ACTE IV

Scène : la chambre de l’Électeur.

SCÈNE I

Des papiers à la main, l’Électeur se tient près d’une table éclairée par des candélabres. Natalie entre par la porte du milieu et, à quelque distance, s’agenouille devant lui.

Silence.

NATALIE, à genoux.

Mon noble oncle, Friedrich de Brandebourg !

L’ÉLECTEUR pose ses papiers.

Natalie !

Il veut la relever.

NATALIE

Laisse ! Laisse !

L’ÉLECTEUR

Que veux-tu, ma chérie ?

L’ÉLECTEUR LA RELÈVE.

Ma petite fille ! Quelles paroles viennent de t’échapper ?

— Sais-tu le crime que ton cousin Homburg a commis ?

NATALIE

Ô mon cher oncle !

L’ÉLECTEUR

Eh bien ? N’a-t-il commis aucun crime ?

NATALIE

Oh, cet égarement, si blond aux yeux si bleus,

Qu’avant même qu’il ait balbutié : je t’en supplie !

Le pardon devrait relever de terre :

Tu ne saurais le repousser du pied !

Presse-le sur ton cœur, ne serait-ce que

Pour l’amour de la mère qui l’enfanta,

Et crie : viens, ne pleure pas,

Tu m’es aussi cher qu’elle, ma fidèle amie1 !

N’est-ce pas le zèle d’agir pour la gloire de ton nom

Qui, au moment du combat, l’a entraîné

À franchir les bornes de la loi ?

Et ces bornes franchies, hélas, dans son ardeur juvénile,

N’a-t-il pas, viril, écrasé sous son pied la tête du dragon ?

D’abord le couronner, parce qu’il est vainqueur, puis le décapiter,

Ce n’est pas ce que l’Histoire exige de toi ;

Ce serait là si souverain, mon cher oncle,

Qu’on pourrait presque le qualifier d’inhumain :

Or Dieu n’a rien créé de plus clément que toi.

L’ÉLECTEUR

Ma douce enfant ! Vois-tu, si j’étais un tyran,

Tes paroles, je le sens bien, auraient

Déjà fait fondre mon cœur dans ma poitrine d’airain2.

Mais je te le demande à toi : puis-je

Annuler la sentence que le tribunal a prononcée ? —

Quelle en serait la conséquence ?

NATALIE

Pour qui ? Pour toi ?

L’ÉLECTEUR

Pour moi, non ! — Comment ? Pour moi !

Ne connais-tu, jeune fille, rien de plus élevé que moi ?

Ignores-tu tout de cette chose sacrée

Que dans l’armée on appelle patrie ?

NATALIE

Oh, mon souverain ! De quoi t’inquiètes-tu ? Cette patrie1 !

Elle ne va pas, sous l’impulsion de ta grâce,

S’effondrer d’un seul coup !

Au contraire, ce que toi, formé dans l’armée,

Tu appelles désordre, cette décision d’abolir délibérément,

Dans ce cas précis, la sentence des juges,

M’apparaît comme le plus beau des commandements :

La loi martiale, je le sais, doit régner,

Mais la douceur des sentiments a aussi droit de cité.

La patrie que tu as fondée pour nous, mon oncle vénéré,

Se dresse telle une citadelle :

Elle supportera, n’en doutons pas,

Bien d’autres tempêtes que cette victoire fortuite ;

Elle sera magnifiquement achevée,

Embellie à l’avenir par la main de ta descendance

Qui, lui ajoutant des créneaux, en fera un château féerique,

Elle sera la joie des amis et la terreur des ennemis :

Elle n’a nul besoin du ciment froid et triste

Que constituerait le sang d’un ami, pour survivre

Au splendide et paisible automne de mon oncle.

L’ÉLECTEUR

Ton cousin Homburg pense-t-il de la sorte ?

NATALIE

Mon cousin Homburg ?

NATALIE

Ah ! Il est si jeune !

L’ÉLECTEUR

Eh bien ?

NATALIE

Ah ! Mon cher oncle ! —

Je n’ai que mes larmes pour répondre.

