refait l’exercice.

Je regardais cette fois à partir d’une immense fenêtre (comme vous le décrivez), sauf qu’elle m’apparaissait comme une immense baie vitrée dépourvue de vitre, comme une fenêtre ronde qui disparaît dans le vide et s’unit au monde. Je pouvais voir quelques cheveux qui encadraient la fenêtre comme des rideaux, et d’une certaine manière mon nez et si je regardais vers le haut je pouvais voir l’ombre de mes sourcils et de mon front, comme le haut des « rideaux ». Mais voilà, je regardais/regarde à partir de ce rien, et je me sens très libre. Je peux tout inclure dans mon vide et tout expérimenter.

Donna

*

J’ai aimé les exercices les yeux fermés – cela m’a vraiment aidé à accueillir les sensations et à réaliser comment la conscience les inclut toutes.

 

*

Bonjour, je viens également de retravailler la première leçon et comme toujours je suis surpris par son efficacité pour rappeler où et ce que je suis. Il y a quelque chose de remarquable et de profondément libérateur dans le fait d’être ce vide et d’observer toute chose se dérouler à partir de cet espace vide où ma tête avait l’habitude de se tenir. J’attends avec impatience la leçon suivante et l’occasion de partager cette expérience avec d’autres.

Ian

« La Méditation… » suite
Douglas Harding

Démocratique. L’une des conséquences positives, c’est que pour ceux qui pratiquent sincèrement cette méditation il ne peut y avoir ni hiérarchie, ni gourous ou maîtres, ni supériorité ou intimidation spirituelle. En vérité, l’égalité humaine (pour ne pas dire la démocratie) pourrait-elle reposer sur une base plus sûre que celle-ci – notre Identité commune ?

 

Libérée du moi. Rien n’est accompli, mais simplement découvert. Et ce qui est découvert est totalement humble : Votre Vacuité quand vous la voyez réellement (et non plus seulement pensez ou croyez). C’est absolument convaincant, il n’y a aucun doute possible. Ceci est le Lieu unique, le Lieu où vous êtes réel et non plus une apparence, et qui est totalement exempt de tout égotisme, exempt de tout – en un mot, LIBRE.

 

Sans risque. Cette méditation est sans risque, non seulement parce qu’elle ne peut pas être mal faite, non seulement parce qu’elle évite toute dépendance à l’égard des autres d’une part et n’implique aucun orgueil de l’autre, mais aussi parce qu’elle est non-conditionnée. Il n’y a rien d’arbitraire ni d’imaginatif en elle, rien pour forcer votre crédulité, rien qui puisse aller de travers, rien qui puisse vous séparer des gens ordinaires, rien de spécial. Elle est sans risque parce qu’elle consiste à voir les choses telles qu’elles sont, non à essayer de les manipuler. Que pourrait-il y avoir de moins dangereux que de cesser de vous tromper sur votre Soi, ou de plus dangereux que de ne pas le faire ?

 

Naturelle. Bien que remarquablement naturelle dès le début, cette méditation le devient de plus en plus, jusqu’à l’être finalement totalement. Au début, vous avez sans doute besoin de petits trucs pour vous permettre de revenir à ce que vous percevez – par exemple compter vos yeux (quels yeux ?), et observer que vous êtes espace d’accueil pour le visage d’un ami. Mais avec le temps (et cela ne prend pas forcément des années) ces trucs ne sont plus nécessaires : l’état de Première Personne devient une seconde nature (ou la première Nature retrouvée) et vous cessez d’être préoccupé sans cesse avec votre absence de visage. C’est beaucoup plus simple que cela – comme se reposer Chez Soi, dans l’air superbement clair de notre Demeure, sans même y penser. Tout comme personne ne s’arrête dans l’entrée pour étudier la porte qu’il vient de franchir, mais s’avance dans la maison pour en savourer le confort, vous savourez l’Immensité intérieure et ces petites portes d’entrée vous apparaissent comme les inventions dérisoires et provisoires – en fait les astuces – qu’elles sont. (Beaucoup d’astuces religieuses traditionnelles sont si compliquées ou mystérieuses ou belles ou impressionnantes qu’elles détournent l’attention de leur but initial et les moyens en arrivent à remplacer la fin. J’espère que la trivialité évidente de nos astuces les empêchera de se transformer au cours des siècles en objets sacrés auxquels on attache une valeur pour eux-mêmes.)

 

Non-exclusive : Et cette méditation n’est pas exclusive. Elle ne rejette, ni même n’entrave, aucune autre sorte de méditation – comme la méditation assise ou zazen – que vous pouvez trouver très utile. Ce qu’elle exclut, c’est la méditation qui suppose que le méditant n’est pas déjà dans sa Demeure.

