Alors, maman, qu’est-ce que tu fais de beau en ce moment ? Oh, tu sais, répond Maggie. C’est les fleurs. Le projet de haie qui a avorté. Un truc qui n’allait pas avec les cisailles. Les cisailles, répète-t-elle en faisant la grimace. Tu vois ce que je veux dire, oui, le taille-haie. Et je n’ai pas eu le courage de le dire à papa. Tu le connais, il aurait joué les professeurs. De quelle façon on répare, comment s’appellent les petites pièces, et moi ça m’est égal. Mais je ne pouvais décemment pas l’emmener le faire réparer ailleurs. Cela aurait été considéré comme de la haute trahison. Alors j’ai laissé courir. Ça m’arrangeait même d’avoir une bonne excuse pour ne pas tailler. Après tout, cela n’a aucune importance, quel est le problème si la haie pousse ? J’espérais que ton père dise quelque chose et j’en aurais profité pour lui poser la question. Quel est le problème, en fait ? Mais apparemment il n’y a aucun problème. Je crois même qu’il ne s’en est pas aperçu. J’ai donc taillé la haie pour rien pendant toutes ces années. En tout cas, je ne l’ai fait ni pour moi ni pour la haie. Au fait, j’ai aussi parcouru le livre que tu m’as passé. Freud. C’est un peu gonflé. Tu sais à quoi j’ai pensé ? Puisque Freud était si génial, je me suis dit que moi aussi j’aurais pu le devenir, si seulement j’en avais eu le temps.