– Mais n’est-ce point une vitesse considérable ?demanda Mrs. Paulina Barnett.
– Considérable en effet, répondit Jasper Hobson, etvous jugez jusqu’où nous pouvons être entraînéspendant les deux mois d’été qui laisseront libre encorecette portion de l’océan Arctique ! »
Le lieutenant, Mrs. Paulina Barnett et le sergentLong demeurèrent silencieux pendant quelques instants.Leurs yeux ne quittaient pas la carte de ces régionspolaires qui se défendent si obstinément contre lesinvestigations de l’homme, et vers lesquelles ils sesentaient irrésistiblement emportés !
« Ainsi, dans cette situation, nous n’avons rien àfaire, rien à tenter ? demanda la voyageuse.
– Rien, madame, répondit le lieutenant Hobson,rien. Il faut attendre, il faut appeler de tous nos vœuxcet hiver arctique, si généralement, si justement redoutédes navigateurs, et qui seul peut nous sauver. L’hiver,c’est la glace, madame, et la glace, c’est notre ancre desalut, notre ancre de miséricorde, la seule qui puissearrêter la marche de l’île errante. »
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