privilèges, et il vit sans déplaisir que le chasseur, trèspoli d’ailleurs, transportait le débat sur un autre terrain.
« Quant à l’affaire qui nous divise, dit le voyageurcanadien, elle est de médiocre importance, monsieur, etje pense que nous devons la trancher en chasseurs.Votre fusil et le mien ont un calibre différent, et nosballes seront aisément reconnaissables. Que ce renardappartienne donc à celui de nous deux qui l’auravéritablement tué ! »
La proposition était juste. La question de propriététouchant l’animal abattu pouvait être ainsi résolue aveccertitude.
Le cadavre du renard fut examiné. Il avait reçu lesdeux balles des deux chasseurs, l’une au flanc, l’autreau cœur. Cette dernière était la balle du Canadien.
« Cet animal est à vous, monsieur », dit JasperHobson, dissimulant mal son dépit de voir cettemagnifique dépouille passer à des mains étrangères.
Le voyageur prit le renard, et, au moment où l’onpouvait croire qu’il allait le charger sur son épaule etl’emporter, s’avançant vers Mrs. Paulina Barnett :
« Les dames aiment les belles fourrures, lui dit-il.Peut-être, si elles savaient au prix de quelles fatigues etsouvent de quels dangers on les obtient, peut-être enseraient-elles moins friandes. Mais enfin elles les
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