– Tout s’explique, en effet, monsieur Hobson,répondit Mrs. Paulina Barnett, et vos pressentiments nevous ont pas trompé. Je vous demanderai, cependant, àpropos de ces marées, pourquoi, nulles maintenant,elles étaient encore légèrement sensibles à notre arrivéeau cap Bathurst ?

– Précisément, madame, répondit le lieutenantHobson, parce que, à notre arrivée, la presqu’île tenaitencore par son isthme flexible au continent américain.Elle opposait ainsi une certaine résistance au flux, et,sur son littoral du nord, la surface des eaux se déplaçaitde deux pieds environ, au lieu des vingt pieds qu’elleaurait dû marquer au-dessus de l’étiage. Aussi, dumoment que la rupture a été produite par letremblement de terre, du moment que la presqu’île,libre tout entière, a pu monter et descendre avec le flotet le jusant, la marée est devenue absolument nulle, etc’est ce que nous avons constaté ensemble, il y aquelques jours, au moment de la nouvelle lune ! »

Thomas Black, malgré son désespoir bien naturel,avait écouté avec un extrême intérêt les explications deJasper Hobson. Les conséquences émises par lelieutenant durent lui paraître absolument justes, mais,furieux qu’un pareil phénomène, si rare, si inattendu, si« absurde » – ainsi disait-il –, se fût précisément produitpour lui faire manquer l’observation de son éclipse, il

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