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Mon médecin m’a parlé de diabète gestationnel. De quoi s’agit-il ?

Vers le cinquième mois de grossesse, l’insuline (l’hormone qui retire le sucre du sang) est moins efficace et votre glycémie (taux de sucre dans le sang) peut être élevée après les repas. Le plus souvent, cela dure jusqu’à la fin de la grossesse et rentre dans l’ordre après la naissance du bébé.

Depuis 2010, des recommandations consensuelles pour le diagnostic de diabète gestationnel existent en France. Dès le début de votre grossesse, votre médecin vous prescrit un contrôle de glycémie à jeun, qui doit être inférieure à 0,92 g/l. Dans le cas contraire, il conclut que vous aviez un diabète avant le début de votre grossesse et met en place les mesures thérapeutiques nécessaires. Ensuite, si vous présentez un facteur de risque de déclencher un diabète gestationnel – un IMC > 25 avant votre grossesse, des antécédents familiaux de diabète, vous avez plus de 35 ans, le poids de naissance élevé d’un précédent enfant –, il demande de faire, entre la 24e et la 28e semaine d’aménorrhée, un test d’hyperglycémie provoqué par voie orale (HGPO).

Comment se passe ce test ?

Vous vous rendez à jeun au laboratoire d’analyse médicale. Il vous est fait une première prise de sang. Vous buvez une solution sucrée (très sucrée) apportant 75 g de glucose. Vous attendez 1 heure au laboratoire et on vous fait une nouvelle prise de sang. Vous attendez encore 1 heure avant une dernière prise de sang.

Pour les résultats, votre prise de sang à jeun doit donner un résultat inférieur à 0,92 g/l, 1 heure après il doit être inférieur à 1,80 g/l, et 2 heures après il faut un taux inférieur à 1,53 g/l. Si une seule de ces valeurs est un peu haute, le diagnostic de diabète gestationnel est posé.

Je peux faire quelque chose pour l’éviter ?

Oui, et ce, avant la conception. En effet une étude américaine conclut que consommer des aliments frits 1 à 3 fois par semaine augmente le risque de diabète gestationnel de 13 % par rapport aux femmes qui en consomment 1 fois par semaine. Le risque est augmenté de 31 % pour celles qui consomment des aliments frits 4 à 6 fois par semaine. Et le risque est plus que doublé lorsque la consommation passe à plus de 7 fois par semaine. Notez qu’il s’agit surtout des aliments frits consommés à l’extérieur de la maison car les huiles de friture sont utilisées plusieurs fois, ce qui les détériore davantage et les rend toxiques.

Il est diagnostiqué, je dois changer quoi ?

Vous savez maintenant que votre insuline ne sait pas retirer comme il faut le sucre en excès dans votre sang. Il faut donc faire en sorte de limiter les augmentations de glycémie (la quantité de sucre dans votre sang). Pour cela, voici quelques mesures diététiques à mettre en place.

Ne mangez jamais en dehors des repas. En effet, physiologiquement, votre corps fabrique de l’insuline matin, midi et soir. Si vous mangez en dehors des repas vous allez lui demander d’en fabriquer à un moment où il n’y est pas préparé. Cela perturbe son efficacité ; de plus cette insuline est produite en quantité inadaptée.

Privilégiez les glucides à index glycémique bas, c’est-à-dire les sucres qui vont, pendant la digestion, très peu faire monter la glycémie. Il s’agit des légumes, des légumes secs, des fruits oléagineux (noix, noisettes, amandes, etc.), des fruits.

En revanche, on parle de glucides à index glycémique élevé pour les sucreries, les pâtisseries, les confitures, les sodas, les jus de fruits, les féculents (surtout s’ils sont raffinés ; vous pouvez cependant consommer en quantité raisonnable des féculents complets) et les pommes de terre. Vous ne devez donc jamais manger ces aliments seuls mais, au contraire, essayer de les limiter.

Mettez des fibres dans vos repas, surtout si vous mangez des aliments à index glycémique élevé. En effet, les fibres limitent l’augmentation de la glycémie et aident votre transit qui peut être ralenti pendant votre grossesse. Vous trouvez des fibres dans les légumes secs (lentilles, pois chiches, etc.), les graines oléagineuses (noix, noisettes, noix du Brésil, amande, etc.), les fruits et légumes ainsi que dans les féculents complets. Attention, pour être efficaces les fibres ne doivent pas être passées au mixer ! Préférez donc les fruits et légumes entiers aux compotes ou jus.

