Évidemment ! (Rires.) J’avais complètement sous-estimé l’histoire. Heureux les innocents ! Si vous voulez avoir des gosses, plantez-vous devant un collège. Parce que c’est ça qui vous attend, en fait. C’est pas le bébé tout mignon – ça, ça ne dure que l’espace d’un instant. Non, c’est de la folie furieuse de faire un enfant quand on y pense vraiment. C’est complètement irresponsable. Il faut pas réfléchir pour faire un enfant. Et c’est démentiel ! Enfin, pour prendre la décision de mettre un être humain au monde, faut être sacrément présomptueux. Mais en même temps, je pense que, à l’âge que j’avais… J’exagère peut-être, mais c’était, ou faire un enfant, ou ça allait mal finir. C’est-à-dire que j’allais pas tenir. Je suis quelqu’un qui a beaucoup pratiqué la branlette intellectuelle autour du suicide. Ouais, il fallait que je trouve un moyen de me raccrocher au monde d’une manière ou d’une autre. Alors c’est pas très sain, hein. D’où psychiatre, et les enfants ont fréquenté des pédopsys évidemment. (Rires.) Mais c’est pas du tout généreux de ma part. Moi, j’ai fait des enfants pour me soigner. Et je pense que si les gens sont honnêtes, on est un peu tous dans ce truc-là. C’est jamais hyper clair. Je pense que mon fils m’a donné l’impulsion pour partir et quitter son père.
Pour moi, mon ex-mari est un pervers narcissique. J’ai bien dit pour moi, ça n’engage que moi. Alors je pense que pour lui, c’est une manière d’attacher la personne. Maintenant, ça veut pas dire qu’il n’aime pas ses enfants, entendons-nous bien. Et je pense que c’est une manière de verrouiller le truc. Cela étant, on s’est rencontrés le 5 mars dans la rue, le 6 avril il me demande en mariage, le 2 août j’étais enceinte, le 9 septembre j’étais mariée. Quand on fait une connerie, faut la faire bien et jusqu’au bout ! (Rires.)
* * *
(Rires.) La panique quand j’ai vu son engin ! J’ai fait : « Ah mon Dieu, non mais on s’assoit, va falloir qu’on parle, là, mon gars. T’es dingue, tu peux pas rentrer (rires), c’est comme essayer de faire rentrer, je ne sais pas, moi, un triangle dans un rond, c’est pas possible. » Non, une catastrophe. Et le mec, je crois qu’il était un peu surpris parce que… J’ai beaucoup de mal à croire que toutes les gonzesses, si le mec a une énorme queue comme ça, elles font : « Ah super ! » Toujours est-il que, apparemment, c’est ce qu’il lui était toujours arrivé. Alors moi, quand j’ai flippé, il a fait : « Ah. » Et puis on a essayé, ça a été très désagréable pour moi, j’ai saigné. J’ai fait : « Mais plus jamais, quoi. Ne parlons même pas de sodomie, c’est totalement inenvisageable. » Il m’a dit : « Non mais ça, j’ai renoncé, hein. » J’ai dit : « Mais sur toute la population féminine j’espère que tu as renoncé, tu fais une croix direct, tu oublies, mon grand. Je sais pas ou tu travailles dans l’industrie pornographique, tu fais quelque chose. » Non, c’est très anxiogène les grosses bites, hein, quand même.
Une fille m’avait parlé de l’orgasme du fond du vagin. J’ai jamais très bien compris où elle voulait en venir. (Rires.) Mais ça avait l’air vachement bien, et ça supposait que le garçon soit équipé d’une très, très grosse quéquette. Allô les enfants ? (Rires.) Je sais pas, il va taper vraiment au fond quoi.
Le problème, c’est qu’à notre époque, enfin si tu en crois tout le monde, tout le monde a une vie sexuelle absolument démente ! Les gonzesses ont des orgasmes tout le temps ou presque. Les hommes ont tout fait… Je persiste et je signe, la réalité n’est pas tout à fait celle-là. Et en plus, sous prétexte de libérer la parole sexuelle, il y a eu comme une injonction de performance. C’est super anxiogène. Autant je trouve formidable que la parole sur la sexualité se libère, autant je pense que ça va faire une génération de gens surinformés, mais qui n’auront pas forcément beaucoup vécu la chose.
* * *
Suzanne, bon, je gagnais pas trop de fric, Suzanne a eu six ans, l’école primaire ferme à 18 heures, je finis à 18 heures, la téléportation n’existant pas, malheureusement, je ne me pose pas la question : Suzanne a six ans (l’école est en face, entendons-nous bien), je lui donne les clés de la maison, je lui dis : « Écoute, ma grande, tu rentreras et puis tu passeras une demi-heure toute seule. » OK. Puis Suzanne part en sixième et Robin est en école primaire, en CE1. Eh bien, pour lui donner les clés, ça a été toute une histoire : « Oh, mais quand même, mais il est maladroit, mais il va me les perdre, non c’est pas raisonnable… » Alors que je ne me suis pas posé la question pour Suzanne.
