Jamais l’empire byzantin ne fut plus puissant et plus prospère qu’au IXe et au Xe siècle, sous la domination de la maison macédonienne (867-1057). Les grands princes de cette époque eurent une intelligence plus sûre, une énergie plus grande que Justinien ; ils comprirent mieux les intérêts de la civilisation hellénique. Guerriers intrépides, administrateurs habiles, ils surent développer tout ce qu’il y avait de ressources intellectuelles et matérielles dans l’empire d’Orient.
Le fondateur de la dynastie, Basile le Macédonien (867-886), ouvre la voie où le suivront Nicéphore Phocas, Jean Tzimiscès, Basile II. L’empire se défend vaillamment contre les invasions qui au nord et au sud débordent sur ses provinces : les Slaves sont refoulés, les Bulgares arrêtés, Chypre, la Crète, la Cilicie sont reconquises sur les Arabes ; de tous côtés l’hellénisme regagne une partie du terrain qu’il avait perdu.
A l’intérieur, la législation remaniée conserve une partie des réformes des iconoclastes, l’administration est réorganisée et dans les grandes villes l’industrie et le commerce amènent un accroissement de richesses vraiment merveilleux. Constantinople était alors le centre du commerce du monde, elle servait d’entrepôt entre l’Orient et l’Occident : là, se pressaient les négociants arabes et francs, italiens et asiatiques. Constantinople était l’intermédiaire de leurs échanges, en même temps qu’elle leur vendait ses soies, ses tissus brodés, ses tapis, ses armes, ses ivoires et tous ces objets précieux qui, chèrement payés, propageaient dans les pays les plus lointains l’influence byzantine. A cette époque du Moyen Age, les modes et les articles de Byzance jouaient à peu près le même rôle que les articles de Paris à la nôtre. Et ce n’était point Constantinople seule qui prospérait aux dépens du reste de l’empire : dans bien d’autres villes comme Salonique, Thèbes, Corinthe, on retrouvait cette activité, ce concours de marchands étrangers.
A ce développement de la vie industrielle et commerciale correspond un nouvel épanouissement de la vie intellectuelle. Constantinople a une université : on y enseigne la philosophie, la rhétorique, les mathématiques ; c’est là que l’empereur choisit ceux qu’il juge dignes des grandes fonctions publiques. Les écoles d’Athènes se relèvent : des étudiants y viennent même de France, d’Angleterre. Et qu’on ne croie pas que l’enseignement qui se donnait alors fût toujours étroit et mesquin : le célèbre patriarche Photius, qui luttait avec Rome, connaissait toute l’Antiquité profane, toute la littérature chrétienne, et il en a donné comme un résumé dans son Myriobiblion ; mais c’est aussi un esprit original, souvent hardi. Il n’est point isolé dans la société de son temps ; parmi les lettrés plus d’un pense et raisonne. Les tentatives des iconoclastes ont eu pour conséquence d’affranchir bien des esprits, qui se dégagent de la tyrannie monastique pour concilier avec la foi chrétienne un retour à l’antique culture grecque. L’empire byzantin eut même ses épopées populaires, Digénis Akritas, un des héros de la lutte contre les Arabes en Asie Mineure.