Le destin des êtres humains n’est fait que de moments de bonheur, qui ne durent pas éternellement.
Le bonheur est fragile, volatil : on ne l’éprouve qu’à certains moments de sa vie. Aussi, si nous baignons perpétuellement dans le bonheur, il perd toute sa valeur et devient impossible à percevoir.
Après la pluie, le soleil nous semble un miracle de la création. De la même façon, la joie, après des instants de tristesse, nous paraît plus forte. Ces deux émotions sont complémentaires et nécessaires l’une à l’autre car nous ne pourrions pas plus supporter une éternité de mélancolie que de bonheur.
C’est un des facteurs de stress de la société moderne de croire que nous devons être heureux continuellement et n’importe où. Le déni de la tristesse est à l’origine de la consommation croissante d’antidépresseurs, de thérapies et d’autres dépenses inutiles, comme si ne pas arborer un sourire permanent constituait une honte en soi.
Contre cette perspective erronée et puérile, Nietzsche nous rappelle que le bonheur se manifeste par intermittence et que prétendre le rendre éternel, c’est tuer ces moments où il surgit et nous aide à avancer sur le long et tortueux chemin de l’existence.