– Tout autant, madame, et je compte bien vivre surle pays pour économiser nos réserves. Aussi, dansquelques jours, dès que nous serons à peu près installés,nous organiserons des chasses de ravitaillement. Quantà la question des animaux à fourrure, nous verrons à larésoudre plus tard et à remplir les magasins de laCompagnie. D’ailleurs, ce n’est pas le moment dechasser la martre, l’hermine, le renard et autres animauxà fourrure. Ils n’ont pas encore le pelage d’hiver, et lespeaux perdraient vingt-cinq pour cent de leur valeur, sion les emmagasinait en ce moment. Non. Bornons-nousd’abord à approvisionner l’office du fort Espérance. Lesrennes, les élans, les wapitis, si quelques-uns se sontavancés jusqu’à ces parages, doivent seuls attirer noschasseurs. En effet, vingt personnes à nourrir et unesoixantaine de chiens, cela vaut la peine que l’on s’enpréoccupe ! »
On voit que le lieutenant était un homme d’ordre. Ilvoulait agir avec méthode, et, si ses compagnons lesecondaient, il ne doutait pas de mener à bonne fin sadifficile entreprise.
Le temps, à cette époque de l’année, était presqueinvariablement beau. La période des neiges ne devaitpas commencer avant cinq semaines. Lorsque la maisonprincipale eut été achevée, Jasper Hobson fit donccontinuer les travaux de charpentage, en construisant un
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