NOTICE

Le manuscrit d'Un cœur sous une soutane appartenait à Georges Izambard qui l'aurait reçu, en 1870, des mains de Rimbaud. Verlaine en connaissait l'existence, puisqu'il le mentionne dans une lettre à l'éditeur Léon Vanier, mais il ne l'a jamais cité dans ses textes consacrés à Rimbaud. Quand Paterne Berrichon fit paraître sa vie de Rimbaud aux éditions du Mercure de France, Henri Saffrey lui adressa (le 28 mai 1912) une lettre lui signalant qu'il avait « un récit assez long (25 pages) intitulé Un cœur sous une soutane (prose) ». Berrichon prit copie du texte, mais ne le publia pas. Ce n'est qu'en juin 1924 que la revue surréaliste Littérature (nouvelle série) en présenta dans sa treizième livraison un important fragment. La même année, le texte intégral, préfacé par Louis Aragon et André Breton, paraissait aux éditions Ronald Davis.

Un cœur sous une soutane est inspiré par une réalité : depuis 1868, en effet, le collège de Charleville était fréquenté par les jeunes gens du séminaire proche. On avait inauguré un régime de cours mixtes donnés par des professeurs de l'un et l'autre établissement. Rimbaud voyait d'un mauvais œil cène promiscuité. Il s'était donc empressé de faire la charge d'un de ces condisciples imposés, tout en se souvenant – comme le montre une lecture attentive du texte – du Jocelyn de Lamartine, journal d'un prêtre racontant un amour de jeunesse.

Passé dans la collection Jean Hugues, le manuscrit, qui contient 12 feuillets (23 pages écrites recto-verso), a été mis en vente le 20 mars 1998 à l'hôtel Drouot (succession Jean Hugues, Arthur Rimbaud – Paul Verlaine). Steve Murphy en a donné une édition critique dans la « Bibliothèque sauvage » (Musée-bibliothèque Arthur Rimbaud, Charleville-Mézières, 1991).