Plus rapidement que je ne l’aurais cru, je me trouve un emploi de commis dans une petite épicerie, près de chez Martin. Ce n’est rien d’extravagant, mais ça me permet de sortir de la maison presque tous les jours. Avec Jonas, je ne voulais rien qui commence trop tôt pour me permettre de passer la nuit en sa compagnie. Ce n’est pas un travail à temps plein, juste des heures ici et là, en semaine, toujours entre midi et dix-huit heures. Pour moi, c’est parfait. Ça me permet de m’entraîner avec Kevin et de rentrer pour le repas du soir, surtout que Jonas mange avec nous, à présent. La nuit, je vais le retrouver en secret, que ce soit sur le toit ou au sous-sol, dans sa chambre. Ce n’est qu’une toute petite pièce où les fenêtres ont été condamnées, mais que m’importe? L’essentiel, c’est le bonheur que je ressens quand je suis contre lui.
Il est plus de dix heures quand je m’éveille en sursaut, aux côtés d’un Jonas complètement inerte. C’est une chance: il ne remarque pas que j’ai fait un cauchemar. Étrange, d’ailleurs, car les images me restent collées en tête même si j’essaie de les faire disparaître. Moi dans les bras d’un autre dont le souffle me chatouille le cou. Un souffle de feu, rempli de désir. Je scrute le visage de Jonas, endormi dans son corps de pierre jusqu’au coucher du soleil. Je ne peux même pas imaginer qu’un autre homme puisse me toucher, même si l’inconnu dans ma tête n’a rien de repoussant.
Je monte à l’étage et croise Martin, assis à la table de la cuisine, en train de siroter un thé encore fumant. Quand il m’aperçoit, il tourne la tête vers moi et pousse une tasse vide en direction de la chaise près de la sienne. Même si j’ai envie de filer sous la douche pour chasser le cauchemar qui me hante, je reporte mes plans à plus tard pour m’installer près de lui. Il me verse un peu de thé et semble hésiter avant de demander:
— Depuis quand es-tu avec Jonas?
Je soupire. J’aurais dû me douter qu’il finirait par se rendre compte que je ne dormais plus dans ma chambre depuis un moment…
— Ça fera bientôt un mois.
— Un mois? répète-t-il, visiblement étonné. Et tu comptais m’en parler?
— Mais oui! C’est juste qu’on ne savait pas comment vous annoncer ça. Jonas avait peur que vous soyez contre.
— Pourquoi aurais-je été contre? Jonas est comme un fils, pour moi!
— Jeanne est contre, lâché-je en guise de réponse. Et comme tout le monde a peur de Jonas, forcément… Et aussi… nous ne savions pas… si ça fonctionnerait…
Devant son regard inquisiteur, je me sens forcée d’ajouter:
— Ça fonctionne. Plutôt bien, même.
Il me scrute, puis lève les yeux au ciel avant de chuchoter:
— Seigneur, que vais-je donc faire de cette jeune fille?
— Vous êtes déçu? demandé-je.
Ses yeux reviennent sur moi.
— Ça n’a rien à voir! Élisabeth, depuis que tu es là, tu modifies l’ordre des choses. Avec cette sorcière, déjà, et maintenant avec Jonas…
Choquée par son accusation, je croise les bras et m’emporte:
— Ce n’est quand même pas moi qui l’ai transformé en vampire!
Dès qu’il comprend que je connais toute l’histoire, il fronce les sourcils.
— Je n’avais pas le choix, finit-il par lâcher. Et je n’ai jamais cru que ça fonctionnerait! Le vampire sur lequel il a bu était on ne peut plus mort et…
Très vite, je pose une main sur la sienne pour le faire taire.
— Je suis contente que ça ait fonctionné, Martin. Ça n’avait rien d’un reproche, je vous prie de me croire.
Son autre main se positionne sur la mienne et la coince en sandwich entre ses doigts.
— Liz, que les choses soient claires: je ne suis pas contre ce qui se passe entre Jonas et toi. Seulement… je me sens inquiet, voilà tout. Je sais que Dieu a un plan, mais je n’arrive pas à en voir l’ensemble.
