la température s’abaissait sensiblement, et le moindretravail, le moindre effort produisait chez chaqueindividu un essoufflement qui le paralysait. Les yeuxétaient aussi attaqués par l’intense blancheur des neiges,et il était impossible de supporter longtemps cette viveréverbération, qui provoque de nombreux cas de cécitéchez les Esquimaux. Enfin, par un singulier phénomènedû à la réfraction des rayons lumineux, les distances, lesprofondeurs, les épaisseurs n’apparaissaient plus tellesqu’elles étaient. C’étaient cinq ou six pieds à franchirentre deux glaçons, quand l’œil n’en mesurait qu’un oudeux. De là, par suite de cette illusion d’optique, deschutes très nombreuses et douloureuses fort souvent.
Le 14 octobre, le thermomètre accusa 3° Fahrenheitau-dessous de zéro (16° centig. au-dessous de glace).Rude température à supporter, d’autant plus que la biseétait forte. L’air semblait fait d’aiguilles. Il y avaitdanger sérieux pour quiconque restait en dehors de lamaison, d’être « frost bitten », c’est-à-dire geléinstantanément, s’il ne parvenait à rétablir la circulationdu sang, dans la partie attaquée, au moyen de frictionsde neige. Plusieurs des hôtes du fort se laissèrentprendre de congélation subite, entre autres Garry,Belcher, Hope ; mais, frictionnés à temps, ilséchappèrent au danger.
Dans ces conditions, on le comprend, tout travail
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