– Prenons garde alors, répondit le lieutenant, car unpareil retard compromettrait fort nos projets. Ainsi doncagissez avec prudence, mon ami, et, s’il le faut,regagnez au plus tôt la terre du nord. Mrs. PaulinaBarnett ne reculera pas, je pense, devant une course devingt à vingt-cinq milles par terre.
– Je voudrais regagner la côte au nord, monsieurHobson, répondit Norman, que je ne pourrais plusremonter maintenant. Voyez vous-même. Le vent a unetendance à s’établir de ce côté. Tout ce que je puistenter, c’est de tenir le cap au nord-est, et, s’il nesurvente pas, j’espère que je ferai bonne route. »
Mais, vers quatre heures et demie, la tempête secaractérisa. Des sifflements aigus retentirent dans leshautes couches de l’air. Le vent, que l’état del’atmosphère maintenait dans les zones supérieures, nes’abaissait pas encore jusqu’à la surface du lac, maiscela ne pouvait tarder. On entendait de grands crisd’oiseaux effarés, qui passaient dans la brume. Puis,tout d’un coup, cette brume se déchira et laissa voir degros nuages bas, déchiquetés, déloquetés, véritableshaillons de vapeur, violemment chassés vers le sud. Lescraintes du vieux marin s’étaient réalisées. Le ventsoufflait du nord, et il ne devait pas tarder à prendre lesproportions d’un ouragan en s’abattant sur le lac.
« Attention ! » cria Norman, en roidissant l’écoute
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