Augmentez vos apports en acides gras oméga-3

Les matières grasses sont différenciées par leur composition en acides gras. Certains sont fort utiles et, en général, peu présents dans notre alimentation : c’est le cas des acides gras oméga-3. Ils sont très bénéfiques pour notre santé, incontournables pour le développement du fœtus, et intéressants dans la prise en charge du diabète gestationnel.

Notre corps ne sait pas les fabriquer, il va donc falloir les apporter par notre alimentation. Vous allez les trouver dans les huiles de lin, de colza, de cameline. Il existe en magasins bio des mélanges d’huiles spécialement adaptés aux femmes enceintes. Vous les trouvez aussi dans les poissons dits « gras » (sardine, maquereau, hareng, thon), dans les graines oléagineuses et dans les œufs de la filière Bleu-blanc-cœur. Consommez-en tous les jours, même à tous les repas ; ces graisses ne font pas grossir, bien au contraire : elles préviennent l’obésité.

Limitez les graisses saturées. On les trouve surtout dans la viande grasse, les produits laitiers, la charcuterie et de nombreux plats industriels.

Pensez à vérifier, par une prise de sang, d’éventuelles carences en certains micronutriments essentiels pendant la grossesse.

La vitamine D est une vitamine essentielle à apporter lors de la grossesse. Elle intervient dans le développement osseux du bébé mais est aussi intéressante dans le cadre du diabète gestationnel : elle influence la tolérance au glucose (elle permet un meilleur fonctionnement des récepteurs à l’insuline). Demandez à votre médecin d’inclure la mesure de la vitamine D lors de vos bilans sanguins : l’objectif est d’avoir un taux supérieur à 75 nmol/l et, idéalement, entre 100 et 110 nmol/l. Si vous devez prendre un complément alimentaire, évitez les ampoules trop fortement dosées et préférez une supplémentation quotidienne de 1 000 à 2 000 UI/jour de vitamine D3.

Le magnésium est un minéral capital pour notre métabolisme énergétique et il permet la connexion de l’insuline avec ses récepteurs. Un manque de magnésium entraîne donc une accumulation de sucre dans le sang. Un apport supplémentaire en magnésium chez des femmes enceintes déficitaires montre des effets bénéfiques sur la glycémie, la sensibilité à l’insuline et le taux de triglycérides. Cela agit aussi sur le bébé : il y a moins de cas de jaunisse à la naissance avec cet apport. Le magnésium est présent dans les céréales complètes, les légumes secs, les fruits oléagineux, les fruits de mer (attention à leur fraîcheur !) et le chocolat. Néanmoins, si vous devez prendre une supplémentation en magnésium (300 à 500 mg par jour), choisissez du citrate de magnésium (demandez à votre pharmacien) qui est bien assimilé et évite les désagréments intestinaux.

Le zinc intervient lui aussi au niveau des récepteurs de l’insuline en augmentant le transport de glucose dans les cellules. Un apport supplémentaire en zinc chez des femmes déficientes induit une réduction de la glycémie à jeun, une amélioration de la sensibilité à l’insuline et une amélioration des taux de triglycérides. Vous trouvez du zinc dans les fruits de mer (attention à leur fraîcheur !), la viande, le poisson et les légumineuses. Après un dosage sanguin, vous pouvez prendre un complément alimentaire apportant 10 à 25 mg de zinc par jour.

Le chrome permet d’augmenter l’efficacité de l’insuline ce qui entraîne une meilleure régulation de la glycémie. Les aliments riches en chrome sont la levure de bière, les brocolis, les haricots verts, les pommes de terre et les céréales complètes.

Le gluten est une protéine végétale présente dans le seigle, l’avoine, le blé et l’orge, mais qui est aussi ajoutée dans de nombreux plats préparés industriels.

S’il est vrai que votre bébé présente un risque de développer un diabète de type 1 parce que ses frères et sœurs, votre conjoint ou vous-même en avez, il a été prouvé en laboratoire, sur des souris (les chercheurs n’osant pas faire cette expérience sur des humains), que supprimer le gluten et les produits laitiers pendant la grossesse et l’allaitement protège votre bébé.