5. De (H) elernus à Carna

La date du sacrifice fait à (H) elernus (Calendes de février), la filiation énoncée par Ovide entre (H) elernus et Carna, déesse qui préside à la transformation des aliments en chair et dont la fête (Calendes de juin) est dite Kalendae fabariae, permettent, par référence aux prescriptions des agronomes, de comprendre la fonction de ce dieu : il protège la fève de trois mois et généralement les plantes potagères de printemps. Son nom s'explique à partir de ce qui est, en latin classique, (h) olus, gén. (h) oleris « légume vert ; légume »1.

 

Nous savons peu de choses du dieu (H) elernus et cette discrétion des textes est d'autant plus irritante qu'Ovide semble avoir été en état d'en dire davantage. Le témoignage le plus assuré se lit en effet au sixième livre des Fastes, dans le long développement dont est gratifiée la déesse Carna, honorée aux Calendes de juin et appelée aussi par le poète la « nymphe » Cranè ou Granè (105-107), qu'il transforme même ensuite, sans écrire le nom, en Cardea :

 

 Adiacet antiquus Tiberino lucus (H) elerni,

 pontifices illuc nunc2 quoque sacra ferunt.

 Inde sata est nymphe...

L'antique bois sacré de (H) elernus s'étend près du Tibre. Maintenant encore les pontifes portent là des offrandes. C'est de là qu'a été semée (ou : engendrée) une nymphe...

Helerni ou Elerni est la graphie la plus autorisée ; Hilerni, Alerni, Averni en sont des déformations aisément concevables3.

Se fondant sur ce texte du sixième livre, c'est aussi (H) elerni que les éditeurs rétablissent avec vraisemblance depuis le XVIIe siècle (Heinsius) au vers 67 du second livre des Fastes, dans un rapide catalogue de cultes célébrés aux Calendes de février : les lectures des manuscrits, lucus Averni (*alerni) ou Asyli (Asili), sont en effet inacceptables puisque l'Averne est loin hors de Rome, en Campanie, et que le seul lieu appelé Asyle se trouve ailleurs dans Rome, entre les deux sommets du Capitole. Il doit donc s'agir du lucus (H) elerni que 6, 105, place aussi au bord du Tibre :

 

 Tune quoque uicini lucus celebratur * (H) elerni

 qua petit aequoreas aduena Thybris aquas.

C'est en ce jour aussi que, non loin de là [= du temple de Juno Sospita sur le Palatin], le bois sacré de * (H) elernus a sa fête, dans le quartier où passe le Tibre étranger dans sa course vers la mer.

 

Ces textes établissent un lien entre deux divinités de Calendes honorées à quatre mois d'intervalle, (H) elernus (1er février), Carna (1er juin), et ce lien est noté par l'expression sans doute volontairement équivoque d'Ovide : Carna-Cranè (Granè) est la « fille » de (H) elernus, ou bien, avec sa fonction, elle résulte de « semailles » faites ou protégées dans le lieu de culte de (H) elernus (adiacet lucus..., inde sata est nymphe). La première conception ne saurait appartenir à la plus vieille mythologie de Rome (antiquus... lucus) et ne peut être qu'un jeu grécisant, comme celui qui a fait de Carna elle-même une « nymphe ». La seconde conception est plus conforme au type de l'imagination romaine et s'accorde avec la fonction de Carna telle qu'elle a été élucidée dans un travail antérieur4.

Carna, en effet, dont le nom est à caro ce que. Flora, par exemple, est à flos, préside à la transformation des aliments en chair, à « l'assimilation », à l'exploitation physiologique de tous les aliments, végétaux et animaux. Mais cette matière trop variée se résume, à sa fête, en deux échantillons, justifiés par Ovide comme étant les aliments les plus anciens et par Macrobe comme étant les plus nourrissants : le lard pour les viandes, la fève mélangée à du froment pour les plantes5. Et la fève est particulièrement caractéristique du culte puisque les Calendes de juin en ont reçu le nom de « Calendes des fèves », Kalendae fabariae :

 

On offre en sacrifice à Carna, écrit Macrobe (Saturnalia, I, 12, 33), de la purée de fèves et du lard, aliments qui contribuent plus que tout autre à donner des forces au corps. Comme les fèves mûres sont utilisées dans le culte de ce mois, les Calendes de juin sont aussi appelées vulgairement les « Calendes des fèves ».

