– Ces agents étaient donc tenus en haute estime ?demanda Mrs. Paulina Barnett.

– Certainement, madame, et à bon droit. Pendant lesquatre-vingt-quatorze ans que dura la suprématie de laFrance au Canada, ces agents français se montrèrentconstamment supérieurs aux nôtres. Il faut savoir rendrejustice, même à ses rivaux.

– Surtout à ses rivaux ! ajouta Mrs. Paulina Barnett.

– Oui... surtout... À cette époque, les chasseursfrançais, quittant Montréal, leur principal établissement,s’avançaient dans le nord plus hardiment que tousautres. Ils vivaient pendant des années au milieu destribus indiennes. Ils s’y mariaient quelquefois. On lesnommait « coureurs des bois » ou « voyageurscanadiens », et ils se traitaient entre eux de cousins etde frères. C’étaient des hommes audacieux, habiles, trèsexperts dans la navigation fluviale, très braves, trèsinsouciants, se pliant à tout avec cette souplesseparticulière à leur race, très loyaux, très gais et toujoursprêts, en n’importe quelle circonstance, à chantercomme à danser !

– Et vous supposez que cette troupe de voyageurs,dont nous venons de reconnaître les traces, ne s’estavancée si loin que dans le but de chasser les animaux àfourrure ?

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