« Nous sommes perdus ! dit le lieutenant.
– Non, monsieur Hobson, répondit la courageusePaulina Barnett. Aidons-nous d’abord ! Le ciel nousaidera ensuite. »
Jasper Hobson comprit bien alors ce qu’était cettevaillante femme, dont il partageait en ce moment ladestinée.
Le plus pressé était de rejeter hors du canot cette eauqui l’alourdissait. Un second coup de mer l’eût remplien un instant, et il aurait coulé par le fond. Il y avaitintérêt, d’ailleurs, à ce que l’embarcation, allégée,s’élevât plus facilement à la lame, car alors elle risquaitmoins d’être assommée. Jasper Hobson et Mrs. PaulinaBarnett vidèrent donc promptement cette eau, qui, parsa mobilité même, pouvait les faire chavirer. Ce ne futpas une petite besogne, car, à chaque moment, quelquecrête de vague embarquait, et il fallait avoirconstamment l’écope à la main. La voyageuses’occupait plus spécialement de ce travail. Le lieutenanttenait la barre et maintenait tant bien que mall’embarcation vent arrière.
Pour surcroît de danger, la nuit, ou sinon la nuit, –qui, sous cette latitude et à cette époque de l’année,dure à peine quelques heures, – l’obscurité, du moins,s’accroissait. Les nuages, bas, mêlés aux brumes,formaient un intense brouillard, à peine imprégné de
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