 

En fait, les fabae adultae utilisées au premier juin ont dû être récoltées dans la seconde partie de mai6, puisqu'il est par ailleurs prescrit par les agronomes de cueillir ce légume pendant la lune décroissante7.

 

Quel rapport particulier la déesse des Calendes de juin, ainsi comprise, peut-elle avoir avec le dieu des Calendes de février8 ? Pourquoi Ovide dit-il que Carna-Cranè (Granè) est « originaire » du bois sacré de (H) elernus, y « fut semée », ou, à la grecque, que (H) elernus l'a procréée ? Un calcul facile donne la solution : la fève cueillie à la lune décroissante de mai est la faba trimestris, semée trois mois plus tôt en février  et semée, selon une prescription symétrique, dans les derniers jours de la lune croissante9.

Les agronomes romains n'estiment guère cette « fève de printemps10 ». Voici ce qu'en dit Columelle (2, 10, 9), après avoir affirmé que la bonne saison pour semer la fève est l'automne tardif :

 

Passé le solstice d'hiver, les semailles ne se font pas avec grand succès, mais le pire moment est le printemps. Il existe cependant une fève dite trémoise (trimestris), qui se sème en février et qui exige un cinquième de grains de plus que les ensemencements faits à la bonne saison (matura). Mais elle ne produit que de petites tiges et peu de gousses. Aussi ai-je entendu de vieux paysans dire et répéter qu'ils préféraient les simples tiges de la fève de saison aux grains de la fève trémoise.

 

Cette culture de printemps existait cependant et Columelle lui-même, au chapitre précédent (2, 9, 8), s'était montré moins dédaigneux  à condition toutefois qu'on choisît bien l'espèce tard semée :

 

Malgré une opinion répandue, il n'y a pas de semence qui soit, par nature, trémoise : toute semence, utilisée en automne, produit davantage. Néanmoins certaines réussissent mieux que d'autres, parce qu'elles supportent les températures printanières. C'est le cas, par exemple, du froment siligo, de l'orge galate, du blé alicastrum et de la graine de fève marse...

 

Il se peut aussi que la culture printanière ait rencontré plus de faveur dans les temps reculés, quand se sont constitués les cultes qui nous intéressent ici, ceux de la prisca dea de juin et de son antiquus précurseur de février.

Quoi qu'il en soit de ces jugements et préférences, nous constatons une articulation cultuelle recouvrant un rythme de la nature : les fèves de trois mois semées à la fin de la « lune croissante » de février se récoltent à la « lune décroissante » de mai et deux divinités, attachées toutes deux aux Calendes avec les valeurs ominales que comporte ce jour, protègent, l'une, (H) elernus, l'ensemencement imminent du légume et l'autre, Carna, l'usage alimentaire qui commence à en être fait. De même que le culte de Carna annonce la prochaine transformation du légume en chair, le culte de (H) elernus, quatre mois plus tôt, annonce la prochaine transformation de la semence en légume.

 

On comprend aussi pourquoi (H) elernus porte ce nom.

Carna, je l'ai rappelé, tout en mettant la fève à l'honneur dans les rites, patronne l'ensemble de la nourriture, animale et végétale, et l'ampleur de son domaine s'exprime sans doute, quant au règne végétal, par la règle qui impose de joindre, dans l'offrande chaude, le froment, far, à la fève (Ovide, Fast., 6, 170) :

 

 mixtaque cum calidosit faba farre..

