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Une soirée au fort Reliance

Ce soir-là – 17 mars 1859 – le capitaine Craventydonnait une fête au fort Reliance.

Que ce mot de fête n’éveille pas dans l’esprit l’idéed’un gala grandiose, d’un bal de cour, d’un « raout »carillonné ou d’un festival à grand orchestre. Laréception du capitaine Craventy était plus simple, et,pourtant, le capitaine n’avait rien épargné pour luidonner tout l’éclat possible.

En effet, sous la direction du caporal Joliffe, legrand salon du rez-de-chaussée s’était transformé. Onvoyait bien encore les murailles de bois, faites de troncsà peine équarris, disposés horizontalement ; mais quatrepavillons britanniques, placés aux quatre angles, et despanoplies, empruntées à l’arsenal du fort, endissimulaient la nudité. Si les longues poutres duplafond, rugueuses, noirâtres, s’allongeaient sur lescontreforts grossièrement ajustés, en revanche, deuxlampes, munies de leur réflecteur en fer-blanc, se

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