charme ce serait de voyager ainsi avec sa maison, sonjardin, son parc, son pays lui-même ! Une île errante,mais j’entends une véritable île, avec une base solide,insubmersible, ce serait véritablement le plusconfortable et le plus merveilleux véhicule que l’on pûtimaginer. On a fait des jardins suspendus, dit-on ?Pourquoi, un jour, ne ferait-on pas des parcs flottantsqui nous transporteraient à tous les points du monde ?Leur grandeur les rendrait absolument insensibles à lahoule. Ils n’auraient rien à craindre des tempêtes. Peut-être même, par les vents favorables, pourrait-on lesdiriger avec de grandes voiles tendues à la brise ? Etpuis, quels miracles de végétation surprendraient lesregards des passagers, quand des zones tempérées ilsseraient passés sous les zones tropicales ! J’imaginemême qu’avec d’habiles pilotes, bien instruits descourants, on saurait se maintenir sous des latitudeschoisies et jouir à son gré d’un printemps éternel ! »
Jasper Hobson ne pouvait que sourire aux rêveriesde l’enthousiaste Paulina Barnett. L’audacieuse femmese laissait entraîner avec tant de grâce, elle ressemblaitsi bien à cette île Victoria qui marchait sansaucunement trahir sa marche ! Certes, étant donnée lasituation, on pouvait ne pas se plaindre de cette étrangefaçon de courir les mers, mais à la condition, toutefois,que l’île ne menaçât point à chaque instant de fondre etde s’effondrer dans l’abîme.
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