L’ÉLECTEUR , perplexe.

Pourquoi, ma petite fille ? Que s’est-il passé ?

NATALIE , hésitant,

Il ne pense plus qu’à une chose à présent : son salut !

Les canons des fusils épaulés, braqués sur lui,

Sont si effroyables à ses yeux, qu’effaré, pris de vertige,

Tous les désirs, hormis celui de vivre, se sont tus en lui :

Sous les éclairs et le tonnerre, il pourrait

Voir sombrer tout le Brandebourg

Qu’il ne demanderait même pas : que se passe-t-il ?

Ah ! Quel cœur héroïque tu as brisé !

Elle se détourne et pleure.

L’ÉLECTEUR , au comble de l’étonnement.

Non, ma très chère Natalie,

C’est impossible, voyons ! — Il implore sa grâce ?

L’ÉLECTEUR

Non, dis-moi : il implore sa grâce ? — Dieu du ciel,

Que s’est-il passé, ma chère enfant ? Pourquoi pleures-tu ?

Lui as-tu parlé ? Dis-moi tout ! Lui as-tu parlé ?

NATALIE , la tête appuyée contre la poitrine de l’Électeur.

À l’instant même, dans les appartements de ma tante,

Où il est arrivé, vois-tu, en manteau et chapeau,

Furtivement, à la faveur du crépuscule :

Hagard et farouche, honteux, sans aucune dignité,

Spectacle affligeant, pitoyable !

Qu’un homme que l’Histoire célèbre en héros

Pût sombrer en pareille détresse, jamais je ne l’aurais cru.

Regarde-moi, je suis une femme, et je recule d’horreur

À la vue d’un ver qui s’approche de mon talon :

Et pourtant, même sous l’aspect d’un lion horrible,

La mort ne me trouverait pas à ce point broyée,

Désemparée, dépourvue de tout héroïsme !

— Ah ! Qu’est-ce que la grandeur, la gloire des hommes ?

L’ÉLECTEUR , troublé.

Eh bien, par le Dieu du ciel et de la terre,

Courage, mon enfant ; il est libre !

L’ÉLECTEUR

Il est gracié ! —

Je vais sur-le-champ le lui faire savoir.

NATALIE

Oh, mon oncle bien-aimé, est-ce bien vrai ?

L’ÉLECTEUR

Tu m’as bien entendu !

NATALIE

Il serait pardonné ? Il ne va pas mourir ?

NATALIE , à part.

Ah, mon cœur, qu’as-tu à cogner si fort ?

NATALIE

Pardonne-moi !

Il est retourné dans sa prison. —

L’ÉLECTEUR finit d’écrire sa lettre et la cachette.La lettre à la main, il retourne vers la princesse.

Ma petite fille, ma nièce chérie a donc pleuré, vraiment ?

Et moi qui suis le dépositaire de sa joie,

Il a fallu que je trouble le ciel de ses doux yeux !

Il l’entoure de son bras.

Veux-tu lui remettre toi-même la lettre ? —

NATALIE

Comment ? À la prison de la ville ?

L’ÉLECTEUR lui met la lettre dans la main.

Et pourquoi pas ? — Holà, heiduques1 !

Des heiduques arrivent.

Qu’on avance la voiture ! La princesse

Doit se rendre auprès du colonel von Homburg !

Les heiduques ressortent.

Ainsi pourra-t-il aussitôt te remercier pour sa vie.

Il l’embrasse.

Ma chère enfant ! M’en veux-tu encore ?

NATALIE , après un silence.

Ce que ta clémence, ô mon seigneur, a soudain éveillé,

Je ne le sais et ne cherche pas à le savoir.

Mais ce que je sens, vois-tu, au fond de mon cœur,

C’est que tu ne saurais te moquer bassement de moi :

Quel que soit le contenu de cette lettre,

J’ai foi en son salut — et je t’en remercie !

Elle lui baise la main.

L’ÉLECTEUR

Certes, ma petite fille, certes ! Et c’est, j’en suis certain,

Le salut que désire ton cousin Homburg.

