La nuit était tombée longtemps avant que notre caravane quittât Bair, ayant fait provision d'eau. Nous, les chefs, nous attendîmes encore plus longtemps, pendant que les Zebn se préparaient. Les arrangements de Mifleh comprenaient une visite à Essad, l'ancêtre présumé du clan, dans sa tombe décorée, près de la sépulture d'Annad. Les Béni Sakhr étaient déjà assez sédentarisés pour s'être revêtus des superstitions sémitiques villageoises de lieux sacrés, d'arbres saints et d'autels funéraires. Sheik Mifleh pensa que l'occasion était bonne pour ajouter une nouvelle cordelière à la collection loqueteuse enroulée autour de la stèle d'Essad et, de façon caractéristique, nous demanda de fournir l'offrande. Je lui remis un de mes riches ornements de La Mecque en soie rouge à fils d'argent, en faisant remarquer que la vertu de l'offrande revenait au donateur. L'économe Mifleh me pressa d'accepter en échange un demi-penny, afin qu'il pût arguer d'un achat ; et quand je passai par là quelques semaines plus tard et constatai la disparition du fastueux objet, il maudit à voix haute devant moi le sacrilège de quelque Shérari impie qui avait volé son ancêtre. Turki m'en aurait dit davantage.
Un vieux sentier raide nous fit sortir de Wadi Baïr. Près de la couronne d'une crête, nous trouvâmes les autres bivouaquant pour la nuit autour d'un feu, mais il n'y avait ni conversation ni café cette fois-ci. Nous nous allongeâmes, serrés les uns contre les autres, silencieux et tendant l'oreille, pour saisir la pulsation des canons d'Allenby. Ils étaient éloquents, et des éclairs de chaleur, à l'ouest, leur faisaient des flammes de départ.
Le lendemain, nous passâmes à gauche des Thlaithukhwat, les « trois sœurs », dont les pics blancs et nets formaient un repère, sur leurs hauts versants, à une journée de voyage tout autour, et descendîmes les pentes qui roulaient doucement plus loin. L'exquise matinée de novembre avait la douceur d'un été anglais ; mais il fallait résister à sa beauté. J'occupais les haltes et passais les étapes dans les rangs des Béni Sakhr, exerçant mon oreille à leur dialecte et emmagasinant dans ma mémoire les indications tribales, familiales ou personnelles qu'ils laissaient tomber.
Dans le désert peu habité, tous les hommes honorables se connaissaient entre eux ; et, au lieu de livres, ils étudiaient leurs générations. Rester à court de telles connaissances vous marquait soit comme mal élevé, soit comme étranger ; et on n'admettait pas les étrangers aux conversations familières, aux conseils ou aux confidences. Il n'y avait rien de si épuisant, et pourtant rien de si important pour le succès de mon entreprise, que cette constante gymnastique mentale d'omniscience apparente, chaque fois que nous rencontrions une nouvelle tribu.
À la tombée de la nuit, nous campâmes dans un affluent de Wadi Djesha, près de quelques buissons au léger feuillage gris-vert qui plurent à nos chameaux et nous donnèrent du bois à brûler. Cette nuit-là, les canons furent très clairs et bruyants, peut-être parce que le creux intermédiaire de la mer Morte faisait rebondir les échos sur notre haut plateau. Les Arabes murmuraient : « Ils sont plus proches ; les Anglais avancent ; Dieu sauve les hommes qui se trouvent sous cette pluie. » Ils pensaient avec compassion aux Turcs qui mouraient, depuis si longtemps leurs faibles oppresseurs, qu'ils aimaient pour leur faiblesse et malgré l'oppression, plus que l'étranger puissant avec sa justice aveugle et sans discrimination.
