Le Northbrook, un navire de la Marine indienne, était à quai à Rabegh. À bord se trouvait le Colonel Parker, notre officier de liaison avec Chérif Ali, à qui il envoya la lettre que je tenais d'Abdulla, donnant à Ali les « ordres » de son père de m'envoyer immédiatement auprès de Fayçal. Ali fut déconcerté par leur teneur, mais ne pouvait rien faire, car son seul moyen de télégraphier à La Mecque était le sans-fil du navire, et il avait honte d'envoyer ses protestations personnelles par notre entremise. Aussi fit-il contre mauvaise fortune bon cœur, et prépara pour moi son propre chameau de monte, magnifique, sellé de sa propre selle, chargé de luxueux caparaçons et coussins de cuir du Nedjd, marquetés et incrustés de couleurs variées, avec des franges tressées et des filets brodés de métal. Il choisit pour homme de confiance Tafas el-Raashid, de la tribu des Hawazi Harb, avec son fils, afin de me guider au camp de Fayçal.
Il fit tout cela de la meilleure grâce, parce que j'avais le soutien de Nouri Saïd, l'officier d'État-major de Bagdad dont j'étais autrefois devenu l'ami au Caire, quand il était malade. Nouri commandait maintenant en second les troupes régulières qu'Aziz el-Masri levait et entraînait ici. Un autre ami à la cour était Faïz el-Ghusein, un secrétaire particulier. C'était un Sheik Suluk du Hauran, ancien officiel du Gouvernement turc, qui s'était enfui en traversant l'Arménie durant la guerre et avait fini par rejoindre Miss Gertrude Bell à Basra. Elle me l'avait envoyé avec de chaudes recommandations.
Pour Ali lui-même, j'éprouvais une grande inclination. De taille moyenne, mince, il faisait déjà plus que ses trente-sept ans. Il était un peu voûté, avait le teint plombé, les yeux grands, profonds et bruns, le nez fin et plutôt crochu, la bouche triste et tombante, la barbe noire et rare, et des mains très délicates. Des façons dignes et admirables, mais directes, il me fit l'impression d'un gentilhomme agréable, consciencieux, sans grande force de caractère, nerveux et assez fatigué. Sa faiblesse physique (il souffrait de consomption) le rendait sujet à de brefs accès de passion tremblante, précédés et suivis de longues humeurs d'obstination infirme. C'était un homme de bibliothèque, versé en droit et en religion, et pieux presque jusqu'au fanatisme. Il avait trop conscience de son héritage élevé pour être ambitieux et était de nature trop nette pour voir ou soupçonner des motifs intéressés chez ceux qui l'entouraient. En conséquence, il était la proie facile de tout compagnon habituel, et trop sensible aux conseils pour un grand chef, bien que la pureté de son intention et de sa conduite lui valût l'amour de ceux qui se trouvaient directement en contact avec lui. Si Fayçal se révélait n'être pas un prophète, la révolte pourrait assez facilement mettre Ali à sa tête, en remplacement. Je le pensais plus profondément arabe qu'Abdulla, ou que Zeid, son demi-frère cadet qui le secondait à Rabegh, et vint avec Ali, Nouri et Aziz aux palmeraies pour me voir prendre le départ. Zeid, garçon de dix-neuf ans peut-être, imberbe, pâle, timide, calme et désinvolte, n'était pas un zélote de la révolte. En vérité, de mère turque, et élevé dans le harem, il ne pouvait guère ressentir de grande sympathie pour une renaissance arabe, mais il fit de son mieux pour être agréable en ce jour, et surpassa Ali, peut-être parce qu'il ne se sentait guère outragé par le départ d'un chrétien pour la Province Sainte sous les auspices de l'Émir de La Mecque. Zeid, bien sûr, était moins encore qu'Abdulla le chef-né de ma quête. Pourtant je l'appréciais, et voyais que ce serait un homme décidé quand il se serait trouvé lui-même.
