Tout à l’heure j’ai acheté de la bouffe au japonais en face, y’a un mec devant et tout, moi j’étais en train de chercher je sais pas quoi dans mon sac, sûrement ma carte bleue ou de quoi payer, et je me retourne, et bim ! je cogne de dos le monsieur. Et je fais : « Oh excusez-moi ! » et tout machin, parce que je suis très polie, tu vois. Le mec se retourne et me dit : « Non, y’a pas de problème. » Et là : oh, magnifique, comme j’aime, tout comme j’aime, avec la barbe un peu grisonnante, tout ça. Aaaah je dis, merde, qu’est-ce que je fais ? Qu’est-ce qui s’est passé ? Et là je commence à réfléchir : bon, comment je l’accoste, ah merde ! Et le temps que je me pose toutes ces questions, il a juste fait un truc : quand il a payé, il a sorti sa carte, il a eu une attitude tellement féminine… sa main… en fait, le poignet qui a fait ça… Je sais pas s’il était homo, je pense pas, parce que je les reconnais les homos, mes meilleurs amis c’est des homos, enfin ils ont des codes, tu les reconnais direct. Mais il a eu une attitude, il a mis son bras d’une manière, ça m’a tout cassé. Et j’ai dit putain merde t’es relou, quoi. Sinon je l’aurais enquillé quoi, j’aurais enchaîné direct, parce que moi j’enchaîne sans problème, tu vois (petite voix mielleuse) : « Vous habitez toujours chez vos parents ? »
Je peux le faire. Mais c’est pour briser la glace tout de suite, je passe par l’humour. Le « vous habitez toujours chez vos parents », ça fonctionne très souvent parce qu’en plus je prends une attitude qui me va pas du tout quand tu me vois avec mon physique et tout ça. Le mec, il me regarde, il se dit : « Mais c’est quoi son problème ? », de suite il a un petit sourire, il s’adresse à moi, il me parle, et bim !, je peux lui renvoyer une balle tout de suite, et du coup ça installe de suite la conversation. Parce que si je fais pas ça, je vais avoir une attitude virulente, masculine, le mec il va pas me parler, il va partir en courant. Pour éviter ça je vais dans des extrêmes, il va trouver ça drôle parce que quand il me voit, il se dit « Euh… ». C’est comme si tu vois un gros bonhomme avec une voix toute féminine, tu vois ? Il va se dire : « C’est quoi ce phénomène qui vient de me sortir une connerie grosse comme elle ? » Il va rigoler, il va sourire. Moi, ça va me permettre d’installer mon truc et de suite on va pouvoir discuter. Si je m’y prends bien, on s’échange les numéros et il me donne le sien. Si je m’y prends mal, y’a que moi qui lui donne mon numéro ! (Rires.) Et en général, quand y’a que moi qui donne mon numéro, ils ne me rappellent pas… (Rires.) Nananère ! J’ai vite compris que l’humour allait être mon cheval de Troie. (Bintou imite le cheval au galop.) Mais c’est dommage, hein. Parce qu’en plus il avait une belle carte Black-Black. (Rires.) C’est dommage… il a sorti sa carte, j’ai dit putain il a de la thune en plus, l’enculé. Mais il a fait un geste là, ah mec tu sais quoi ? ben dégage avec ta thune et tout, mais ton geste là, il m’a fait débander, voilà, c’est ça le truc. Le mec m’a fait débander en deux secondes, quoi.