Je retire mes doigts, troublée par ses mots.
— Vous croyez que tout ça fait partie d’un plan? Même ma relation avec Jonas?
— Élisabeth, techniquement, ton corps devrait repousser toutes ces créatures, mais toi… tu es différente. Tu t’en doutes, personne n’a jamais vu des soldats de Dieu s’allier avec des vampires ou des sorcières.
Je ne dis rien, mais je ne peux pas m’empêcher de songer à ma sœur et à cette histoire d’armée qu’elle s’est imaginée. Certes, j’ai un peu de mal à nous voir, tous ensemble, combattre dans un seul et même but. Quel but, de toute façon? Ce n’est pas comme si Dieu m’avait donné une mission!
— Dieu accepte ta relation avec Jonas, reprend Martin, sinon il ne l’aurait jamais permise.
Je souris, ravie que ce soit le cas, même si je n’en ai jamais douté. C’est quand même rassurant qu’un autre ne cherche pas à me mettre en garde contre Jonas…
— Connaissant Dieu, il ne vous a certainement pas rassemblés par hasard. Il a forcément un plan…
Je ne sais pas pourquoi, mais je me remémore mon rêve de la nuit dernière, et je repense à l’homme que j’y embrassais. Dieu allait-il m’éloigner de Jonas? Essayait-il de me mettre en garde? J’hésite à en parler à Martin, surtout par crainte qu’il y voie un message divin. Je ne veux pas croire que mon histoire avec Jonas soit temporaire. Pour la toute première fois de ma vie, je me sens à peu près normale. Et s’il y a une chose dont je suis sûre, c’est que j’ai envie que les choses restent ainsi le plus longtemps possible.
* * *
Je ne peux pas dire que j’apprécie être commis à l’épicerie, mais je préfère ça que d’être à la caisse. Au moins, quand je remplis les tablettes, je n’ai pas à sourire et à dire «Bonjour» à tout le monde. Dans les rangées, il arrive que des gens m’abordent et me demandent où se trouve tel ou tel produit, mais généralement, je ne suis pas obligée d’être toujours agréable et polie.
Pendant que je remplis la rangée de conserves, je songe à Jonas, à Martin, à notre discussion de ce matin… À ce rêve, aussi. Bien malgré moi, les images ne veulent pas quitter ma tête. Comment pourrais-je jamais avoir envie d’embrasser un autre homme?
— Pardon, mademoiselle…
À l’instant même où la voix m’interpelle, mon bras se met à frissonner et je me tourne brusquement vers le client en question, prête à me battre. La conserve que je tiens entre mes mains m’échappe et tombe sur le sol: je me retrouve nez à nez avec l’homme qui était dans mon rêve, cette nuit.
L’homme semble surpris de la façon dont je me braque. Peut-être est-ce à cause de notre proximité, mais ses yeux deviennent noirs pendant un bref instant, puis il cligne des yeux et son regard redevient quasiment humain. Un démon, ici? Je n’arrive pas à y croire! D’instinct, je recule d’un pas et cherche un moyen de quitter l’allée en espérant qu’il ne m’attaque pas devant des clients. Je ne vais quand même pas perdre mon travail si vite!
— Je ne voulais pas… vous effrayer, dit-il en levant la main dans ma direction. Je cherche juste…
Il se penche au-dessus de son panier de courses et sort un sachet vide, une sorte de riz instantané, puis le brandit vers moi en parlant rapidement:
— Je cherche ce produit-là. On ne le dirait pas, comme ça, mais… ce n’est pas mal du tout. Et ça se fait en deux minutes au micro-ondes.
Un démon qui me demande où se trouve le riz instantané? Ce n’est pas possible, je dois rêver! J’inspire longuement, pour tenter de conserver mon calme, et je pointe du doigt quelque part vers la droite.
— C’est… l’allée juste à côté.
