Pendant qu’elle roulait ses collants sur ses jambes pour les enlever, la musique changea pour Georgia on my Mind par Ray Charles. Je fermai les yeux, mis mes deux pieds sur la table et fis tourner le temps dans ma tête comme on fait tourner des glaçons dans un verre de whisky. Il me semblait que tout cela s’était déjà passé autrefois. Les vêtements qu’elle enlevait, la musique en arrière-plan et les phrases échangées avaient dû être légèrement différents, mais cette différence n’était pas très significative. On tournait en rond pour aboutir toujours au même point. Exactement comme un cheval de manège tournant à vide. Personne ne vous dépasse, on ne dépasse personne, on ne fait qu’arriver toujours au même point.
Murakami Haruki, La Fin des temps