Ali ne voulut me laisser partir qu'après le coucher du soleil, de crainte que certains de ses hommes me voient quitter le camp. Il garda mon voyage secret même de ses esclaves, et me donna une robe arabe et un couvre-tête à envelopper autour de moi et de mon uniforme, pour présenter une silhouette convenable dans le noir, sur mon chameau. Je n'emmenais pas de provisions, aussi ordonna-t-il à Tafas de trouver quelque chose à manger à Bir el-Sheik, le premier lieu habité, à quelque soixante milles, et le chargea très rigoureusement de me protéger des questions et de la curiosité en chemin, et d'éviter tous les campements et les rencontres. Les Masrouh Harb, qui habitaient Rabegh et le district, ne servaient le Chérif que du bout des lèvres. Leur véritable allégeance allait à Hussein Mabeirig, l'ambitieux Sheik du clan, jaloux de l'Émir de la Mecque et brouillé avec lui. Maintenant fugitif, il vivait dans les collines de l'est, et on le savait en contact avec les Turcs. Son peuple n'était pas notoirement pro-turc mais lui devait obéissance. S'il avait entendu parler de mon départ, il eût fort bien pu ordonner à une bande de ses hommes de m'arrêter lorsque je traverserais son district.
Tafas était un Hazimi, de la branche Béni Salem des Harb, et ne se trouvait donc pas en bons termes avec les Masrouh. Cela le rapprochait de moi et, quand il eut accepté la mission de me conduire auprès de Fayçal, nous pûmes lui faire confiance. La fidélité des compagnons de route était très chère aux hommes des tribus arabes. Le guide devait répondre devant un public sentimental de la vie de son compagnon, même au prix de la sienne. Un Harbi ayant promis d'emmener Huber à Médine, qui avait renié sa parole et l'avait tué sur la route près de Rabegh en découvrant qu'il était chrétien, avait subi l'ostracisme de l'opinion publique et, malgré les préjugés religieux qui jouaient en sa faveur, vécut ensuite misérablement seul dans les collines, coupé de toute relation amicale, et se vit refuser la permission d'épouser aucune des filles de la tribu. Aussi pouvions-nous nous reposer sur la bonne volonté de Tafas et de son fils Abdulla ; et Ali s'efforça par des instructions détaillées d'assurer que leur action fût aussi bonne que leur intention.
Nous traversâmes les palmeraies qui s'étendaient comme une gaine autour des maisons dispersées du village de Rabegh, puis sortîmes sous les étoiles dans le Téhama, la bande sablonneuse et sans relief de désert qui borde la côte occidentale de l'Arabie, entre la plage et les collines du littoral, pendant des centaines de milles monotones. Dans la journée, cette plaine basse était intolérablement chaude, et l'absence d'eau en faisait une route rebutante ; impossible pourtant de l'éviter, puisque les collines plus fécondes étaient trop accidentées pour que des bêtes de somme puissent y passer du nord au sud.
La fraîcheur de la nuit était agréable après la journée de contraintes et de discussions qui s'était tellement étirée à Rabegh. Tafas ouvrait la voie sans parler, et les chameaux marchaient silencieusement sur le sable doux et uni. Pendant que nous cheminions, mes pensées se portèrent sur cette route des pèlerins le long de laquelle, pendant des générations sans nombre, les gens du Nord étaient venus visiter la Ville Sainte, apportant de pieuses offrandes au sanctuaire ; et il semblait que la Révolte arabe pouvait en un sens être un pèlerinage en retour, pour ramener au nord, en Syrie, un idéal en échange d'un autre, une croyance en la liberté contre leur ancienne croyance en une révélation.
Nous continuâmes quelques heures, sans variété sauf quand les chameaux enfonçaient et peinaient un peu, et que les selles craquaient : indication que la molle plaine s'était fondue en bancs de sable mobile, parsemés de petites broussailles, formant ainsi un terrain irrégulier, puisque les plantes amassaient de petits monticules autour de leurs racines et que les tourbillons de vents marins écopaient les espaces qui les séparaient. Les chameaux ne semblaient pas avoir le pied sûr dans le noir, et le sable éclairé par les étoiles ne portait que peu d'ombres, si bien que les tertres et les creux étaient difficiles à voir. Nous fîmes halte avant minuit, je m'enroulai plus étroitement dans mon manteau, choisis une cavité de ma taille et de ma forme, et y dormis bien, presque jusqu'à l'aube.
