NOTICE
Le nouvel ensemble de poèmes que nous présentons aurait souhaité respecter un ordre chronologique. Mais si plusieurs textes de Rimbaud sont datés, si d'autres suggèrent par certaines expressions des repères temporels, il reste que de tels éléments ne donnent que des informations sujettes à caution, Rimbaud, par exemple, portant au bas de ses poèmes la date à laquelle il en faisait la copie et non pas celle où il les composait.
Le regroupement que nous proposons s'organise du moins autour de quatre lettres dont la date n'est pas contestable : celles que Rimbaud adressa, le 13 mai 1871, à Georges Izambard, le 15 mai à Paul Demeny, le 10 juin à ce même Demeny, enfin le 15 août à Théodore de Banville. Elles contiennent des poèmes notoires que, contrairement à l'habitude de la plupart des éditeurs, nous n'avons pas voulu dissocier de leur contexte épistolaire. Autour de ces pôles chronologiques fiables (de mai à août 1871), nous avons rassemblé plusieurs poèmes dont la date demeure discutée. En amont, donc avant mai 1871, « Les Corbeaux », « Les Assis », « Les Douaniers ». En aval (autour et au-delà d'août 1871), « Les Premières Communions », « Le Bateau ivre », « Les Chercheuses de poux », « Tête de faune », « Oraison du soir », « Voyelles »►. Enfin, dans une partie médiane, des textes d'inspiration insurrectionnelle, plus ou moins contemporains de la Commune de Paris, comme « Paris se repeuple► » ou « Les mains de Jeanne-Marie ». Tous ces textes présentent de nettes caractéristiques qui les apparentent et prouvent que leur auteur était entré dans une nouvelle phase de sa création – ce que confirme la recommandation qu'il adressera à Demeny le 10 juin 1871 de brûler le « Cahier de Douai » (ou « Recueil Demeny »), considéré désormais comme une œuvre dépassée.
Début septembre 1871, Rimbaud écrivant à Verlaine enverra à celui-ci, recopiés par E. Delahaye, « Les Effarés », « Accroupissements », « Les Douaniers », « Le Cœur volé », « Les Assis », puis, dans un second courrier, « Mes Petites amoureuses », « Les Premières Communions », « Paris se repeuple »►.
Par la suite, Verlaine constituera un recueil manuscrit des textes de Rimbaud. Ce cahier► de douze feuillets paginés, auquel manquent plusieurs pages, comprend : « Les Assis », « L'Homme juste », « Tête de faune », « Le Cœur volé », « Les mains de Jeanne-Marie », « Les Effarés », « Voyelles », « L'étoile a pleuré rose au cœur de tes oreilles », « Les Douaniers », « Oraison du soir », « Les Sœurs de charité », « Les Premières Communions ». Un tel ensemble, qui se trouve depuis 1985 au département des Manuscrits de la Bibliothèque nationale, ne reflète évidemment pas une évolution chronologique, puisqu'il présente, par exemple, « Les mains de Jeanne-Marie », poème communard, avant « Les Effarés », qui date du début de 1870.