long et étroit estuaire formé par les eaux mêmes de labaie d’Hudson.

Le lac de l’Esclave est pour ainsi dire semé de petitsîlots, hauts de cent à deux cents pieds, dont le granit etle gneiss émergent en maint endroit. Sur sa riveseptentrionale se massent des bois épais, confinant àcette portion aride et glacée du continent, qui a reçu,non sans raison, le nom de Terre-Maudite. En revanche,la région du sud, principalement formée de calcaire, estplate, sans un coteau, sans une extumescencequelconque du sol. Là se dessine la limite que nefranchissent presque jamais les grands ruminants del’Amérique polaire, ces buffalos ou bisons, dont la chairforme presque exclusivement la nourriture deschasseurs canadiens et indigènes.

Les arbres de la rive septentrionale se groupent enforêts magnifiques. Qu’on ne s’étonne pas de rencontrerune végétation si belle sous une zone si reculée. Enréalité, le lac de l’Esclave n’est guère plus élevé enlatitude que les parties de la Norvège ou de la Suède,occupées par Stockholm ou Christiania. Seulement, ilfaut remarquer que les lignes isothermes, sur lesquellesla chaleur se distribue à dose égale, ne suiventnullement les parallèles terrestres, et qu’à pareillelatitude, l’Amérique est incomparablement plus froideque l’Europe. En avril, les rues de New-York sont

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