Ça dit que quelque part, les hommes sont plus à côté de leurs pompes. C’est pas qu’ils sont pas fut’-fut’, mais… (Rires.) Et c’est débile de ma part, je suis absolument navrée de dire ça, mais en même temps c’est un combat permanent. Ne pas surestimer Suzanne, ne pas sous-estimer Robin. Parce qu’aujourd’hui certains hommes de ma génération ou de la tienne perpétuent les vieilles traditions patriarcales, un peu de machisme, etc., mais ils ont été élevés pour la plupart par des bonnes femmes qui sont au moins un chouïa féministes ! Donc c’est qu’il y a quelque chose qui déconne, et l’endroit où ça déconne, c’est l’éducation qu’on leur donne. Prenons un truc tout con : mettre la table. Si je dis à Suzanne de mettre la table, elle va mettre la table. Robin, il va traînailler. Au bout d’un moment, j’en ai tellement marre que c’est moi qui mets la table ! Et c’est pas normal. On se retrouve en train de perpétuer, malgré l’étiquette féministe collée sur le front en clignotant rouge, des trucs de patriarcat. Ben merde alors.
* * *
On était trois copines à s’être tapé ce mec, tu vois : une bande de potes, tout le monde baise avec tout le monde, bref. Et moi, j’étais la dernière en date. Donc le mec, j’ai une aventure avec lui blablabla, et puis je me mets à le sucer. Et au bout d’un moment, il fait : « Mais de toute manière t’arriveras pas à me faire jouir. » Je me lève : « Pardon ? » (Rires.) Il me dit : « Non, je suis complètement flippé, j’arrive pas à me laisser aller dans la bouche d’une femme… » Mais attends, mon coco, moi je vais m’y mettre et je vais y arriver ! Évidemment, j’y suis arrivée. Quelque temps plus tard, peut-être un an après, je ne suis plus avec le mec, on se retrouve à déjeuner avec ces deux copines. Et puis on commence à parler du mec, et une de mes copines (rires) me regarde et me dit : « En fait, c’était dingue, hein, il n’avait jamais éjaculé dans la bouche d’une fille avant moi ! » Et là, on se retourne toutes les deux, on fait : « Pardon ? » Et on réalise que le mec, pour motiver ses troupes, disait ça à toutes les gonzesses qui, évidemment, s’empressaient de se dévouer à la cause ! On n’a même pas été fâchées (rires), parce qu’on s’est dit : « Putain, c’était magnifique ! » (Rires.) Toutes les gonzesses devaient tellement tomber dans le panneau qu’elles devaient se donner corps et âme à l’éjaculation du mec et qu’il devait connaître des trucs de taré, quoi ! Je ne sais plus quand, sur Twitter, j’ai revu passer ce truc. Pareil. Et c’est là que j’ai compris qu’en fait, si ça se trouve, il y avait plein de mecs qui faisaient ça, quoi. Et qu’on se faisait entuber, mais complet. Donc je propose une revanche (rires), à savoir, dire : « Non, mais j’ai jamais joui avec un mec qui me lèche. Jamais. » Pour motiver les troupes.
C’est possible ! (Rires.) Cela étant, ce qu’il serait intéressant de savoir avec ce mec, c’est si une gonzesse lui a dit : « Mais tant mieux ! je n’aime pas ça ! »
* * *
Oh mon Dieu, ça a pris un temps monstrueux ! J’ai commencé à savoir ce que je voulais et à pouvoir l’indiquer éventuellement, j’avais largement passé trente ans. Je dirais trente-deux, trente-trois ans. En tout cas, après mon mariage, ça c’est sûr. Avant ça, une espèce de sexualité très joyeuse, clairement, et en même temps qui n’était pas forcément tournée vers mon plaisir à moi, plutôt sur celui des mecs. Et une sexualité plutôt très libérée, je me rappelle très bien, j’avais une copine qui était scandalisée qu’on avale après une fellation. Pour elle, c’était un truc de salope. Et donc moi, pendant des années, j’ai pratiqué des fellations en avalant dans la joie et la bonne humeur sans me douter un quart de seconde que, apparemment, pour la plupart des gonzesses, c’était un truc de salope, quoi. Et cette copine a dû dire ça, j’avais vingt ans bien tassés, hein. J’étais estomaquée qu’on puisse penser comme ça, mais estomaquée ! Et pareil avec la levrette : fallait pas faire la levrette, parce que c’est un truc humiliant pour les femmes – et je ne comprenais pas ! Parce qu’alors, moi, dès le départ et super jeune, ça a surtout été un moyen de ne pas voir la tête du mec, ce qui est précisément le contraire. Et ça me fait beaucoup rire, cette espèce de malentendu sur la levrette. En plus, je ne crois pas être la seule à adorer la levrette. D’abord, c’est une position qui procure effectivement beaucoup de plaisir, mais aussi elle t’empêche de voir la tête du mec qui est derrière toi et que tu n’as pas forcément envie de croiser. Et puis, je sais pas, tu peux fantasmer, tu peux te raconter les histoires que tu veux. Quand tu as un mec qui est à cinq centimètres de toi, c’est compliqué de s’échapper si en fait ce mec, bon, tu sais même plus pourquoi tu l’as ramené, quoi. Il y a des moments où tu peux baiser sans que l’autre soit important. C’est un peu de l’instrumentalisation, c’est moche, mais il y a des moments où tu peux baiser sans avoir besoin d’être avec l’autre. Il y a la baise communion, et puis il y a la baise tout court.