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Ouais, mais il faut surtout pas faire ça avec moi. Parce que ça me… j’ai l’impression que t’es une poule mouillée, quoi. Si tu me veux, tu me dégoûtes. C’est n’importe quoi ce que je dis, c’est pas vrai, mais je n’aime pas qu’on m’aime. Je t’aime, et après éventuellement tu pourras m’aimer. Je supporte pas les canards, en fait. Ce que j’appelle un canard, c’est le mec qui te répond quand tu l’appelles, qui répond à tes SMS, qui fait tout ce que tu lui demandes… C’est MORT ! Ça durera pas. Parce que je suis déjà très imposante physiquement et au niveau de mon aura, et je prends toujours trop de place, et j’ai besoin qu’on me drive, faut pas que je drive. Parce que si je drive, on peut aller droit dans le mur (rires). Faut pas me laisser faire ça ! Et puis non, drive quoi, mec, putain ! Je veux un mec qui ait son rôle de mec. Et je veux avoir mon rôle de nana. (Petite voix mielleuse :) « Tu veux que je te fasse un petit dîner, mon chéri ? » Je suis très comme ça, malgré tout. Quand j’ai pas envie de te le faire, me casse pas les couilles, je te le ferai pas, tu vois. Mais j’aime bien ça. J’aime bien redevenir nana en fait, j’en ai marre d’être un bonhomme et je suis un bonhomme. Donc, de temps en temps, je sais que j’ai pas de couilles, je sais que j’ai pas de bite entre les jambes, j’ai une chatte et j’aimerais bien de temps en temps qu’elle me serve, qu’elle me rappelle que je suis une femme, qu’elle me remette à ma place de femme, mais ma place de femme c’est (petite voix) « mon chéri d’amour »… Puis de temps en temps je fais le bonhomme, y’a pas de problème. Mais je suis un bonhomme. Je suis toute seule, je fais la meuf et le mec en même temps. Et j’ai cultivé ça aussi pour me protéger… Tu vois, j’ai toujours été seule finalement. Tu fais comment quand tu dors sur un banc et que t’as tes doches et que t’ouvres les yeux et que t’as trois lascars autour de toi, il est trois heures du matin et t’es dans la street ? Tu fais quoi ?
« Eh les mecs, là j’ai mes règles. » Déjà, ça les écœure direct. Déjà, tu commences par ça, hein. (Rires.) Et ensuite, bah, tu t’en fais des potes, vite. Vite vite vite, qu’ils oublient que peut-être, éventuellement, ils auraient pu te faire tourner… Donc tu t’en fais des potes, tu sors des conneries, tu parles comme eux, tu prends la même position… De toute façon, déjà, quand t’es dans la rue, t’es pas en jupette, hein, donc tu ressembles à un bonhomme. Et voilà, tu prends une attitude, il faut qu’ils voient en toi un mec, un pote, vite, très très rapidement. Je ne suis pas une gonzesse. Même si là j’ai mes règles, là, tout de suite, et ça t’écœure, t’as vu, quand je te le dis, et en plus j’ai pas de tampon, donc ça dégouline de partout, comment on fait ? OK les mecs, putain, vous avez pas une serviette et tout machin, un mouchoir ? J’ai mes règles, ça coule ! « Aaaahhh ! » La première chose que t’entends, c’est ça. Je le dégaine très souvent (rires). Même encore maintenant, mais pour rigoler, pour écœurer, pour m’amuser, j’aime bien titiller, je provoque.
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Alors en ce moment, qu’est-ce qu’il y a ? J’ai un amant. Ça, c’est normal. Mais pendant un an et demi, j’avais personne. Je suis redevenue vierge, tout s’est fermé, tout ça, toiles d’araignée, etc. À un moment, je me suis dit : « Bon, quand même, faut que t’arrêtes », et donc je me suis dit que j’allais récupérer, j’allais rappeler un baby-boy, j’appelle ça un baby-boy parce qu’il est plus jeune que moi. Donc j’ai rappelé un ancien baby-boy – ce que je fais jamais, normalement, je retourne jamais en arrière, mais lui il était bon quand même. Il était content parce que ça faisait cinq ans que je l’avais mis à l’amende. Donc là, j’ai un baby-boy, mais par contre je suis sur les côtes d’un mec, et lui je le veux. Parce qu’en ce moment j’ai changé de bord, mon amant c’est un négro mais lui c’est un babtou. Donc il est blanc, il a une culture hip-hop comme moi, donc on va se comprendre, on a les mêmes codes et tout. Il est baraqué, balèze, gros, hum, tu vois y’a de la viande quoi, y’a de quoi bouffer, mais surtout il est drôle. Et femme qui rit, nanana dans ton lit. J’aime bien son cerveau, il écrit bien, il est tout pareil comme j’aime. Il est pareil que moi en mec. Et puis voilà, je le veux, c’est tout.