Il marche à reculons, visiblement aussi inquiet que moi de se faire attaquer. A-t-il compris ce que je suis? Pourtant, le fait de ne plus le voir ne me soulage pas le moins du monde. J’attends et je tends l’oreille par crainte qu’il me surprenne. C’est long avant que je me remette au travail. Même quand je le vois sortir de l’épicerie, je suis incapable de m’empêcher de rester sur mes gardes. Pourquoi ne m’a-t-il pas attaquée? Menacée? A-t-il deviné que je suis un soldat de Dieu? Je vérifie la manche de mon chandail, qui ne laisse pourtant rien paraître de mes marques, mais il est possible qu’il puisse me détecter, lui aussi. Je fixe une conserve de maïs en retenant une moue. Cet homme, c’était celui de mon rêve. Quel était le sens de cette prémonition? Surtout qu’il est venu uniquement pour me demander du riz instantané!
Sans réfléchir, je lève les yeux au ciel et gronde:
— Tu peux m’expliquer ça, toi?
Évidemment, personne ne me répond! J’ai seulement l’air d’une illuminée qui parle toute seule. Merci, Dieu!
Et pourtant, lorsque je sors du travail, je regarde tout autour, histoire de ne pas être suivie. S’il fallait que je ramène un démon à la maison, Martin ne me le pardonnerait pas. Je fais un énorme détour pour m’assurer que personne n’est sur mes traces. Je flâne au parc jusqu’à la tombée de la nuit, dans un espace assez isolé, juste au cas où quelqu’un déciderait de m’attaquer, mais mon bras reste de glace, ce qui m’indique qu’aucun être surnaturel n’est à proximité. Comme il vaut mieux être prudent, je saute dans un taxi, qui me fait faire la moitié de la ville avant de me ramener chez moi. Je suis peut-être paranoïaque, mais je refuse de mettre la vie de mes amis en danger.
Quand j’entre dans l’appartement, il fait déjà nuit. Jonas apparaît sur le seuil de la porte avant même que je pose mon sac sur le sol.
— Où étais-tu? J’étais inquiet.
— Un démon est passé à l’épicerie, aujourd’hui. Je voulais juste m’assurer que je n’étais pas suivie.
— Un démon? Et tu ne l’as pas expulsé? s’emporte Jeanne, qui apparaît derrière Jonas.
Je soupire d’agacement et les contourne pour me rendre à la cuisine. Je vide d’un trait un immense verre d’eau avant de répondre:
— En plein milieu de l’épicerie? Mon boss ne s’en serait jamais remis! Surtout qu’il m’a juste demandé où était le riz…
— Liz, on parle d’un démon! insiste la sorcière. Il n’y a rien de plus dangereux!
— Il était différent, me justifié-je. Et je ne pense pas qu’il sache ce que je suis, autrement il ne se serait sûrement jamais excusé de m’avoir fait peur.
Jonas se plante devant moi et me dévisage comme si je revenais de la guerre. Il cherche la moindre marque d’une blessure sur le peu de peau qui lui est visible.
— Est-ce qu’il t’a touchée? Est-ce qu’il a dit quelque chose?
— Mais puisque je te dis que c’était un client! Il faisait ses courses, rien de plus.
— Les démons ne s’installent pas dans un corps, Liz! Ils y entrent et en sortent comme on le ferait avec une voiture!
— Mais qu’est-ce que j’en sais, moi, ce qu’il faisait dans ce corps? Il avait peut-être envie de manger du riz? Ce n’est pas un crime, à ce que je sache!
Jonas me tourne le dos et se met à faire les cent pas dans l’appartement, puis il gronde en se dirigeant vers la sortie:
— Je vais monter sur le toit et m’assurer que personne ne rôde autour du magasin. Restez à l’intérieur. Personne ne sort d’ici, ce soir.
Aussitôt que la porte claque derrière lui, Jeanne se lève du canapé et peste à son tour:
— Eh merde! Moi qui avais rendez-vous avec Kevin!
Elle disparaît dans sa chambre et claque la porte à son tour.
Décidément, ce n’est pas mon jour!
* * *
Martin rentre peu après, probablement alerté par Jonas qui ne cesse de faire le guet. Je mange un plat réchauffé debout, derrière le comptoir, contrariée par ma rencontre avec ce démon.