 

Autonome. Parce que cette méditation est tout à fait ordinaire – séculière, simple, évidente, ordinaire – et parce qu’il n’y a précisément Rien à apprendre, il n’est pas nécessaire d’être guidé par un expert, d’avoir un manuel ou un maître de méditation, de faire un choix angoissant entre leurs différents systèmes souvent contradictoires, d’aller à la recherche de l’Instructeur infaillible – voyant qu’Il se trouve exactement là où vous êtes déjà. Par ailleurs, la compagnie d’amis pratiquant cette méditation est à la fois utile et délicieuse.

 

Contagieuse. Et au début, un ami est pratiquement indispensable. Il est très rare que la vision initiale se produise spontanément : presque tout le monde est initié à cette médiation par quelqu’un qui la pratique déjà, car cette vision est extrêmement contagieuse, elle se transmet directement de personne à personne. Les livres se sont révélés presque – sinon tout à fait – incapables de la transmettre : leur rôle est d’éveiller le désir de découvrir Qui lit le livre, et de confirmer cette découverte une fois qu’elle s’est produite.

 

 

Libératrice. Le principe de cette méditation est le suivant : ne jamais perdre de vue votre Soi, quelles que soient les circonstances, et vos problèmes sont pris en charges – y compris, si étrange que cela paraisse, le problème de votre timidité. Car trouver le Soi c’est perdre le moi. Notre méditation guérit la timidité, non pas en vous permettant de perdre votre moi dans le monde objectif mais en vous permettant de trouver le Soi qui le contient et qui est votre vrai Moi.

 

Paradoxale. Inconséquent et difficile à satisfaire, vous voulez une méditation qui vous détache de toutes les créatures et pourtant vous unisse à elles, qui vous réduise au minimum absolu et pourtant vous exalte au maximum, qui vous rende totalement présent et conscient de vous-même et pourtant totalement absent et oublieux de vous-même, qui vous donne le repos et pourtant inspire l’action, qui soit sans but et pourtant réfléchi, qui ne vous laisse rien à faire parce que vous êtes déjà au but et pourtant tout à faire parce que vous n’êtes encore qu’au commencement. Bref, ce que vous voulez est une méditation qui réconcilie toutes vos contradictions innées. C’est demander un peu trop ! Néanmoins – merveille des merveilles – c’est précisément la méditation que notre hypothèse – « IL est plus près de vous que votre souffle, plus près que vos mains et vos pieds » – nous offre à mettre en pratique chaque jour !

 

Fascinante. Et vous pouvez pratiquer cette méditation sans vous lasser parce qu’elle est si intéressante. Et elle est si intéressante parce que c’est la découverte sans cesse renouvelée de ce qui, somme toute, vous concerne le plus. Si le Sujet que vous êtes n’est pas votre affaire, qu’est-ce qui l’est ? Il ne serait guère surprenant qu’aucun autre sujet de méditation ne réussisse à retenir votre attention. Mais comment ce Centre, ce Cœur de vous-même, toujours le même et pourtant toujours merveilleusement nouveau, pourrait-il vous lasser, vous décevoir ? Comment épuiserez-vous jamais la fascination de son indescriptible, époustouflant mystère ?

 

Bidirectionnelle. Par-dessus tout, cette méditation, semblable à Janus, regarde dans les deux directions. Regardant simultanément vers l’intérieur Celui qui regarde et vers l’extérieur ce qui est vu, elle enregistre et donne un sens à ce qui est vu parce qu’elle ne met Rien entre elle et lui – et donne priorité à ce Rien (ou Absence de Chose). Cherchez la 1re personne et la 3e vous sera donnée par surcroît. Cherchez la 3e, et même cela vous sera enlevé.

Expérience
La Carte

L’exercice de la carte ramène une nouvelle fois notre attention sur le contraste qui existe entre notre apparence et notre réalité.

Découpez un trou de la taille de votre visage dans un bout de carton (d’environ 45x30 cm). Collez un petit miroir dans la partie inférieure droite du carton.

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Regardez dans le miroir et notez que votre visage s’y trouve, là-bas, et non pas ici, au-dessus de vos épaules. Comme dans l’exercice numéro 4, ramenez le miroir vers vous, voyez comme votre apparence change. Bien que votre miroir vous montre ce à quoi vous ressemblez à différentes distances, il ne peut vous dire ce que vous êtes à « distance zéro ».

Observez que votre visage est une chose et est dès lors séparé des autres choses. Il est seulement lui-même et n’a de place que pour lui.

Tournez maintenant votre attention en direction du trou dans la carte. Il n’y a là aucun visage, simplement un espace – vide et clair. Et parce que ce trou est vide, il est également plein – plein de la scène en arrière-plan. N’étant rien, il est inconditionnellement ouvert et accueillant pour tout ce qui se présente en lui.

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Rapprochez le carton vers vous – la taille du trou grandit, il contient une plus grande partie de la pièce.