Ah oui ! Ça m’arrive jamais… Ils sont toujours tous mariés, c’est un truc de dingue. IL EST LIBRE ! Mais c’est ça, le truc, parce que s’il avait été marié… j’ai un autre amant, là, marié depuis treize ans avec sa meuf, deux enfants, machin, on se voit de temps en temps. Je le voulais aussi, mais il me casse les couilles parce qu’il est marié et c’est un bouffon « gnagnagna ma femme, gnagnagna mes enfants », oh ça va ! (Rires.) T’as pas deux secondes ? Donc, on est obligés de se voir entre deux, dans son bureau, enfin c’est n’importe quoi. Je l’ai un peu mis en stand-by, là. J’ai mon négro, bon lui c’est physique, c’est animal, c’est bestial, c’est gorille, j’adore. Parce que j’aime beaucoup le nèg’ marron, tu vois le mec rhaa (elle feule), tu vois, qui envoie, qui est très bestial, voilà. J’aime ça. Donc mon négro il me le faut, quoi qu’il arrive. Et lui, il est libre. Parce que moi, mon négro, il est marié aussi, tu vois (rires). En même temps, plus je vieillis, c’est normal, ils sont tous casés. Mais lui, il est libre, quoi ! Ça n’existe plus ! (Rires.) Les mecs, c’est à moi, TU es à moi. Et puisque je le veux, ben il fuit, forcément. Parce que quand je veux quelqu’un rrhaa (elle feule de nouveau), je suis une de ces mantes religieuses, c’est mort quoi. Ah, quand je suis sur tes côtes, t’as intérêt à avoir des couilles pleines ! C’est ça le problème. Les mecs n’ont plus de couilles, et quand ils en ont elles sont vides. Alors que moi, j’ai besoin de cette semence-là, putain ! (Rires.)
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(Bintou chuchote :) C’est le gros problème. C’est pour ça que j’ai viré sur les babtous. Mais tu sais quoi, j’avais même un mec que j’avais rencontré il y a longtemps, pendant six ou sept ans on s’est rencontrés sur Internet. Et c’est drôle, parce qu’un jour on s’est dit : « Mais comment on s’est rencontrés ? » Et on s’est rappelé en fait qu’on s’était rencontrés sur Internet. Ce mec-là, je l’appelais « mon brouteur ». Là, ça fait un moment que je l’ai plus revu, ça fait peut-être un an que je le revois plus. Je l’appelais le brouteur, mon brouteur. Il venait que pour ça. Et en plus, il avait un piercing. Oh là là là là là là ! Et je m’en suis rendu compte après, je lui ai dit : « Bébé, pourquoi toi, quand tu me fais ça, c’est comme ça ? » Il m’a dit : « Parce que j’ai un piercing, bouffonne ! » J’ai dit : « Ah ouais ! Mais c’est génial ton truc ! » Parce que c’était le seul mec que je me suis tapé avec un piercing. Po po po ! Et il servait qu’à ça. Je l’appelais, dans la demi-heure il est là, quoi qu’il arrive, où qu’il soit, il est là dans la demi-heure, il vient me brouter et il s’arrache. Et il avait droit qu’à ça. Et d’ailleurs, il me demandait à chaque fois – parce que chaque fois il essayait… « Mais là, si je viens, on pourra essayer… » Je disais : « Non ! » Parce que je suis très autoritaire (rires). Et je disais : « NON, NON, NON, NON, tu viens que pour ça, tu viens que pour ça. » Et donc le mec venait que pour ça, c’était sa mission. Tu viens, tu me broutes, et tu t’arraches. Il faisait ça (bruit de bisou), mais génial ! Comme un chef. Et lui, par contre, il me faisait pas du tout bander, tu vois. Il est hors de question que tu me pénètres, toi. À quel moment ? Non.
