Isabelle (22 ans)

Est-ce que vous vous dites que vous vous aimez ?

Non, on ne le dit pas. Lui n’est pas très démonstration, sentiments, tout ça, et je crois qu’il aime pas trop. Mais ça ne me pose pas de problème. À une époque ça m’embêtait un peu, j’avais l’impression que je ne comptais pas assez, que s’il ne me le disait pas ça voulait dire plein de choses. Et puis je me suis dit que c’était pas forcément la peine de mettre des mots. Donc ça ne me gêne plus. Je pense vraiment que c’est une question d’évolution de la relation. Au début elle n’était pas faite pour être ça, et au final c’est devenu un peu ça. Du coup, on ne sait pas… Et puis je pense qu’il n’est pas non plus très sûr de lui, il ne voudrait pas dire quelque chose qu’il pourrait regretter après. J’ai toujours eu l’impression, et il l’a toujours dit, qu’il était un insatisfait. Je pense qu’il est à la recherche – pas de mieux, parce qu’il n’est pas du style à aller… il me respecte quand même, hein ! –, mais il avait peut-être, au début en tout cas, un idéal de relation et c’est peut-être pour ça qu’on s’est pas dit les choses, parce que du coup il pensait que, de toute façon, c’était pas forcément… Je m’embrouille un peu. Je n’arrive pas à expliquer, pourquoi on… En plus, je dis que c’est lui parce que… (rires) parce que moi, ça n’est pas que je fasse en fonction, mais j’ai peur de dire des choses qui ne lui plairaient pas. En même temps, je ne me restreins pas, je ne me dis pas : « Ah, j’aimerais trop le lui dire maintenant. » En fait non, ça ne m’est jamais arrivé, tout simplement. Peut-être qu’il n’y a pas eu de moment où il fallait le dire, et du coup, maintenant, ce serait un peu bizarre. Au milieu de nulle part, comme ça.

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Et toi, as-tu eu des aventures ?

Oui, j’en ai eu deux. (Rires.) Un avec qui j’ai couché, c’était catastrophique, j’ai regretté tout de suite après, je me suis dit que ça ne servait à rien, enfin que c’était ridicule. C’était il y a un an, au moment de Noël. Une période où on n’était plus vraiment ensemble encore une fois, et pourtant on était restés en contact, on continuait à s’envoyer des textos, à se dire un peu ce qu’on faisait, on s’appelait, tout ça. Moi, ça me faisait beaucoup souffrir, je me disais que c’était trop facile, il continuait à avoir des contacts avec moi comme il l’entendait et moi je devais être d’accord avec ça et continuer à lui parler comme si on était copains, alors que, enfin, c’est pas possible, quoi. Et ce jour-là, je sais pas, je me suis dit : « J’ai pas envie d’attendre ce soir qu’il m’envoie un texto, donc je vais faire autre chose de ma soirée, je vais m’occuper, je vais essayer de penser à autre chose. » Je me suis retrouvée chez un garçon que j’avais rencontré au lycée, on a passé une bonne soirée, on a discuté, on a regardé un dessin animé (rires). Et puis on s’est couchés, et puis après… Enfin je sais pas, ça n’était pas naturel, c’était programmé, quoi. Du coup, vu que c’était programmé, je n’ai pas du tout réussi à penser à autre chose. Bon, en fait, je regardais quand même toujours mon portable pour voir si j’avais pas reçu un message (rires). En même temps, je pense que le gars l’a su, parce qu’il ne m’a pas recontactée. Il a dû se douter que ça ne s’était pas très bien passé et que je ne reviendrais pas, que j’avais pas envie de revenir.

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