Symétriquement, le dieu qui opère au premier temps du processus alimentaire, le dieu des Calendes de février, n'a pas seulement à prévoir, pour son mois, le début de la germination de la faba trimestris : hoc mense serendum omne trimestrium genus, dit Palladius, 3, 2. Et si l'on parcourt dans Columelle le chapitre sur l'horticulture (II, 3), on y voit en outre que le chou et la laitue, l'artichaut et la roquette, le cresson alénois, le coriandre, le cerfeuil, l'anet, le panais, le cervis, le pavot, peuvent être semés, certes, autour des Calendes de septembre, mais plutôt en février, melius ante Kalendas Martias Februario. Et ce n'est pas tout : mense Februario on mettra en terre, soit comme plante soit comme semence, la rue et l'asperge, l'oignon et le poireau, la « racine de Syrie », la rave, le navet... (Cf. Palladius, 3, 24.)

Il semble donc naturel de rapprocher (H) elernus du nom générique (h) olus, pl. (h) olera, « légume, plante potagère », anciennement helus, helusa au témoignage de Verrius Flaccus (Paul p. 89 L1 = 221 L2)11 et sans doute, plus anciennement encore, avec alternance vocalique, *helus, *helesa. Le sens originel de ce mot est « plante verte » : il provient de la racine indo-européenne qui a donné le grec χλόη « gazon, herbe tendre », le v.-slave zelen « vert » (et le russe zelenʹ « légume, herbe potagère »), etc.12. Les derniers phonèmes de (H) elernus peuvent s'expliquer de plusieurs manières13. La plus simple est de partir d'un dérivé de (h) elus, * (H) eles-ino-, qui aurait subi la même syncope que, par exemple, ornus « orne », de *osino- (cf. v.-slave jasen')14.

Je terminerai par trois remarques.

1. Du précieux commentaire que M.J.-B. Pighi vient de faire des données de ce problème dans son édition des Fastes (Corpus Scriptorum Latinorum Paravianum, 1973, vol. II, p. 62-63), on pourrait tirer la matière d'une difficulté. Le sanctuaire de Carna est situé sur le Caelius (Macrobe, Saturn. I, 12, 31) et le lucus de (H) elernus au bord du Tibre : que peut donc signifier l'expression d'Ovide : « Carna a été engendrée par (H) elernus » ou « provient par ensemencement du bois sacré de (H) elernus » ? Une telle filiation ne devrait-elle pas imposer des localisations cultuelles voisines, sinon contiguës, ou même cohabitation dans le même lucus ? Je ne le pense pas : si la cérémonie des Calendes de février concerne en effet l'ensemencement imminent des fèves trémoises, celle des Calendes de juin n'est pas en rapport avec la récolte de ces fèves, déjà faite, mais avec leur consommation, après récolte, transport et cuisson. Or, on peut manger un produit fort loin de l'endroit où sa matière première a été semée et récoltée : l'une des opérations touche à la vie de la plante, qui s'achève où elle a commencé, la seconde à la vie, animale et donc mobile, de l'homme. Ovide dit seulement, en poète, que la déesse qui donne à la purée de fèves sa vertu nourrissante et fortifiante et la transforme en « chair », est « la fille » du dieu qui a présidé à l'ensemencement de ces fèves.

