V
Du fort Reliance au fort Entreprise
Les premiers beaux jours étaient arrivés. Le fondvert des collines commençait à reparaître sous lescouches de neige en partie effacées. Quelques oiseaux,des cygnes, des tétras, des aigles à tête chauve et autresmigrateurs venant du sud, passaient à travers les airsattiédis. Les bourgeons se gonflaient aux extrêmesbranches des peupliers, des bouleaux et des saules. Lesgrandes mares, formées çà et là par la fonte des neiges,attiraient ces canards à tête rouge dont les espèces sontsi variées dans l’Amérique septentrionale. Lesguillemots, les puffins, les eider-ducks, allaientchercher au nord des parages plus froids. Lesmusaraignes, petites souris microscopiques, grossescomme une noisette, se hasardaient hors de leur trou, etdessinaient sur le sol de capricieuses bigarrures du boutde leur petite queue pointue. C’était une ivresse derespirer, de humer ces rayons solaires que le printempsrendait si vivifiants ! La nature se réveillait de son longsommeil, après l’interminable nuit de l’hiver, et souriait
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