remous de vent encapuchonnait la cheminée extérieure.Une âcre fumée, se rabattant à travers le foyer,envahissait alors le salon ; des langues de flammesléchaient les parois de brique ; un nuage opaque voilaitla lumière de la lampe, et encrassait les poutres duplafond. Mais ce léger inconvénient touchait peu lesinvités du fort Reliance. Le poêle les chauffait, et cen’était pas acheter trop cher sa chaleur, car il faisaitterriblement froid au dehors, et au froid se joignait uncoup de vent de nord, qui en redoublait l’intensité.

En effet, on entendait la tempête mugir autour de lamaison. La neige qui tombait, presque solidifiée déjà,crépitait sur le givre des vitres. Des sifflements aigus,passant entre les jointures des portes et des fenêtres,s’élevaient parfois jusqu’à la limite des sonsperceptibles. Puis, un grand silence se faisait. La naturesemblait reprendre haleine, et de nouveau, la rafale sedéchaînait avec une épouvantable force. On sentait lamaison trembler sur ses pilotis, les ais craquer, lespoutres gémir. Un étranger, moins habitué que les hôtesdu fort à ces convulsions de l’atmosphère, se seraitdemandé si la tourmente n’allait pas emporter cetassemblage de planches et de madriers. Mais les invitésdu capitaine Craventy se préoccupaient peu de la rafale,et, même au dehors, ils ne s’en seraient pas pluseffrayés que ces pètrels-satanicles qui se jouent aumilieu des tempêtes.

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