2. L'explication de (H) elernus et de son rapport à Carna engage à préférer, pour le nom grec que reçoit cette déesse, l'initiale G, d'ailleurs plus abondamment représentée que C dans la tradition manuscrite. Certes, puisqu'il s'agit d'un mot artificiel qui est censé avoir été déformé en « Carna », « Cranè » semble d'abord préférable. Mais alors pourquoi Ovide n'a-t-il pas grécisé sans plus « Carna » en « Carnè » ? Pourquoi ce déplacement de r dans la première syllabe ? On allègue parfois κρήνη « source », sous une forme à moitié, mais à moitié seulement, dorienne, *κράvη ; M. Pighi, lui, choisit Crăniè, qui rappellerait κρανία ou κράνɛια « corne » et ferait allusion aux branches du buisson épineux dont Ovide parle ensuite à propos de la nymphe, « nempe Carna, dit mon savant collègue, arbuto et spina utitur (v. 155-165) ; totus igitur lucus [= le bois de (H) elernus] vires dedisse nymphae luci filiae (v. 103, 107) videtur ». Je crois qu'il y a une explication plus simple. Ovide a fait non pas un, mais deux à-peu-près sur « Carna ». L'un est Cardea, déesse du « gond », et nous vaut une idylle violente entre la nymphe et Janus, puis des rites (y compris les rameaux d'aubépine) qui concernent non Carna, mais, par le cardo (v. 127), la protection des portes domestiques. L'autre est de lecture incertaine, mais la majorité des variantes commence par gra-, non par cra: à l'accusatif grāmen (grammen), grānem (grannen, grangen; le jeu de mots est donc soit avec grāmen « gazon », soit avec grānum « grain », et, puisqu'il s'agit avant tout de fèves aux Kalendae fabariae, la seconde explication paraît préférable ; je croirais volontiers que Grānè est simplement « le grain », mis au féminin et costumé en nymphe grecque. Dans ce genre de divertissement, les érudits de l'Antiquité n'avaient pas un respect sans limite pour les consonnes initiales ; témoin l'étymologie grecque que la déesse Flora revendique pour son nom bien latin dans la réponse qu'elle daigne faire au même enquêteur (Fast. 5, 195-196) :

 

 « Chloris » eram, quae « Flora » uocor : corrupta latino

 nominis est nostri littera graeca sono.

J'étais « Chloris », moi qui suis appelée « Flora » : du grec au latin, une lettre de mon nom s'est altérée.

 

3. L'intervention des pontifes dans le culte de (H) elernus  de quelque manière qu'on se le représente, car les expressions d'Ovide sont vagues (illuc sacra ferunt, lucus celebraturpeut s'expliquer de deux manières. Les pontifes recueillaient normalement les cultes vieillis, sans prêtres titulaires : jusqu'à la restauration augustéenne, par exemple, ils administraient l'héritage des Arvales. D'autre part le ravitaillement de Rome était chose assez sérieuse pour que les sacerdotes publici eussent la charge d'en assurer les fondements religieux : ne s'intéressaient-ils pas aussi, par exemple, à l'Ops Consiua, à « l'Abondance engrangée » de la Maison du Roi ?


1 L'essentiel de cette étude a paru en anglais dans Journal of Indo-European Studies, I, 3, 1973 (Papers on Italic Topics pres. to James W. Poultney), p. 304-308.

2 Je ne crois pas qu'on puisse comprendre nunc comme « hoc eodem die, ce même jour dont je parle, premier juin ». Il serait étrange qu'un sacrifice à (H) elernus soit mentionné pour ce jour à propos de Carna avant qu'il ait été question du sacrifice à Carna elle-même.

3 V. les apparats critiques et les commentaires de F. Bömer aux deux passages, P. Ovidius Naso, Die Fasten, 1947, I, p. 98 et 262-263 ; II, p. 86 et 348.

4 Idées romaines, 1969, p. 253-271 ; repris de Revue des études latines, 38, 1960, p. 87-98, et 39, 1961, p. 87-91.

5 V. le bon article « Bohne » (par Olck) dans la Real-Encyklopädie de Pauly-Wissowa, III, 1899, col. 609-627 (notamment col. 614-616).

6 D'autres fèves plus tardives encore (faba serotica) attendront un mois : la lune décroissante de juin, Columelle, II, 2, 50.

7 Silente luna... ante lucem, Columelle, 2, 10, 12 ; luna minuente... ante lucem sane, Palladius, 7, 3, 2.

8 Sur les variations dans les computs préjuliens, sur les rapports entre des rites liés évidemment à un état saisonnier et leur date fixe dans le calendrier, v. mes remarques dans Mythe et épopée III, 1973, p. 319-322, 331-337 (discussion de critiques de Mme Agnes Kirsopp Michels), et ci-dessus, p. 9-10.

9 Columelle, 2, 10, 10 adhuc lunae crescente lumine (le 15e ou le 14e jour de cette quinzaine ; cf. Palladius, 12, I, 3).