Dès qu'il sentit l'air se rafraîchir à cause du changement qui s'annonçait, Tafas se leva et, deux minutes plus tard, nous avions repris notre route oscillante. La clarté arriva au bout d'une heure, pendant que nous gravissions un col de lave assez bas, noyé presque jusqu'au sommet dans le sable apporté par le vent. Il unissait une petite coulée, près du rivage, au champ de lave principal du Hedjaz, dont la lisière occidentale courait à main droite, et forçait la route côtière à s'étendre comme elle le faisait. Le col était rocheux, mais court : de chaque côté, la lave bleue se bombait en épaulements bas d'où, comme dit Tafas, on pouvait voir les navires en mer. Des pèlerins avaient construit là des tumulus le long de la route. C'étaient parfois des piles individuelles, trois pierres disposées l'une sur l'autre ; parfois des amas collectifs auxquels tout passant, s'il le voulait, pouvait ajouter sa pierre – non pas raisonnablement, ni avec un motif qu'on pût savoir, mais parce que d'autres l'avaient fait, et savaient peut-être.
Au-delà de la crête, la piste descendait dans une zone verte, la Mastourah, la plaine par laquelle le Wadi Foura se déversait dans la mer. Sa surface était couturée d'innombrables rigoles entrelacées, faites de gravier, ayant quelques pouces de profondeur : les lits des eaux d'orage lors de ces rares occasions où il pleuvait dans le Tareif et où les cours d'eau, comme des fleuves, faisaient rage jusqu'à la mer. Ici, le delta avait environ six mètres de largeur. L'eau y coulait par endroits une heure ou deux, ou même un jour ou deux, une fois en plusieurs années. En sous-sol, il y avait beaucoup d'humidité, préservée de la chaleur solaire par la couche de sable ; des épineux et des buissons épars en profitaient et florissaient. Certains des troncs faisaient un pied de diamètre, ils pouvaient avoir vingt pieds de hauteur. Les arbres et les buissons étaient séparés, en bosquets, leurs branches basses broutées par les chameaux affamés. Aussi paraissaient-ils entretenus, et avaient un air prémédité, qui donnait une étrange impression dans les terres sauvages, d'autant plus que le Téhama avait jusqu'ici été d'une sobre nudité.
À deux heures en amont, me dit Tafas, se trouvait la gorge par laquelle le Wadi Foura sortait des dernières collines de granit, et là avait été construit un petit village, Khoreiba, fait de rigoles d'eau courante, de puits et de palmeraies, habité par une petite population d'affranchis occupés à la culture des dattes. C'était important. Nous n'avions pas compris que le lit du Wadi Foura servait de route directe des abords de Médine aux faubourgs de Rabegh. Il se trouvait si loin au sud et à l'est des positions supposées de Fayçal dans les collines qu'on pouvait difficilement le croire sous son contrôle. De plus, Abdulla ne nous avait pas avertis de l'existence de Khoreiba, quoiqu'elle affectât matériellement la question de Rabegh en offrant à l'ennemi un endroit possible où trouver de l'eau, protégé de notre intervention et des canons de nos bâtiments de guerre. À Khoreiba, les Turcs pouvaient concentrer une force importante pour attaquer la brigade que nous nous proposions de former à Rabegh.
En réponse à des questions plus poussées, Tafas révéla qu'il y avait à Hadjar, à l'est de Rabegh dans les collines, un autre point d'eau aux mains des Masrouh, qui servait maintenant de quartier général à Hussein Mabeirig, leur chef turcophile. Les Turcs pouvaient faire leur étape suivante de Khoreiba vers La Mecque en laissant Rabegh intacte et inoffensive sur leur flanc. Ce qui signifiait que la brigade anglaise demandée serait incapable de sauver La Mecque des Turcs. Ce dessein nécessiterait une force ayant un front ou un rayon d'action de quelque vingt milles, afin d'interdire les trois points d'eau à l'ennemi.
