manière à ne provoquer aucune confusion. Et, en effet,le choc de ces traîneaux, lancés à toute vitesse, aurait puamener quelque fâcheux accident.
En quittant le fort Reliance, Jasper Hobson pritdirectement la route du Nord-Ouest. Il dut franchird’abord une large rivière qui réunissait le lac del’Esclave au lac Wolmsley. Mais ce cours d’eau,profondément gelé encore, ne se distinguait pas del’immense plaine blanche. Un uniforme tapis de neigecouvrait toute la contrée, et les traîneaux, enlevés parleurs rapides attelages, volaient sur cette couche durcie.
Le temps était beau, mais encore très froid. Lesoleil, peu élevé au-dessus de l’horizon, décrivait sur leciel une courbe très allongée. Ses rayons, brillammentréfléchis par les neiges, donnaient plus de lumière quede chaleur. Très heureusement, aucun souffle de vent netroublait l’atmosphère, et ce calme de l’air rendait lefroid plus supportable. Cependant, la bise, grâce à lavitesse des traîneaux, devait tant soit peu couper lafigure de ceux des compagnons du lieutenant Hobsonqui n’étaient pas faits aux rudesses d’un climat polaire.
« Cela va bien, disait Jasper Hobson au sergent,immobile près de lui comme s’il se fût tenu au portd’armes, le voyage commence bien. Le ciel estfavorable, la température propice, nos attelages filentcomme des trains express, et, pour peu que ce beau
62