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En rapprochant le carton encore plus, vous voyez le trou grandir, contenant de plus en plus ce qu’il y a dans la pièce. Ensuite, le carton commence à disparaître.

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Rapprochez le carton au plus près et mettez-le.

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Le carton a disparu. Ce qui reste est un trou sans rebord, rempli par la pièce. Vous voyez ce que vous êtes à zéro distance – espace d’accueil pour le monde. Notre absence de visage accueille et reçoit le monde de manière inconditionnelle.

Évidemment, vous êtes conscient que pour d’autres personnes, vous n’êtes pas espace d’accueil pour le monde. – vous êtes une personne avec un carton autour de votre visage ! Vous avez une double identité : d’un point de vue public, vous êtes dans le monde, de votre point de vue privé, le monde est en vous.

Rélexions

Nous sommes très habiles pour prêter attention aux choses dans le monde, plus particulièrement quand elles se trouvent à notre portée. C’est la zone dans laquelle nous établissons nos contacts sociaux, où nous utilisons nos téléphones, nos claviers et nos couverts, où nous conduisons etc. Nous devons prêter attention à cette distance pour survivre – tout comme aux autres distances, bien sûr. Mais nous ne faisons guère attention à nous-même, à zéro distance. Peut-être pensons-nous qu’il n’y a aucun intérêt pratique ou de survie à regarder ici. Quoi qu’il en soit, nous sommes convaincus de savoir déjà ce que nous sommes au centre ; nous n’avons plus besoin d’y regarder.

Avec cette expérience, nous cherchons à regarder. Nous commençons par observer là où nous avons l’habitude de regarder : à une longueur de bras. Ensuite, nous continuons de regarder en approchant le carton vers nous. Nous n’arrêtons pas de regarder quand le carton est à peine à quelques centimètres, nous disant que nous savons déjà ce que nous allons trouver, ou nous tournant vers quelqu’un d’autre pour lui demander son opinion sur ce que nous sommes en notre centre. Non, nous suivons le carton jusqu’au lieu d’où nous observons et nous regardons nous-même dans cet endroit spécial – un endroit qui n’est comme aucun autre dans le monde. Le carton est le véhicule qui nous transporte de là-bas jusqu’ici, de notre périphérie jusqu’en notre centre, du domaine des apparences jusqu’au domaine de notre Réalité.

 

Dans son livre Le Petit Livre de la Vie et de la Mort, Douglas Harding appelle cette expérience Revêtir l’Immortalité. Une fois de plus, tenez le carton devant vous. Votre visage dans le miroir est mortel, comme l’est le carton et toutes les choses que vous pouvez voir dans le trou. Mais le trou n’est pas une chose mortelle – le trou ne vieillira pas ni ne mourra. Á présent, mettez le carton. Votre visage dans le miroir disparaît en même temps que le carton. En d’autres termes, vous ne mettez pas votre visage mortel, vous mettez votre visage immortel.

Chaque fois que vous regardez ici, vous visitez votre chez-vous (vous y revenez) que vous n’avez jamais vraiment quitté, votre chez-vous éternel, et vous jouissez d’une vue unique à partir de votre demeure éternelle !

 

 

Commentaires sur le cours

C’est un cours merveilleux, merci de l’enseigner. J’ai toujours senti un vide en moi. J’ai essayé de le remplir sans succès. Je comprends maintenant que ce vide n’a pas besoin d’être rempli. C’est là que devrait être ma conscience. Je me sens complet maintenant et non plus un marginal comme je l’ai toujours été. Je suis une partie de l’univers tout autant que l’univers est une partie de moi ! Merci infiniment pour m’avoir aidé à sortir de la boîte dans laquelle j’étais enfermé.

Violet

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Votre exercice pour les yeux m’a véritablement surpris. Comme la plupart des gens j’avais toujours considéré que ma vision résultait de deux yeux plutôt que d’un « œil unique » ou d’une vue « globale ». Intéressant… TRÈS intéressant !

Van

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Merci de m’avoir aidé à voir qu’il n’y a pas d’autres expériences à chercher pour prouver que j’ai atteint l’« illumination ». Votre enseignement aujourd’hui m’a clairement montré que je n’ai pas besoin d’être défini par mes expériences, mais que je suis le contenant de celles-ci. Lorsque je m’identifie avec la source de toutes les expériences, c’est l’illumination.

Kim

Devoirs à faire

Méditez les yeux fermés pendant dix minutes, conscient d’être espace pour tout ce qui vient et s’en va.

Ouvrez vos yeux et méditez pendant encore cinq minutes – conscient d’être capacité sans limite pour la scène, pour les sensations, pour les sons.

Partagez l’exercice de la carte avec un ami.

Continuez à pointer en direction de votre absence de visage de temps à autre, conscient de ce lieu en direction duquel pointe votre doigt.

 
[3] Vivre sans stress, Douglas Harding, Ed. Accarias-Originel.