III

Un savant dégelé

Le sergent Long, arrivé dans l’étroit couloir surlequel s’ouvrait la porte extérieure du fort, entendit lescris redoubler. On heurtait violemment à la poterne quidonnait accès dans la cour, protégée par de hautesmurailles de bois. Le sergent poussa la porte. Un piedde neige couvrait le sol. Le sergent, s’enfonçantjusqu’aux genoux dans cette masse blanche, aveuglépar la rafale, piqué jusqu’au sang par ce froid terrible,traversa la cour en biais et se dirigea vers la poterne.

« Qui diable peut venir par un temps pareil ! sedisait le sergent Long, en ôtant méthodiquement, onpourrait dire « disciplinairement », les lourds barreauxde la porte. Il n’y a que des Esquimaux qui osent serisquer par un tel froid !

– Mais ouvrez donc, ouvrez donc ! criait-on dudehors.

– On ouvre, » répondit le sergent Long, qui semblaitvéritablement ouvrir en douze temps.

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