pendant deux jours, ils s’y reposèrent des premièresfatigues de leur voyage.

Le printemps polaire faisait déjà sentir en ce lieu samodeste influence. La neige fondait peu à peu, et lesnuits n’étaient déjà plus assez froides pour la glacer ànouveau. Quelques légères mousses, de maigresgraminées, verdissaient çà et là, et de petites fleurs,presque incolores, montraient leur humide corolle entreles cailloux. Ces manifestations de la nature, à demiréveillée après la longue nuit de l’hiver, plaisaient auregard endolori par la blancheur des neiges, quecharmait l’apparition de ces rares spécimens de la florearctique.

Mrs. Paulina Barnett et Jasper Hobson mirent àprofit leurs loisirs pour visiter les rives du petit lac.Tous les deux ils comprenaient la nature et l’admiraientavec enthousiasme. Ils allèrent donc, de compagnie, àtravers les glaçons éboulés et les cascades quis’improvisaient sous l’action des rayons solaires. Lasurface du lac Snure était prise encore. Nulle fissuren’indiquait une prochaine débâcle. Quelques icebergsen ruine hérissaient sa surface solide, affectant desformes pittoresques du plus étrange effet, surtout quandla lumière, s’irisant à leurs arêtes, en variait lescouleurs. On eût dit les morceaux d’un arc-en-ciel brisépar une main puissante, et qui s’entrecroisaient sur le

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