succédait à un autre décor, avec une rapidité féerique.Plus de mer, là où naguère s’étendait le vaste Océan.Plus de sol aux couleurs variées, mais un tapiséblouissant. Plus de forêts d’essences diverses, mais unfouillis de silhouettes grimaçantes, poudrées par lesfrimas. plus de soleil radieux, mais un disque pâli, setraînant à travers le brouillard, traçant un arc rétrécipendant quelques heures à peine. Enfin, plus d’horizonde mer, nettement profilé sur le ciel, mais uneinterminable chaîne d’icebergs, capricieusementébréchée, formant cette banquise infranchissable que lanature a dressée entre le pôle et ses audacieuxchercheurs !
Que de conversations, que d’observations, ceschangements de cette contrée arctique provoquèrent !Thomas Black fut le seul peut-être qui restât insensibleaux sublimes beautés de ce spectacle ! Mais quepouvait-on attendre d’un astronome aussi absorbé, etqui jusqu’ici ne comptait véritablement pas dans lepersonnel de la petite colonie. Ce savant exclusif nevivait que dans la contemplation des phénomènescélestes, il ne se promenait que sur les routes azurées dufirmament, il ne s’élançait d’une étoile que pour aller àune autre ! Et précisément voilà que son ciel sebouchait, que les constellations se dérobaient à sa vue,qu’un voile brumeux, impénétrable, s’étendait entre lezénith et lui. Il était furieux ! Mais Jasper Hobson le
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