L'Arabe respectait peu la force ; il respectait davantage l'habileté, et souvent en disposait à un degré enviable ; mais par-dessus tout il respectait une brutale sincérité d'expression, presque la seule arme que Dieu eût exclu de son équipement. Le Turc était tout cela tour à tour, et s'attirait par là même la considération des Arabes, bien qu'il ne fût pas redouté dans son ensemble. Beaucoup de choses dépendaient de cette distinction du collectif et du personnel. Il y avait des Anglais que les Arabes préféraient, individuellement, à tout Turc, ou étranger ; mais, partant de là, généraliser et qualifier les Arabes de pro-anglais eût été une folie. Chaque étranger faisait son piètre lit parmi eux.
Nous nous levâmes tôt, avec l'intention de couvrir le long chemin jusqu'à Ammari avant le crépuscule. Nous traversâmes une suite de crêtes tapissées de silex brûlés de soleil, couvertes de petites plantes safran de couleur si vive, et si serrées, que tout le paysage semblait d'or. Les Sukhur l'appelaient Safra el-Djesha. Les vallons ne faisaient que quelques centimètres de profondeur, avec des lits grainés comme du maroquin, suivant un réseau compliqué et courbe d'innombrables ruisselets creusés par la dernière pluie. Le renflement de chaque courbe formait un mamelon gris de sable durci par la boue, brillant parfois de cristaux de sel, parfois ébouriffé des rameaux en brosse à demi enterrés qui l'avaient créé. Ces queues de vallées qui débouchaient dans le Sirhan étaient toujours riches en pâture. Quand il y avait de l'eau dans les creux, les tribus se réunissaient et les peuplaient de villages de tentes. Les Béni Sakhr qui nous accompagnaient avaient campé ainsi ; et, pendant que nous traversions les dunes monotones, ils désignaient d'abord un creux indiscernable d'un autre, avec un foyer et des caniveaux rectilignes, puis un second, disant « Là était ma tente, et là couchait Hamdane el-Saïh. Regarde, les pierres sèches à l'endroit de mon lit, et de celui de Turfa à côté. Dieu ait pitié d'elle, elle est morte l'année du samh, dans le Snaïnirat, d'une morsure de vipère heurtante. »
Vers midi apparut sur la crête un groupe de chameaux au trot, se déplaçant rapidement et ouvertement vers nous. Le petit Turki lança sa vieille chamelle au galop, une carabine armée en travers des cuisses, pour découvrir ce qu'ils voulaient. « Ha », me cria Mifleh tandis qu'ils étaient encore à un mille de distance, « voilà Fahad, sur sa Shaara, en tête. Ce sont nos parents. » C'étaient bien eux. Fahad et Adhoub, principaux chefs de guerre des Zebn, campaient à l'ouest de la voie ferrée, près de Ziga, quand un Gomani arriva, apportant la nouvelle de notre marche. Ils avaient immédiatement sellé leurs bêtes et, avançant durement, nous rattrapaient déjà à mi-chemin. Fahad me réprimanda gentiment, de façon courtoise, d'avoir eu la prétention de chercher l'aventure à travers leur district, pendant que les fils de son père resteraient allongés sous leur tente.
Fahad était un homme mélancolique, à la voix douce, à la parole brève, âgé de trente ans peut-être, avec un visage pâle, une barbe soignée et des yeux tragiques. Son jeune frère Adhoub, plus grand et plus fort, ne dépassait pourtant pas la moyenne. Contrairement à Fahad, il était actif, bruyant, d'apparence grossière, avec un nez camus, un visage glabre d'adolescent et des yeux verts brillants qui papillonnaient avidement d'un objet à l'autre. Ses cheveux ébouriffés et ses vêtements sales soulignaient sa vulgarité. Fahad était plus net, mais très simplement habillé cependant, et la paire, sur les chameaux hirsutes de leur élevage, ressemblait aussi peu qu'on pût le concevoir à des Sheiks de leur réputation. C'étaient pourtant des combattants célèbres.