— On dirait que tout le monde est fâché, rigole-t-il en s’installant à table.
— Mais qu’est-ce qu’ils ont tous à m’en vouloir? Je ne pouvais quand même pas attaquer ce démon à l’épicerie!
Je le scrute en espérant qu’il prenne mon parti, mais il hausse simplement les épaules.
— Jonas est surtout inquiet. Ça prouve qu’il tient à toi, tu ne penses pas?
— Mais qu’est-ce que je pouvais faire? Ce gars ne m’a même pas attaquée! Il s’est même excusé de m’avoir fait peur. Est-ce que ça ressemble à l’attitude d’un démon, ça?
Martin pince les lèvres, mais finit par se ranger de mon côté:
— C’est étonnant, en effet, mais ça ne veut pas dire qu’on ne doit pas prendre toutes les précautions nécessaires pour assurer la sécurité des nôtres. La tienne, en particulier.
— Pourquoi moi?
— Parce qu’il t’a vue. Il connaît ton visage et ton odeur, désormais. Contrairement à lui, tu ne peux pas changer de forme, Liz.
Là, il marque un point, et je m’entends rapidement demander:
— Peut-être qu’il ignore ce que je suis? À la limite, il croit peut-être avoir fait peur à une simple humaine?
— Vous étiez à quelle distance, tous les deux?
Je repousse mon plat et me positionne à une distance similaire à celle que j’avais avec ce démon, mais le visage de Martin se rembrunit.
— Il a certainement une bonne idée de ce que tu es, m’annonce-t-il. Peut-être qu’il serait plus sage que tu quittes ton emploi.
Je m’emporte aussitôt:
— Mais je viens juste de le trouver!
— Liz, ce démon sait où tu travailles. Ça ne lui prendra qu’un jour ou deux avant de savoir où tu vis, ce que tu es et qui sont tes amis. C’est ça que tu veux? Dois-je te rappeler ce qu’ils sont prêts à faire pour tuer un soldat de Dieu?
Vu le détour que j’ai fait pour rentrer, je n’ose pas le contredire. Suis-je vraiment prête à recommencer cette manigance tous les soirs? Cela suffirait-il seulement?
— Il avait l’air différent des autres, dis-je bêtement.
— On parle d’un démon, me rappelle-t-il.
— Et alors? Jonas est un vampire et il est différent. Pourquoi ce démon ne serait pas, lui aussi, une sorte d’exception?
— Jonas a déjà été un humain, me rabroue-t-il avec une pointe d’agacement. Et lui, il n’a rien fait de mal. Les démons sont des âmes noires, Liz. Ils sont issus du purgatoire. Tu ne peux pas te fier à ce genre de créature.
Je croise les bras et je grogne. Défier un prêtre au camp, c’était une chose, mais défier Martin est drôlement plus difficile. J’hésite donc avant d’avouer:
— J’ai rêvé de ce démon, Martin.
Les yeux du prêtre s’écarquillent et il se raidit sur sa chaise.
— Tu as quoi? s’écrie-t-il.
— Sur le moment, je ne me doutais pas que c’était un rêve prémonitoire, ajouté-je très vite. C’est vraiment la première fois qu’une chose pareille m’arrive.
— Et tu ne m’en as rien dit?
— Parce qu’il n’y avait rien à dire! me défends-je. Je ne pouvais pas savoir que ce rêve-là était différent des autres…
— Maintenant que tu sais, raconte!
Son ordre m’effraie. À choisir, je préférerais me taire plutôt que lui raconter ce rêve, surtout que Jonas entend probablement tout ce que je dis.
— Dans ce rêve… cet homme m’embrasse, admets-je tout bas. C’est tout ce dont je me souviens.
À peine ai-je le temps de relever les yeux vers Martin que Jonas apparaît sur le seuil de la porte, le visage défait. Avant que l’on me reproche quoi que ce soit, j’ajoute:
— Ce n’était qu’un rêve! Ça ne veut pas dire que ça va se produire!