Pendant ce temps, dans le soleil matinal, nous avions enlevé nos chameaux en un trot régulier sur le terrain facile de ces parterres de cailloux entre les arbres, faisant bonne route vers Mastourah, la première étape depuis Rabegh sur la route des pèlerins. Là, nous pourrions nous abreuver et faire une courte halte. Ma chamelle me ravissait, car je n'avais jamais monté un tel animal auparavant. On ne trouvait pas de bons chameaux en Égypte, et ceux du désert du Sinaï, quoique robustes et forts, n'étaient pas entraînés à un pas régulier, doux et rapide, comme ces riches montures des princes arabes.
Pourtant, ses talents furent en grande partie gaspillés ce jour-là, car ils étaient destinés à des cavaliers qui savaient les utiliser et les réclamaient, et non pas à moi qui me contentais d'être porté et n'avais aucun sens de la façon de tenir en selle. Il est aisé de rester assis sur une chamelle sans tomber, mais très difficile d'en obtenir le maximum afin de faire de longs voyages sans fatiguer le cavalier ni la bête. Tafas me donnait à mi-mots des indications pendant que nous avancions ; c'était en vérité un des seuls objets dont il acceptait de parler. Les ordres qu'il avait reçus de me préserver de tout contact avec le monde semblaient même lui avoir fermé la bouche. Dommage, car son dialecte m'intéressait.
Tout près de la rive nord du Mastourah, nous trouvâmes le puits. Derrière lui, on voyait des murs de pierre sèche en ruines qui avaient été une cabane et, en face, de petits abris de branches et de feuilles de palmier sous lesquels étaient assis quelques Bédouins. Nous ne les saluâmes pas. Tafas préféra se tourner vers les murs croulants et mit pied à terre ; je m'assis à l'ombre pendant qu'Abdulla et lui abreuvaient les bêtes, puis tiraient de l'eau pour eux et pour moi. Le puits était vieux et large, avec une bonne margelle de pierre, et une forte voûte au sommet. Il faisait environ vingt pieds de profondeur et, pour la commodité des voyageurs dépourvus de cordes, comme nous, on avait ménagé une cheminée carrée dans la maçonnerie, avec des prises pour les mains et les pieds dans les angles, afin qu'un homme pût descendre jusqu'à l'eau et remplir son outre en peau de chèvre.
Des mains oisives avaient jeté tant de pierres dans le conduit que le fond du puits était à moitié bouché, et l'eau peu abondante. Abdulla attacha ses manches flottantes autour de ses épaules, replia sa robe sous sa cartouchière, descendit et remonta lestement, ramenant à chaque fois quatre ou cinq gallons qu'il versa à nos chameaux dans un abreuvoir de pierre à côté du puits. Ils burent chacun cinq gallons environ, car ils avaient été abreuvés à Rabegh un jour plus tôt. Puis nous les laissâmes errer un moment pendant que nous restions assis en paix, respirant la brise légère qui venait de la mer. Abdulla fuma une cigarette en récompense de ses efforts.
Quelques Harb survinrent, conduisant un grand troupeau de jeunes chameaux, et commencèrent à les abreuver, ayant envoyé un homme en bas du puits pour remplir le grand seau en cuir que les autres tiraient main sur main avec un grand chant staccato. Nous les regardions sans nous mêler à eux, car ils étaient des Masrouh, et nous des Béni Salem ; et bien que les deux clans fussent maintenant en paix, et libres de traverser leurs districts réciproques, ce n'était qu'un arrangement temporaire pour favoriser la guerre du Chérif contre les Turcs, sans bonne volonté très profonde.