Il sort.

Scène : la chambre de la princesse.

SCÈNE II

La princesse Natalie arrive, suivie de deux dames d’honneur et du capitaine de cavalerie, le comte Reuss.

NATALIE, PRÉCIPITAMMENT.

Qu’apportez-vous là, comte ? — De mon régiment ?

Est-ce important ? Cela peut-il attendre demain ?

LE COMTE REUSS lui remet une missive.

Une lettre du colonel Kottwitz, Madame !

LE COMTE REUSS

Une requête,

Franche, comme vous voyez, mais pleine de respect,

À Son Altesse notre maître, rédigée

En faveur du prince von Homburg, notre chef.

NATALIE lit.

« Supplique présentée humblement

Par le régiment, Princesse von Oranien. » —

Silence.

Qui est l’auteur cette requête ?

LE COMTE REUSS

Comme le laisse deviner l’écriture incertaine,

Le colonel Kottwitz en personne. —

D’ailleurs, son illustre nom figure en tête.

NATALIE

Et les trente signatures qui suivent — ?

LE COMTE REUSS

Les noms des officiers, Mademoiselle,

L’un après l’autre, dans l’ordre hiérarchique.

NATALIE

Et c’est à moi, à moi que l’on envoie la requête ?

NATALIE

À vrai dire, je crois savoir que le prince, mon illustre cousin,

Sera gracié par notre souverain selon sa propre décision,

Une telle mesure n’est donc pas nécessaire.

LE COMTE REUSS , réjoui.

Comment ? Vraiment ?

NATALIE

Cependant, je ne me déroberai pas et signerai

Cette feuille qui, utilisée à bon escient, pourrait

Peser dans la décision de notre souverain

Et peut-être même être la bienvenue au moment de trancher —

Ainsi, selon votre vœu, j’y appose

Mon nom en tête des vôtres.

Elle s’apprête à signer.

LE COMTE REUSS

Nous vous en serons vivement reconnaissants, vraiment !

Silence.

LE COMTE REUSS

Non pas, comme vous le craignez peut-être,

Parce que leurs cœurs sont plus tièdes que les nôtres ! —

Malheureusement pour la supplique, il se trouve

Que Kottwitz est cantonné à Arnstein,

Loin des autres régiments, qui eux

Ont leur campement ici, près de la ville.

Pour une question de facilité et de sécurité,

Cette lettre ne peut efficacement toucher tout le monde.

NATALIE

Pourtant, la lettre ainsi manque de poids, me semble-t-il. Non ? —

Êtes-vous certain, comte, que si vous vous rendiez sur place

Et parliez à ces messieurs dont les noms sont ici réunis,

Eux aussi se joindraient à cette requête ?

LE COMTE REUSS

Ici, dans cette ville, Mademoiselle ? — Tous sans exception !

Les soldats de la cavalerie, tous autant qu’ils sont,

Engageraient leur nom ; par Dieu, je crois bien

Que dans toute l’armée de Prusse

On pourrait ouvrir avec succès une souscription !

LE COMTE REUSS

Pardonnez-moi ! — Le colonel s’y est refusé !

— Il souhaite, a-t-il dit, ne rien faire

Que l’on pût baptiser d’un méchant nom.

LE COMTE REUSS

Par le ciel, Mademoiselle, quelle excellente initiative.

Il ne pouvait rien arriver de plus favorable pour notre lettre !

NATALIE , tout en écrivant.

Tâchez d’en tirer le meilleur parti possible, monsieur le comte.

Elle lui remet la lettre.

LE HEIDUQUE ARRIVE.

La voiture, Mademoiselle, sur l’ordre de Son Altesse,

Est attelée dans la cour et vous attend !

NATALIE

Faites-la avancer ! Je descends tout de suite.

Un silence durant lequel elle s’avance vers la table, pensive, et enfile ses gants.

Voulez-vous m’accompagner, monsieur le comte,

Chez le prince von Homburg avec qui j’ai à parler ?

Il y a une place pour vous dans ma voiture.

