employé dans les contrées polaires pour rétablir lacirculation qu’un froid terrible a arrêtée, comme ilarrête le courant des rivières.

Le sergent Long étant revenu, Joliffe et luifrictionnèrent le nouveau venu comme il ne l’avaitjamais été probablement. Ce n’était point une linitiondouce, une fomentation onctueuse, mais un massagevigoureux, pratiqué à bras raccourcis, et qui rappelaitplutôt les éraillures de l’étrille que les caresses de lamain.

Et pendant cette opération, le loquace caporalinterpellait toujours le voyageur, qui ne pouvaitl’entendre.

« Allons donc ! monsieur, allons donc ! Quelle idéevous a donc pris de vous laisser refroidir ainsi ?Voyons ! n’y mettez pas tant d’obstination ! »

Il est probable que Thomas Black s’obstinait, carune demi-heure se passa sans qu’il consentît à donnersigne de vie. On désespérait même de le ranimer, et lesmasseurs allaient suspendre leur fatigant exercice,quand le pauvre homme fit entendre quelques soupirs.

« Il vit ! il revient ! » s’écria Jasper Hobson.

Après avoir réchauffé par les frictions l’extérieur ducorps, il ne fallait point oublier l’intérieur. Aussi lecaporal Joliffe se hâta-t-il d’apporter quelques verres de

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