Georges Dumézil
Fêtes romaines d'été et d'automne / Dix questions romaines
Après avoir, dans plusieurs livres, abordé la religion romaine par la théologie, corps de doctrine souple, évoluant, mais cohérent, l'auteur a souhaité l'observer en action, gouvernant la vie des Romains à travers les fêtes publiques fixes inégalement distribuées sur les quatre saisons. Cette matière n'avait pas été traitée dans son ensemble depuis The Roman Festivals of the Period of the Republic, de W. Warde Fowler (1899).
Si les fêtes d'été et d'automne passent ici les premières, c'est qu'il fallait aller au plus urgent. Tout n'est certes pas clair dans la partie du férial qui s'étend de décembre à juin, du moins est-elle éclairée par l'érudit et élégant répertoire de rites et de légendes que sont les Fastes d'Ovide. Mais Ovide n'a pu achever son œuvre. Pour cette raison et pour quelques autres, beaucoup de fêtes de la « belle saison » sont aujourd'hui encore de petits mystères : que sont les doubles Lucaria, les Neptunalia, les Furrinalia qui se pressent dans la seconde quinzaine de juillet ? Et, dans les mois qui suivent, que sont les Volturnalia, les Meditrinalia ? Des moyens d'explication, jusqu'à présent négligés, permettent de proposer partout des réponses plausibles. Après ces fêtes qui toutes concernent le bon usage, alimentaire ou autre, de la nature, la fin du temps des activités martiales appelle des rites propres, notamment le sacrifice du « Cheval d'Octobre » au milieu de ce mois, qui ne peuvent être pleinement compris que par référence au passé indo-européen des Romains et aux autres vestiges de rituels royaux dont l'Inde védique fournit de proches variantes. L'absence complète de fêtes dans les deux mois – septembre, novembre – où se sont développés, autour des Ides, de grands jeux en l'honneur de Jupiter, pose un problème qui ne paraît pas insoluble.
Sous le titre « Questions Romaines », dix appendices ont été joints à cette étude. Quatre sont consacrés à combattre l'interprétation, sans cesse renaissante, du Cheval d'Octobre, et, à travers lui, de Mars en rituel et en dieu agraires. Trois résolvent des problèmes de théologie mineure : que sont le dieu (H) elernus, la déesse Vacuna, et cette Necessitas qui, dans une Ode d'Horace, est dite « aller toujours devant » la Fortune ? Les trois derniers prolongent deux études publiées en 1973, dans Mythe et Épopée III, sur les légendes de Camille et de Publicola.