10 Le uere fabis satio de Virgile, Georg. I, 215, se rapporte à un autre climat, celui de la plaine du Pô. Il faut naturellement tenir compte aussi des « caprices » des saisons : Columelle, avant d'exposer par moitiés de mois son calendrier des travaux agricoles (II, 2, 3), admet, suivant les circonstances, une avance ou un retard d'un demi-mois. C'est sans doute aussi la raison de quelques divergences entre Columelle et Palladius : selon ce dernier, orge de Galatie semé en janvier ; en mars, quelques ensemencements maraîchers que Columelle prévoit pour février.

11 Helus et helusa antiqui dicebant quod nunc holus et holera.

12 On exagérerait à peine l'articulation des deux cultes en disant que (H) elernus fait passer le futur aliment du sombre au vert et que Carna fait passer l'aliment consommé du vert végétal au rose, à l'« incarnat », du teint : cf. Cranè (Granè) rendant les couleurs à l'enfant blafard, épuisé par les Stryges (Ovide, Fast. 6, 168 : et rediit puero, qui fuit ante, color), et le legs fait par un Romain de Pannonie à un Collegium fabrum à charge uti rosas Carnar (iis) ducant (CIL III, 3893, avec mon commentaire, Idées romaines, p. 257).

13 On peut aussi penser à la manière dont on interprète d'ordinaire cauerna en regard de cauus « Creux » : on allègue une forme suffixée en r, du type grec κύ-ɑρ « trou » (cf. nouerca expliqué par référence à grec νɛ-αρός arm. no-r) ; justement des dérivés en r de la racine * ghel sont bien connus, mais hors du latin et avec des significations déplaisantes : grec χoλ-έρ-α (de χόλη « bile »), v. irlandais gal-ar « maladie (en général) » (cf. gallois gal-ar « douleur »). On peut aussi supposer une influence analogique de la finale du nom de Carna, déesse si étroitement articulée au dieu ; ou admettre un pseudo-suffixe fabriqué par « fausse perception » à partir des nombreux mots en -e-r-no-, avec er légitime (aeternus, etc. ; cf. lucerna, Lauerna, Auernus). Bien qu'il ne concerne pas (H) elernus, on consultera sur l'élément -erna et ses multiples valeurs l'article de R. Heine, « Cavum und caverna », Glotta 49, 1971, p. 266-289 (notamment 276). Je ne comprends pas K. Latte, Römische Religionsgeschichte, 1960, p. 434, n. I : « Das Suffix führt auf einen Orts- oder Flussnamen. »

14 Il est plus que douteux qu'il faille remplacer l'étrange aeterno par Elerno dans Paul p. 83 L1 = 212 L2 : furuum bouem, id est nigrum, immolabant * aeterno. Certains ont déduit de la phrase ainsi corrigée qu' (H) elernus était une divinité infernale. Cette conclusion devrait être nuancée : l'Unterwelt de (H) elernus est superficielle, se limite à l'épaisseur de terre sous laquelle sont enfouis et germent les grains. Mais cela pourrait en effet suffire à justifier une victime noire et (H) elernus ne serait pas la seule divinité de ce niveau à présenter des traits « infernaux » : non par la couleur de ses victimes, mais par l'emplacement du mundus et par certains usages funéraires, c'est notamment le cas de la protectrice de toute « croissance », de l'associée de Tellus, Cérès. Personnellement, je lirais plutôt Auerno dans la phrase de Paul, avec le sens (poétique ?) : « aux divinités des Enfers », ce qui ramènerait la glose à une doctrine courante (G. Wissowa, Religion und Kultus der Römer, 2e éd., 1912, p. 413, n. 6). J.-B. Pighi pense pouvoir sauver aeterno, ou plutôt Aeterno, dans lequel il reconnaît l'entité dont Jean le Lydien, De mensibus 4, I, signale qu'elle avait à Rome une fête, ἑορτὴν Aἰῶνoς, le 5 janvier (Fasti, vol. II, p. 63) ; sur le dieu Aeternus (à l'époque impériale), v. Wissowa, op. cit., p. 365, n. 2.