Virginie (42 ans)

Comment s’est passée ta rencontre avec ce pénis de grande taille ?

(Rires.) La panique quand j’ai vu son engin ! J’ai fait : « Ah mon Dieu, non mais on s’assoit, va falloir qu’on parle, là, mon gars. T’es dingue, tu peux pas rentrer (rires), c’est comme essayer de faire rentrer, je ne sais pas, moi, un triangle dans un rond, c’est pas possible. » Non, une catastrophe. Et le mec, je crois qu’il était un peu surpris parce que… J’ai beaucoup de mal à croire que toutes les gonzesses, si le mec a une énorme queue comme ça, elles font : « Ah super ! » Toujours est-il que, apparemment, c’est ce qu’il lui était toujours arrivé. Alors moi, quand j’ai flippé, il a fait : « Ah. » Et puis on a essayé, ça a été très désagréable pour moi, j’ai saigné. J’ai fait : « Mais plus jamais, quoi. Ne parlons même pas de sodomie, c’est totalement inenvisageable. » Il m’a dit : « Non mais ça, j’ai renoncé, hein. » J’ai dit : « Mais sur toute la population féminine j’espère que tu as renoncé, tu fais une croix direct, tu oublies, mon grand. Je sais pas ou tu travailles dans l’industrie pornographique, tu fais quelque chose. » Non, c’est très anxiogène les grosses bites, hein, quand même.

Une fille m’avait parlé de l’orgasme du fond du vagin. J’ai jamais très bien compris où elle voulait en venir. (Rires.) Mais ça avait l’air vachement bien, et ça supposait que le garçon soit équipé d’une très, très grosse quéquette. Allô les enfants ? (Rires.) Je sais pas, il va taper vraiment au fond quoi.

As-tu été témoin de troubles de l’éjaculation ?

On était trois copines à s’être tapé ce mec, tu vois : une bande de potes, tout le monde baise avec tout le monde, bref. Et moi, j’étais la dernière en date. Donc le mec, j’ai une aventure avec lui blablabla, et puis je me mets à le sucer. Et au bout d’un moment, il fait : « Mais de toute manière t’arriveras pas à me faire jouir. » Je me lève : « Pardon ? » (Rires.) Il me dit : « Non, je suis complètement flippé, j’arrive pas à me laisser aller dans la bouche d’une femme… » Mais attends, mon coco, moi je vais m’y mettre et je vais y arriver ! Évidemment, j’y suis arrivée. Quelque temps plus tard, peut-être un an après, je ne suis plus avec le mec, on se retrouve à déjeuner avec ces deux copines. Et puis on commence à parler du mec, et une de mes copines (rires) me regarde et me dit : « En fait, c’était dingue, hein, il n’avait jamais éjaculé dans la bouche d’une fille avant moi ! » Et là, on se retourne toutes les deux, on fait : « Pardon ? » Et on réalise que le mec, pour motiver ses troupes, disait ça à toutes les gonzesses qui, évidemment, s’empressaient de se dévouer à la cause ! On n’a même pas été fâchées (rires), parce qu’on s’est dit : « Putain, c’était magnifique ! » (Rires.) Toutes les gonzesses devaient tellement tomber dans le panneau qu’elles devaient se donner corps et âme à l’éjaculation du mec et qu’il devait connaître des trucs de taré, quoi ! Je ne sais plus quand, sur Twitter, j’ai revu passer ce truc. Pareil. Et c’est là que j’ai compris qu’en fait, si ça se trouve, il y avait plein de mecs qui faisaient ça, quoi. Et qu’on se faisait entuber, mais complet. Donc je propose une revanche (rires), à savoir, dire : « Non, mais j’ai jamais joui avec un mec qui me lèche. Jamais. » Pour motiver les troupes.

À quel moment es-tu parvenue à communiquer ce qu’il te fallait sexuellement ?

Oh mon Dieu, ça a pris un temps monstrueux ! J’ai commencé à savoir ce que je voulais et à pouvoir l’indiquer éventuellement, j’avais largement passé trente ans. Je dirais trente-deux, trente-trois ans. En tout cas, après mon mariage, ça c’est sûr. Avant ça, une espèce de sexualité très joyeuse, clairement, et en même temps qui n’était pas forcément tournée vers mon plaisir à moi, plutôt sur celui des mecs. Et une sexualité plutôt très libérée, je me rappelle très bien, j’avais une copine qui était scandalisée qu’on avale après une fellation. Pour elle, c’était un truc de salope. Et donc moi, pendant des années, j’ai pratiqué des fellations en avalant dans la joie et la bonne humeur sans me douter un quart de seconde que, apparemment, pour la plupart des gonzesses, c’était un truc de salope, quoi. Et cette copine a dû dire ça, j’avais vingt ans bien tassés, hein. J’étais estomaquée qu’on puisse penser comme ça, mais estomaquée ! Et pareil avec la levrette : fallait pas faire la levrette, parce que c’est un truc humiliant pour les femmes – et je ne comprenais pas ! Parce qu’alors, moi, dès le départ et super jeune, ça a surtout été un moyen de ne pas voir la tête du mec, ce qui est précisément le contraire. Et ça me fait beaucoup rire, cette espèce de malentendu sur la levrette. En plus, je ne crois pas être la seule à adorer la levrette. D’abord, c’est une position qui procure effectivement beaucoup de plaisir, mais aussi elle t’empêche de voir la tête du mec qui est derrière toi et que tu n’as pas forcément envie de croiser. Et puis, je sais pas, tu peux fantasmer, tu peux te raconter les histoires que tu veux. Quand tu as un mec qui est à cinq centimètres de toi, c’est compliqué de s’échapper si en fait ce mec, bon, tu sais même plus pourquoi tu l’as ramené, quoi. Il y a des moments où tu peux baiser sans que l’autre soit important. C’est un peu de l’instrumentalisation, c’est moche, mais il y a des moments où tu peux baiser sans avoir besoin d’être avec l’autre. Il y a la baise communion, et puis il y a la baise tout court.