Devant le regard inquiet de Jonas, j’insiste:
— Ça n’a duré que dix secondes! C’est à peine si je m’en souviens!
— Mais tu te souvenais de cet homme, me contredit-il.
Il a raison. Comment est-ce possible, d’ailleurs? Le souvenir le plus vif que j’ai de ce rêve, c’est surtout la chaleur qui émane de son souffle dans mon cou…
— Élisabeth, c’est très important que tu te remémores ce rêve, reprend Martin. Ce démon est peut-être la mission que Dieu a pour toi…
Je le scrute avec angoisse. La mission de Dieu? Déjà? Alors que je viens à peine de trouver une vie normale?
— Ça n’a peut-être rien à voir avec le plan que Dieu a fait pour moi, tenté-je de me rassurer. Ça prouve uniquement que cet homme ne compte pas me faire le moindre mal!
La voix de Jonas résonne en force:
— Liz, as-tu perdu la tête?
— Pourquoi? Parce que je n’ai pas attaqué un démon qui achetait du riz?
Avant même que l’un ou l’autre ne dise quoi que ce soit, je lève la main pour les faire taire et je reprends, sur un ton qui montre que je n’entends pas à négocier:
— Peut-être que ce sera plus simple si je prends mes distances pendant quelque temps… pour rassurer tout le monde…
Aussitôt, je file dans ma chambre et je sors mon sac de voyage pour y jeter quelques vêtements. Je songe à m’installer dans un motel, tout près, ou peut-être est-il temps que je prenne un appartement?
— Je ne t’ai pas mise dehors, gronde Martin en se plantant dans le cadre de ma porte.
— Si tu crois que je mets tout le monde en danger, alors ça revient au même. J’ai passé une heure à marcher en sens inverse de la maison, j’ai pris un taxi qui m’a menée jusqu’à l’autre côté de la ville avant de me faire conduire ici. Je n’ai pris aucune chance. J’ai même été honnête en vous parlant de ce démon et de ce rêve…
Martin entre dans la pièce et se plante devant moi, les traits tirés par la fatigue.
— Élisabeth, je ne veux pas que tu partes. Je n’ai pas beaucoup de certitudes dans la vie, mais je crois que nous devons rester unis.
— Même si cela nous met tous en danger?
Dans un soupir, il opine.
— Oui.
Comme je ne réponds pas, il insiste:
— Tu seras toujours plus en sécurité parmi nous. Et si les choses se corsent, j’ai une maison en dehors de la ville. Jonas sait où elle se trouve.
— Vous ne me faites pas confiance, soufflé-je tristement.
— Je mettrais ma vie entre tes mains, me contredit-il. Je t’ai recueillie, je t’ai guidée, j’ai même accepté une sorcière sous ce toit. Mais tu ne peux pas m’en vouloir de craindre ce démon ni d’avoir peur pour toi.
Malgré moi, la question fuse:
— Et s’il était comme Jonas? S’il était différent?
Martin hésite, et je retrouve dans son regard l’inquiétude d’un père.
— Les démons ne sont pas des créatures de Dieu, Élisabeth, me rappelle-t-il, et n’oublie jamais que tu n’es pas infaillible. Si cet homme arrive à entrer dans ton cœur, il pourrait bien causer ta perte… et la nôtre aussi.
Il repart et referme la porte de ma chambre afin de me laisser seule. Est-ce que je suis censée réfléchir? Oui, mais à quoi? Et pourquoi faut-il que tout me retombe sur les épaules?
Cette nuit, Jonas ne vient pas. Il me laisse seule avec mes doutes. Je tourne dans mon lit, incapable de chasser cette histoire de mon esprit. Pour une fois que ma vie a un sens, pourquoi Dieu m’a-t-il envoyé ce démon?
Pour la première fois depuis que je sais ce que je suis, je m’agenouille sur le sol et joins les mains afin de prier. J’ai besoin d’un conseil, d’une certitude, de quelque chose de clair. Si je fais vraiment partie d’un plan, ce serait bien que Dieu m’en fasse part avant qu’il soit trop tard…