modifié la forme des falaises qui s’étaientsingulièrement abaissées. Au-delà, les montagnesignivomes, couronnées d’une légère vapeur, semblaientmomentanément apaisées.

Vers le 20 mars, les chasseurs signalèrent lespremiers cygnes, qui émigraient des territoiresméridionaux et s’envolaient vers le nord en poussantd’aigres sifflements. Quelques « bruants de neige » etdes « faucons hiverneurs » firent aussi leur apparition.Mais une immense couche blanche couvrait encore lesol, et le soleil ne pouvait fondre la surface solide de lamer et du lac.

La débâcle n’arriva que dans les premiers joursd’avril. La rupture des glaces s’opérait avec un fracasextraordinaire, comparable parfois à des déchargesd’artillerie. De brusques changements, se produisirentdans la banquise. Plus d’un iceberg, ruiné par les chocs,rongé à sa base, culbuta avec un bruit terrible par suitedu déplacement de son centre de gravité. De là deséboulements qui activaient le bris de l’icefield.

À cette époque, la moyenne de la température étaitde 32° au-dessus de zéro (0° centigr.). Aussi lespremières glaces du rivage ne tardèrent pas à sedissoudre, et la banquise, entraînée par les courantspolaires, recula peu à peu dans les brumes de l’horizon.Au 15 avril, la mer était libre, et certainement un navire

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