À Ammari, un fort et froid vent nocturne soulevait la poussière cendreuse du sol salé autour du puits, en une brume qui crissait entre nos dents comme l'exhalaison rance d'une éruption ; et l'eau ne nous réjouit pas. Elle affleurait en surface, comme à tant d'endroits du Sirhan, mais la plupart des mares étaient trop amères pour y boire. On en remarqua une toutefois, appelée Bir el-Émir, qui fut jugée très bonne par contraste. Elle se trouvait sur un petit fond plat de calcaire nu parmi des monticules de sable.
L'eau (opaque, avec un goût de saumure et d'ammoniaque mêlées) était juste en dessous de la salle rocheuse, dans une baignoire de pierre aux bords irrégulièrement creusés en surplomb. Daoud vérifia sa profondeur en y jetant Farradj, tout habillé. Il disparut à notre vue dans l'eau jaune, et ensuite remonta discrètement à la surface sous le rebord où, dans la pénombre, on ne pouvait pas le voir. Daoud attendit pendant une minute tendue, et, sa victime n'apparaissant pas, arracha son manteau et plongea à sa suite – pour la trouver, souriante, sous le roc en saillie. La pêche aux perles dans le golfe les avait rendus aussi à l'aise dans l'eau que des poissons.
On les sortit de là, et ils se livrèrent à une lutte sauvage dans le sable à côté du trou d'eau. Chacun d'eux était dur au mal, et ils revinrent à mon feu dégoulinants, en haillons, sanglants, la chevelure, le visage, les jambes, les bras et le corps couverts de boue et d'épines, ressemblant plus aux démons d'un tourbillon de vent qu'à leurs habituelles présences suaves et délicates. Ils dirent être tombés dans un buisson en dansant ; ce serait bien un trait de ma générosité si je leur faisais cadeau de nouveaux vêtements. Je réduisis à néant leurs espérances et les envoyai réparer les dégâts.
Mes gardes du corps, tout particulièrement les Ageyl parmi eux, étaient par nature maniérés, dépensaient leur solde en habits ou en ornements, et passaient beaucoup de temps à tresser en nattes leur chevelure brillante. Le beurre lui donnait du lustre et, pour combattre la vermine, ils se râclaient fréquemment le cuir chevelu avec un peigne à dents fines, puis l'arrosaient d'urine de chameau. Un médecin allemand de Béershéba, à leur époque turque (ces hommes étaient ceux qui, par une aube brumeuse avaient assailli nos yeomen au Sinaï et balayé un poste) leur avait appris la propreté en emprisonnant les pouilleux dans les latrines de l'armée jusqu'à ce qu'ils eussent avalé leurs poux.
Le vent s'affaiblit à l'aube, et nous avançâmes vers Azrak, à une demi-étape en avant. Cependant, à peine étions-nous sortis des amoncellements de sable autour des puits qu'il y eut une alerte. On avait vu des hommes montés dans les broussailles. Cette région était le pays de cocagne des raids. Nous resserrâmes les rangs à l'endroit le plus propice et attendîmes. La section indienne choisit une petite crête hachurée d'étroites ornières creusées par l'eau. En un moment, ils couchèrent les chameaux dans le creux derrière et mirent leurs pièces en batterie. Ali et Abd el-Kader firent flotter leurs grandes bannières cramoisies dans la brise intermittente. Nos tirailleurs, dirigés par Ahmed et Awad, se déployèrent à gauche et à droite, et l'on échangea des coups de fusil à distance. Tout se termina subitement. Les ennemis quittèrent le couvert et avancèrent en file vers nous, agitant en l'air manteaux et manches, chantant leur marche guerrière de bienvenue. C'étaient les combattants de la tribu Serhan en chemin pour prêter allégeance à Fayçal. Quand ils apprirent les nouvelles, ils firent demi-tour avec nous, se réjouissant que le voyage leur fût épargné, car cette tribu n'était d'ordinaire ni belliqueuse ni nomade. Ils mirent un peu d'apparat à notre entrée commune parmi leurs tentes à Aïn el-Beidha, à quelques milles à l'est d'Azrak, où la tribu entière se trouvait réunie ; et notre réception fut bruyante, car il y avait eu de l'effroi et des lamentations parmi les femmes ce matin-là, quand elles avaient vu leurs hommes partir pour l'aventure de la rébellion.
