NOTE DU TRADUCTEUR

T.E. Lawrence ne veut ni imaginer ni sentir, il ne voit que lorsque les choses s'imposent à lui. Son génie est de faire vivre des entités, les mêlant aux personnages du désert : la honte, la gloire, l'abjection, la servitude, l'échec, le triomphe... Ce ne sont pas des abstractions mais des Puissances, des Témoins hallucinés. Idées, choses et personnes sont projetées dans un même élément qui n'est ni le réel ni la fiction.

La langue de Lawrence, heurtée, tumultueuse, agitée de fantômes, pleine de sons et de couleurs intenses, en tire sa beauté, son étrangeté ; c'est une violence faite au langage.

C'est cela que j'ai essayé de rendre, cette langue qui est « une vraie bête, et ce livre est sa peau galeuse, séchée, empaillée et dressée à la face des hommes ».

 

J. DELEUZE