Les exposés qui précèdent ont fait intervenir, dans des proportions variables, les divers moyens d'interprétation que quarante ans d'usage ont à peu près mis au point. L'un d'eux cependant n'a que peu servi, alors que, sous le titre « Mythe et épopée », il a dominé mon travail dans la dernière décennie. Progressivement, en effet, il est apparu que ce que les Romains du temps de Cicéron ou d'Auguste, et déjà d'Ennius et des annalistes, considéraient comme l'histoire des premiers siècles de leur ville est en grande partie formé de mythes, souvent de mythes de fêtes, perdus comme tels et transposés en aventures humaines, nationales. La transposition a été faite de plus d'une manière, mais en pleine conscience, avec talent et réflexion. Les inconnus qui en ont été les artisans et que divers indices engagent à situer dans les trois derniers quarts du quatrième siècle et dans le premier quart du troisième, méritent l'admiration.
L'un des principaux résultats, le dernier publié, a été l'interprétation de la partie militaire de la geste de Camille à la lumière de la théologie et des rituels de la déesse que la tradition présente comme sa protectrice et son obligée, Mater Matuta, l'Aurore. Les deux premières des Questions qui suivent étendent cette exégèse dans deux directions.
Un autre résultat, publié dès 1941 et constamment amélioré depuis lors, a été d'interpréter la naissance de Rome par l'union de trois ou de deux composantes, en même temps ethniques et fonctionnelles, comme la réplique romaine de mythes germaniques et indiens expliquant la formation de la société non plus humaine, mais divine, par l'association difficile de groupes, d'abord séparés, représentant « les trois fonctions ». La Troisième Question montrera que ce « modèle » des premiers temps de la Ville, parfaitement compris des préannalistes, a été démarqué par eux dans une seconde légende rapportée, elle, aux premiers temps de la République et chargée d'intentions politiques.