Toutefois, voilà qu'ils revenaient le jour même, avec un Chérif à eux, des bannières arabes, des mitrailleuses, avançant par rangs irréguliers d'une centaine d'hommes, et chantant aussi gaiement qu'à leur départ. J'avais l'œil sur une remarquable chamelle rouge, peut-être âgée de sept ans, montée par un Sirhani, au second rang. La grande bête ne voulait pas se laisser devancer et, avec un pas long et balancé dont il n'y avait pas l'égal dans notre troupe, gagna la première ligne et y resta. Ahmed s'éclipsa pour faire la connaissance de son propriétaire.
Au camp, les chefs répartirent notre groupe entre les tentes, pour le privilège de nous accueillir. Ali, Abd el-Kader, Wood et moi fûmes invités par Mteir, le cheik suzerain de la tribu, vieille chose édentée et amicale, dont la mâchoire branlante pendait, soutenue par sa main, tout le temps qu'il parlait. Il nous offrit un accueil méticuleux et une abondante hospitalité de mouton bouilli et de pain. Peut-être Wood et Abd el-Kader furent-ils un peu difficiles, car les Sérahin semblaient primitifs de manières et, autour du plateau commun, il y eut plus d'éclaboussures et de postillons qu'on ne le trouvait convenable sous les meilleures tentes. Ensuite, sous l'insistance pressante de Mteir, nous nous allongeâmes sur ses tapis pour cette seule nuit. Autour de nos corps frais, attirés par le changement de nourriture, se réunirent tous les poux, puces et tiques locaux, qui en avaient assez d'un régime de pur Serhan. Leur plaisir les rendait si voraces qu'avec la meilleure volonté du monde, je ne pus continuer à leur servir de festin. Apparemment, Ali ne le pouvait pas non plus, car lui aussi s'assit et dit qu'il n'avait pas sommeil. Nous éveillâmes donc Sheik Mteir et envoyâmes chercher Mifleh ibn Bani, un jeune homme actif, habitué à commander dans les batailles. Nous leur expliquâmes les besoins de Fayçal, et notre plan pour l'assister.
Ils nous écoutèrent gravement. Le pont occidental, dirent-ils, était tout à fait impossible. Les Turcs venaient de remplir la région de centaines de bûcherons militaires. Aucun groupe hostile ne pourrait se glisser au travers sans être repéré. Tous deux déclaraient une grande méfiance à l'égard des villages maures, ainsi que d'Abd el-Kader. Rien ne les persuaderait de rendre visite aux uns sous la conduite de l'autre. Pour Tell el-Shébab, le pont le plus proche, ils craignaient que les villageois, leurs ennemis invétérés, ne les attaquent par-derrière. De plus, s'il pleuvait, les chameaux ne pourraient pas revenir au trot sur les plaines boueuses autour de Remthé ; le groupe entier verrait sa retraite coupée et serait massacré.
Nous étions maintenant profondément ennuyés. Les Sérahin représentaient notre dernier recours et, s'ils refusaient de nous accompagner, nous serions incapables d'exécuter le projet d'Allenby au moment fixé. En conséquence, Ali réunit autour de notre petit feu un plus grand nombre des meilleurs hommes de la tribu, et renforça l'élément courageux en amenant Fahad, Mifleh et Adhoub. Devant eux, nous nous mîmes à attaquer verbalement cette fruste prudence des Sérahin, qui nous paraissait d'autant plus honteuse après notre long séjour dans le désert purifiant.
