balançaient comme deux lustres au bout de leur chaîneet projetaient une suffisante lumière à traversl’atmosphère embrumée de la salle. Les fenêtres étaientétroites ; quelques-unes ressemblaient à desmeurtrières ; leurs carreaux, blindés par un épais givre,défiaient toutes les curiosités du regard ; mais deux outrois pans de cotonnades rouges, disposées avec goût,sollicitaient l’admiration des invités. Quant au plancher,il se composait de lourds madriers juxtaposés, que lecaporal Joliffe avait soigneusement balayés pour lacirconstance. Ni fauteuils, ni divans, ni chaises, niautres accessoires des ameublements modernes negênaient la circulation. Des bancs de bois, à demiengagés dans l’épaisse paroi, des cubes massifs, débitésà coups de hache, deux tables à gros pieds, formaienttout le mobilier du salon ; mais la muraille d’entrefend,à travers laquelle une étroite porte à un seul battantdonnait accès dans la chambre voisine, était ornéed’une façon pittoresque et riche à la fois. Aux poutres,et dans un ordre admirable, pendaient d’opulentesfourrures, dont pareil assortiment ne se fût pasrencontré aux plus enviables étalages de Regent-Streetou de la Perspective-Niewski. On eût dit que toute lafaune des contrées arctiques s’était fait représenter danscette décoration par un échantillon de ses plus bellespeaux. Le regard hésitait entre les fourrures de loups,d’ours gris, d’ours polaires, de loutres, de wolvérènes,

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