fort, et la conversation continua assez longtemps entreJasper Hobson, l’astronome, le sergent, Mrs. PaulinaBarnett et Madge. Cette dernière ne songeait guère àelle, étant toute résignée aux volontés de la Providence.Quant à sa maîtresse, sa « fille Paulina », elle nepouvait la regarder sans émotion, songeant auxépreuves et peut-être aux catastrophes que l’avenir luiréservait. Madge était prête à donner sa vie pourPaulina, mais ce sacrifice sauverait-il celle qu’elleaimait plus que tout au monde ? En tout cas, elle lesavait, Mrs. Paulina Barnett n’était pas femme à selaisser abattre. Cette âme vaillante envisageait déjàl’avenir sans terreur, et, il faut le dire, elle n’auraitencore eu aucune raison de désespérer.

En effet, il n’y avait pas péril imminent pour leshabitants du fort Espérance, et même tout portait àcroire qu’une catastrophe suprême serait conjurée.C’est ce que Jasper Hobson expliqua clairement à sescompagnons.

Deux dangers menaçaient l’île flottante, au large ducontinent américain, deux seulement :

Ou elle serait entraînée par les courants de la merlibre jusqu’à ces hautes latitudes polaires, d’où l’on nerevient pas.

Ou les courants l’emporteraient au sud, peut-être àtravers le détroit de Behring, et jusque dans l’océan

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