LE COMTE REUSS

Quel honneur, Mademoiselle, en vérité — !

Il lui offre son bras.

NATALIE , aux dames d’honneur.

Suivez-moi, mes amies ! — Peut-être prendrai-je là-bas,

Sans délai, une décision au sujet de la lettre.

Tous sortent.

Scène : la prison du prince.

SCÈNE III

Le prince von Homburg suspend son chapeau au mur et s’installe négligemment sur un coussin posé par terre.

LE PRINCE VON HOMBURG

Le derviche appelle la vie un voyage,

Voyage fort bref, assurément ! De deux empans

Au-dessus de la terre à deux empans au-dessous.

J’ai, quant à moi, l’intention de m’installer à mi-chemin !

Qui porte encore sa tête sur ses épaules aujourd’hui

Peut dès le lendemain la retrouver ballottant sur son corps

Et le surlendemain gisant à côté de ses pieds.

Certes, un soleil, dit-on, brille aussi là-bas,

Et sur des champs plus colorés encore qu’ici :

Je veux bien le croire ; dommage seulement que l’œil

Appelé à contempler une telle merveille pourrisse.

SCÈNE IV

La princesse Natalie arrive, conduite par le capitaine de cavalerie, le comte Reuss. Des dames d’honneur suivent. Ils sont précédés par un courrier portant un flambeau. — Le prince von Homburg.

LE PRINCE VON HOMBURG se lève.

Natalie !

LE COURRIER

La voici en personne !

NATALIE , s’inclinant en direction du comte.

Laissez-nous seuls un instant !

Le comte Reuss et le courrier se retirent.

LE PRINCE VON HOMBURG

Ma très chère demoiselle !

NATALIE

Mon cher et bon cousin !

LE PRINCE VON HOMBURG l’entraîne vers le devant de la scène.

Eh bien, dites-moi, qu’apportez-vous ? Parlez ? Qu’en est-il de moi ?

NATALIE

Bien, tout va bien. Comme je vous l’avais dit tantôt,

Vous êtes gracié, libre ; voici une lettre

Écrite de sa main qui le confirme.

LE PRINCE VON HOMBURG

Ce n’est pas possible ! Non ! C’est un rêve !

NATALIE , avec une expression de joie soudaine.

Eh bien, c’est écrit là ! Deux mots seulement — !

Oh, mon cher et tendre ami !

Elle lui presse la main.

LE PRINCE VON HOMBURG

Ma chère demoiselle !

NATALIE

Oh, quel jour heureux s’est levé pour moi !

Voici, prenez, voici ma plume ; prenez-la et écrivez !

LE PRINCE VON HOMBURG

Et là, la signature ?

LE PRINCE VON HOMBURG

Il dit, si j’estimais que — ?

NATALIE L’INTERROMPT.

Bien sûr ! Vite ! Asseyez-vous ! Je vais vous dicter.

Elle lui avance une chaise.

LE PRINCE VON HOMBURG

— Je veux relire la lettre.

NATALIE lui arrache la lettre des mains.

À quoi bon ? — N’avez-vous pas déjà vu dans la cathédrale

La tombe, gueule grande ouverte, qui vous attend ? —

Le temps presse. Asseyez-vous et écrivez !

LE PRINCE VON HOMBURG , souriant.

À vous entendre, vraiment, j’ai l’impression

Qu’elle va m’assaillir, telle une panthère.

Il s’assied et prend une plume.

NATALIE se détourne et pleure.

Écrivez si vous ne voulez pas me fâcher !

Le prince sonne pour appeler un serviteur ; celui-ci entre.

LE PRINCE VON HOMBURG , déchirant la lettre qu’il vient de commencer et la jetant sous la table.

Préambule stupide.

Il prend une autre feuille.

NATALIE ramasse la lettre.

Comment ? Que disiez vous ? —

Mon Dieu, mais c’est bien ; c’est excellent !

LE PRINCE VON HOMBURG , marmonnant dans sa barbe.

Pouah ! — C’est la version d’un gredin, non celle d’un prince. —

Il me faut trouver une autre tournure.

