dans les traversées des mers polaires, eussent rencontrédes icefields, longs de cent milles et larges decinquante. Le capitaine Kellet abandonna même sonnavire sur un champ de glace qui ne mesurait pas moinsde trois cents milles carrés. Qu’était, en comparaison,l’île Victoria ?

Cependant, sa grandeur devait être suffisante pourqu’elle résistât jusqu’aux froids de l’hiver, avant que lescourants d’eau plus chaude eussent dissous sa base.Jasper Hobson ne faisait aucun doute à cet égard, et, ilfaut le dire, il n’était désespéré que de voir tant depeines inutiles, tant d’efforts perdus, tant de plansdétruits, et son rêve, si prêt à se réaliser, tout à vau-l’eau. On conçoit qu’il ne pût prendre aucun intérêt auxtravaux actuels. Il laissait faire, voilà tout !

Mrs. Paulina Barnett, elle, faisait, suivantl’expression usitée, contre fortune bon cœur. Elleencourageait le travail de ses compagnes et y participaitmême, comme si l’avenir lui eût appartenu. Ainsi,voyant avec quel intérêt Mrs. Joliffe s’occupait de sessemailles, elle l’aidait journellement par ses conseils.L’oseille et les chochléarias avaient fourni une bellerécolte, et cela grâce au caporal, qui, avec le sérieux etla ténacité d’un mannequin, défendait les terrainsensemencés contre des milliers d’oiseaux de toutessortes.

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