Beaucoup, oui. Bah, il servait qu’à ça.
Rrhhooo, t’as jamais fait ? Ah, c’est géniaaaaaaaaaaaaal ! Ça fait double travail, c’est-à-dire que t’as le boulot de la langue et sur la langue t’as une boule qui te fait des trucs, là, ha !, qui te chatouille en fait, mais c’est génial. Je me suis rendu compte qu’il y avait quelque chose en plus, mais longtemps après, des années après, tu vois. Mais c’est chelou, pourquoi c’est bon comme ça avec toi tout le temps ? T’es pas le seul à me faire des cunnis quand même, tu vois. C’est là qu’il m’a dit : « Mais j’ai un piercing ! » Aaaaaaah.
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Si je suis pas amoureuse, j’aime pas. Il faut que je sois amoureuse. Quand je suis amoureuse, putain, c’est génial, mais quand je suis pas amoureuse, je le fais parce qu’il faut nettoyer, il faut entretenir la bécane, tu vois… mais je prends pas spécialement de plaisir vrai. Même avec mon gorille, quand c’est fait c’est fait, je suis contente, le lendemain je raconte à mes collègues que j’ai reçu l’animal chez moi, on rigole ahahah, mais j’ai pas de VRAI plaisir. Je suis une amoureuse, moi. (Elle chante.)
Non, pas forcément. De toute façon, quand ça me casse les couilles, j’ai pas besoin de simuler, je dis : « Eh, vas-y (elle siffle), fais vite quoi, c’est bon, ça me saoule. » À la limite, je le fais débander en disant ça, mais ça me casse les couilles de simuler… Non, je simule pas, je mens pas en fait. Je suis très honnête, donc : tu me casses les couilles je te dis, tu me casses les couilles, accélère mec. Après, c’est un travail avec la tête, c’est très cérébral, je vais le chercher, le plaisir. J’imagine des trucs, lalalala, je me rappelle de mon dernier amoureux dont j’étais complètement éprise et qui m’a fait ça… C’est moi, je peux me faire jouir toute seule, j’ai pas besoin de mec, hein. Donne-moi deux ou trois godes, tu vas voir je vais m’en servir, je vais te faire un truc. J’ai pas besoin de ça, enfin tu vois, j’ai pas besoin d’un keum pour jouir, quoi. Donc, du coup, je vais chercher la jouissance et tout machin, je fais mon travail, hé… tac tac tac, ça vient ça vient, donc je lui dis (petite voix) : « Ça vient ! » Lui, il kiffe en plus, comme ça il vient aussi en même temps (elle siffle)… Il m’a saoulée, là ! (Rires.) On jouit. Il est content. Je suis contente, parce que, ouais, j’ai joui quand même, ça fait du bien de jouir, alors je suis éclatée, tu vois. Voilà. Et après, on remet ça. La dernière fois, pendant trois semaines j’avais la chatte en feu, mon coloc m’a donné des crèmes, j’étais irritée de partout, la peau découpée… le latex, j’en sais rien… trop de va-et-vient, trop de va-et-vient. Quand c’est pas mouillé… je lui ai dit après : « Eh, tu sais quoi ? la prochaine fois ramène du lubrifiant, j’en ramènerai aussi. » Il m’a dit : « Ouais, mais tu mouilles pas. » J’ai dis : « Ben ouais, t’es pas mon mec, je vais pas mouiller. » Je le fais parce qu’il faut le faire, mais je kiffe pas. Par contre, quand t’es mon mec et que je kiffe, pfff, rien que je te regarde, je suis trempée.