nains quelque magnifique andouiller, trophée deschasses précédentes, et ces rennes, – ou plutôt ces« caribous », pour leur restituer leur nom indien, –trompés par l’apparence, s’approchaient à portée deschasseurs, qui ne les manquaient point. Souvent aussi,un oiseau délateur, bien connu de Sabine et de Marbre,un petit hibou de jour, gros comme un pigeon, trahissaitla retraite des caribous. Il appelait les chasseurs enpoussant comme un cri aigu d’enfant, et justifiait ainsile nom de « moniteur » qui lui a été donné par lesIndiens. Une cinquantaine de ruminants furent abattus.Leur chair, découpée en longues lanières, forma unapprovisionnement considérable, et leurs peaux, unefois tannées, devaient servir à la confection deschaussures.

Les caribous ne contribuèrent pas seuls à accroître laréserve alimentaire. Les lièvres polaires, qui s’étaientprodigieusement multipliés sur ce territoire, yconcoururent pour une part notable. Ils se montraientmoins fuyards que leurs congénères d’Europe, et selaissaient tuer assez stupidement. C’étaient de grandsrongeurs à longues oreilles, aux yeux bruns, avec unefourrure blanche comme un duvet de cygne, et quipesaient de dix à quinze livres. Les chasseurs abattirentun grand nombre de ces animaux, dont la chair estvéritablement succulente. C’est par centaines qu’on lesprépara en les fumant, sans compter ceux qui, sous la

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