Silence. — Il veut prendre la lettre de l’Électeur que la princesse tient à la main.

Que dit-il en fait dans la lettre ?

NATALIE , lui refusant la lettre.

Rien, rien du tout !

LE PRINCE VON HOMBURG

Donnez !

NATALIE

Mais vous l’avez lue !

NATALIE , à part.

Oh, Dieu du monde ! C’en est fait de lui !

LE PRINCE VON HOMBURG , consterné.

Tiens donc ! Très étrange, vraiment !

— Sans doute n’as-tu pas lu ce passage ?

NATALIE

Non ! — Lequel ?

LE PRINCE VON HOMBURG

C’est à moi qu’il demande de trancher !

NATALIE

Eh bien oui !

LE PRINCE VON HOMBURG

Vraiment très bien, en effet, très digne !

Très comme il faut qu’un cœur magnanime s’exprime !

LE PRINCE VON HOMBURG repose la lettre.

Non, ma chère !

Je vais réfléchir à la chose jusqu’à demain.

NATALIE

Je ne te comprends pas ! D’où vient ce revirement ? —

Pourquoi ? Pour quelle raison ?

LE PRINCE VON HOMBURG se lève brusquement de sa chaise.

Je t’en prie, ne me pose pas de questions !

Tu n’as pas bien pesé le contenu de cette lettre !

Qu’il ait été injuste envers moi, ce qu’il me demande,

Je ne puis lui écrire ; si tu me forces

À lui répondre dans l’état d’esprit où je suis,

J’écris : Par Dieu, tu me fais justice.

Il se rassied à la table, les bras croisés, et considère la lettre.

NATALIE , pâle.

Es-tu fou ! Qu’est-ce que tu viens de dire là ?

Elle se penche sur lui avec émotion.

LE PRINCE VON HOMBURG lui presse la main.

Attends un instant ! Il me semble —

Il réfléchit.

NATALIE

Que dis-tu ?

LE PRINCE VON HOMBURG

Je crois savoir ce qu’il me faut écrire.

NATALIE , douloureusement.

Homburg !

LE PRINCE VON HOMBURG prend la plume.

Je t’écoute ! Qu’y a-t-il ?

NATALIE

Mon tendre ami !

Je salue l’émotion qui s’est emparée de ton cœur.

Mais je te jure une chose : le régiment

Qui demain, d’une salve de mousquetons,

Te rendra un dernier hommage, uni,

Devant la tombe où tu seras enseveli,

À d’ores et déjà été désigné.

Si tu ne peux, noble comme tu l’es, t’opposer

Au verdict, demander que la sentence soit levée

Et faire ce qu’il demande dans cette lettre :

Alors, je puis te l’assurer, il saura se montrer

Sublime, à la hauteur de l’occasion, et fera

Demain, plein de compassion, exécuter la sentence.

LE PRINCE VON HOMBURG , écrivant.

Qu’importe !

NATALIE

Qu’importe ?

LE PRINCE VON HOMBURG

Qu’il agisse comme il en a le droit,

Il m’appartient, à moi, d’agir comme je dois !

LE PRINCE VON HOMBURG termine sa lettre.

« Homburg, fait à Fehrbellin, le douze — »

Voilà, j’ai fini. — Franz !

Il met la lettre sous pli et la cachette.

NATALIE

Ô Dieu du ciel !

LE PRINCE VON HOMBURG se lève.

Porte cette lettre au château, à mon souverain !

Le serviteur se retire.

Face à un homme qui se montre si digne,

Je ne veux pas être d’une bassesse insigne.

Je suis coupable d’une faute grave,

Je le reconnais, assurément ; s’il ne peut

Me pardonner qu’au prix d’un démêlé,

Je préfère ne rien savoir de sa grâce.

LE COMTE REUSS

Oui !

NATALIE

Allez porter votre lettre

Au colonel von Kottwitz, à Arnstein !

Que le régiment se mette en marche, son chef l’ordonne ;

Je l’attends ici même avant minuit !

Tous sortent.