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Personne n’est si fou qu’il ne puisse trouver un autre fou qui le comprenne.

Il semblerait que c’est quelque chose au-delà du hasard qui nous permet de trouver chaussure à notre pied. Dans un article consacré à la synchronicité – la théorie des liens de causalité développée par Jung – Ernesto Sabato était cité pour expliquer que les coïncidences doivent plus aux affinités qu’à une obscure logique du hasard. Imaginons deux amis, disait-il, qui ont été très proches et qui, maintenant, vivent dans des pays différents. Aussi improbable que cela puisse paraître, ils auront une grande chance de se croiser n’importe où dans le monde.

La raison en est simple : s’ils partagent les mêmes goûts, voire les mêmes habitudes, il n’est pas impossible qu’ils choisissent de se rendre dans la même ville – Tokyo, par exemple – pendant une même période. Une fois sur place puisqu’ils partagent un même univers de mythes et de références, ils se dirigeront nécessairement vers les mêmes endroits aux mêmes heures.

Alors qu’ils ne se sont pas vus depuis des années, ils se croisent soudain dans une librairie pour étrangers de Ginza. Et tous deux de s’exclamer : « Quelle chance ! » alors qu’en fait, il n’en aurait pas pu être autrement.

En revanche, ajoute Sabato, deux personnes qui n’ont rien en commun peuvent vivre côte à côte, et ne jamais se croiser, même dans leur rue.