« Le bois nous manquera bientôt, dit un jour lesergent Long au lieutenant.

– Nous manquer ! s’écria Jasper Hobson.

– Je veux dire, reprit le sergent, quel’approvisionnement de la maison s’épuise et qu’ilfaudra, avant peu, nous ravitailler au magasin. Or, je lesais par expérience, s’exposer à l’air avec un froidpareil, c’est risquer sa vie.

– Oui ! répondit le lieutenant, c’est une faute quenous avons commise, d’avoir construit un bûcher noncontigu à la maison et sans communication directe avecelle. Je m’en aperçois un peu tard. J’aurais dû ne pasoublier que nous allions hiverner au-delà du 70 e parallèle ! Mais enfin, ce qui est fait est fait.

– Dites-moi, Long, quelle quantité de bois reste-t-ildans la maison ?

– De quoi alimenter le poêle et le fourneau pendantdeux ou trois jours au plus, répondit le sergent.

– Espérons que d’ici là, reprit Jasper Hobson, larigueur de la température aura quelque peu diminué etqu’on pourra sans danger traverser la cour du fort.

– J’en doute, mon lieutenant, répliqua le sergentLong en secouant la tête. L’atmosphère est pure, lesétoiles sont brillantes, le vent se maintient au nord, et jene serais pas étonné que ce froid durât quinze jours

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