Pendant que nous regardions, deux cavaliers venant du nord s'approchèrent de nous au trot léger et rapide de leurs chameaux pur-sang. Jeunes tous deux, l'un était vêtu de riches robes de Cachemire et d'un lourd couvre-tête brodé de soie ; l'autre, plus simple, en coton blanc, avec un couvre-tête de coton rouge. Ils firent halte à côté du puits ; le plus magnifique des deux glissa gracieusement au sol sans faire agenouiller son chameau, et jeta le licol à son compagnon, disant avec désinvolture : « Abreuve-les pendant que je me repose. » Puis, comme un flâneur, il vint s'asseoir à l'ombre de notre mur, après nous avoir jeté un coup d'œil studieusement indifférent. Il offrit une cigarette, tout juste roulée et léchée, en disant : « Vos seigneuries viennent de Syrie ? » J'esquivai poliment, suggérant qu'il venait de La Mecque, ce à quoi il ne fit pas plus de réponse directe que moi. Nous parlâmes un moment de la guerre et de la maigreur des chamelles Masrouh.
Cependant l'autre cavalier restait debout, tenant distraitement les licols, attendant peut-être que les Harb aient fini d'abreuver leur troupeau avant de prendre son tour. « Qu'y a-t-il, Mustapha ? Fais-les boire tout de suite », s'exclama le jeune seigneur. Le serviteur s'approcha pour dire d'un air lugubre : « Ils ne me laisseront pas faire. »« Par la pitié de Dieu ! » cria furieusement son maître en se levant d'un bond et en donnant à l'infortuné Mastapha trois ou quatre coups secs de sa cravache sur la tête et les épaules. « Va leur demander. » Mustapha parut blessé, stupéfait et furieux, comme s'il allait rendre les coups, mais il réfléchit et courut vers le puits.
Les Harb, choqués, lui firent place par pitié et laissèrent ses deux chameaux boire dans leur abreuvoir. « Qui est-ce ? » murmurèrent-ils, et Mustapha répondit : « Le cousin de notre Seigneur de La Mecque. » Ils coururent immédiatement détacher un ballot d'une de leurs selles et répandirent devant les deux chameaux du fourrage composé de feuilles vertes et de bourgeons d'arbres épineux. Ils avaient coutume de le récolter en frappant les buissons bas avec un lourd bâton, jusqu'à ce que les extrémités brisées des branches pleuvent sur une toile étalée à terre.
Lejeune Chérif les regardait avec satisfaction. Quand son chameau eut mangé, il escalada lentement et sans effort apparent son cou jusqu'à la selle où il s'installa à loisir, et nous fit des adieux pleins d'onction, demandant à Dieu de récompenser généreusement les Arabes. Ils lui souhaitèrent bon voyage, et il partit vers le sud tandis qu'Abdulla amenait nos chameaux et que nous nous dirigions vers le nord. Dix minutes plus tard, j'entendis un rire étouffé qui venait du vieux Tafas, et vis des rides de joie entre sa barbe grisonnante et sa moustache.
« Qu'as-tu, Tafas ? demandai-je.
« Seigneur, tu as vu ces deux cavaliers au puits ? »
« Le Chérif et son serviteur ? »
« Oui ; mais c'était Chérif Ali ibn Hussein de Modhig, et son cousin, Chérif Mohsin, seigneurs des Harith, qui sont des ennemis de sang des Masrouh. Ils craignaient d'être retardés ou chassés du puits si les Arabes les reconnaissaient. Aussi ont-ils prétendu être maître et serviteur, venus de La Mecque. Avez-vous vu la fureur de Mohsin quand Ali l'a frappé ? Ali est un diable. Alors qu'il n'avait que onze ans, il s'est échappé de la maison de son père et est allé chez son oncle, détrousseur de pèlerins par métier, et il a vécu auprès de lui de nombreux mois, en mettant la main au travail, jusqu'à ce que son père le rattrape. Il a été avec notre seigneur Fayçal depuis la bataille du premier jour à Médine, et a commandé les Ateiba dans les plaines autour d'Aar et de Bir Derwish. C'était entièrement du combat à chameau, et Ali ne voulait avec lui d'aucun homme qui ne pût, comme lui, courir à côté de sa monture et bondir en selle d'une main en tenant son fusil. Les enfants des Harith sont les enfants de la bataille. » Pour la première fois, la bouche du vieil homme était pleine de mots.