Nous leur exposâmes, non pas abstraitement mais concrètement, dans leur cas, comment la vie en agglomération n'était pas sensuelle, faite pour être vécue et aimée jusqu'au bout. Mais il ne pouvait y avoir de maisons de repos pour la révolte, qui ne versait aucun dividende de joie. S'accroître sans cesse, endurer autant que les sens le pouvaient, utiliser chaque avancée comme base d'une nouvelle aventure, des privations plus profondes, une souffrance plus aiguë, tel était l'esprit de la révolte. Les sens ne pouvaient atteindre le passé ni l'avenir. Une émotion ressentie était une émotion vaincue, une expérience mortifiée que nous enterrions en l'exprimant.
Appartenir au désert signifiait, comme ils le savaient, une condamnation à mener une guerre sans fin contre un ennemi qui n'était pas de ce monde ; ni la vie, ni rien, mais l'espoir lui-même ; et l'échec paraissait être la liberté accordée par Dieu à l'humanité. Nous ne pouvions exercer cette liberté nôtre qu'en nous abstenant de faire ce qui demeurait en notre pouvoir, car alors la vie nous appartiendrait, et nous la maîtriserions, en la considérant sans valeur. La mort semblerait la meilleure de nos œuvres, la dernière loyauté libre à notre portée, notre loisir final ; et, de ces deux pôles, la mort et la vie, ou moins radicalement le loisir et la conservation, nous devions fuir la conservation (l'étoffe de la vie) en toute chose, sauf au plus faible degré, et nous accrocher au loisir. Ainsi, nous servirions à promouvoir le non-faire plutôt que le faire. Il pouvait y avoir des hommes non créateurs dont le loisir était stérile ; mais l'activité de ceux-là n'aurait été que matérielle. Pour faire naître des choses immatérielles, créatives, participant de l'esprit, non de la chair, nous devions être jaloux du temps ou de la peine dépensés pour des exigences physiques, puisque, chez la plupart des hommes, l'âme vieillissait bien avant le corps. L'humanité n'avait rien gagné de ses besogneux.
Il ne pouvait y avoir d'honneur dans une victoire assurée, mais on pourrait en arracher beaucoup à une défaite certaine. Omnipotence et Infini : nos deux ennemis les plus valeureux, les seuls en vérité qu'un homme complet dût affronter, puisque c'étaient les monstres nés de son propre esprit ; et les ennemis les plus vaillants viennent toujours de la maisonnée. En combattant l'Omnipotence, l'honneur consistait à rejeter fièrement nos pauvres ressources, et à La défier les mains vides, à être battu, non seulement par plus d'esprit, mais par la supériorité de meilleurs outils. Pour le clairvoyant, l'échec était le seul but. Nous devions croire, encore et toujours, qu'il n'y avait pas de victoire, sauf descendre dans la mort en combattant et en appelant l'échec lui-même, implorant dans un excès de désespoir l'Omnipotence de frapper plus fort, afin que par Ses coups mêmes Elle trempât nos êtres torturés et en fît l'arme de Sa propre ruine.
C'était un discours heurté, à demi cohérent, forgé désespérément, moment par moment, dans notre extrême besoin, sur l'enclume de ces esprits vierges, autour du feu mourant ; et je n'en conservai guère le sens par la suite ; pour une fois, ma mémoire formatrice d'images oublia son métier et ne perçut que l'humilité lentement croissante des Sérahin, la quiétude nocturne où s'évanouissait leur souci du monde, et à la fin leur ardeur éclatante à nous accompagner quel que fût le terme. Avant le lever du jour, nous appelâmes le vieil Abd el-Kader et, le prenant à part parmi les fourrés sableux, criâmes dans son oreille obtuse que les Sérahin partiraient pour Wadi Khalid avec nous, sous ses auspices, après l'aube. Il grogna que c'était bien ; et nous nous dîmes entre nous que jamais, si l'occasion et la vie nous étaient encore données, nous ne prendrions à nouveau un sourd pour conspirateur.