À la maison, la tête lui tourne à cause du mouvement et du champagne. Elle ne peut s’en empêcher, elle le répète à Kurt contre la promesse qu’il ne laissera jamais Sofie deviner qu’elle le lui a dit. Il faut simplement à Kurt le temps de se ressaisir un peu. D’abord, à propos de la complicité entre mère et fille qui ne fait jamais de lui pour Sofie le premier à qui s’adresser. Ensuite, parce qu’elle se tourne encore plus à présent vers une communauté féminine reposant sur la confiance et le secret. Soudain son visage change. Un sourire qui en quelque sorte expose au grand jour tout ce qui sans cela était fermé et figé à sa place habituelle. Oh, putain, Maggie ! Notre fille connaît son premier amour.

 

Maggie observe l’homme avec lequel elle a passé sa vie : ses mains pendent, agitées, le long de son corps, comme des oiseaux qu’on aurait capturés puis fixés près de sa taille avachie. Elle verse une bière dans deux verres, propose qu’ils s’assoient un moment dehors sur le banc.