estimant la route parcourue, et ils reprenaient leur route.

Mais la tempête s’accroissait encore avec la nuit.Ces deux éléments, l’air et l’eau, semblaient êtreabsolument confondus. Ils formaient dans les bassesrégions du ciel une de ces redoutables trombes quirenversent les édifices, déracinent les forêts, et que lesbâtiments, pour s’en défendre, attaquent à coups decanon. On eût pu croire, en effet, que l’Océan, arrachéde son lit, allait passer tout entier par-dessus l’îleerrante.

Vraiment, Jasper Hobson se demandait avec raisoncomment l’icefield, qui la supportait, soumis à un telcataclysme, pouvait résister, comment il ne s’était pasdéjà fracturé en cent endroits sous l’action de la houle !Cette houle devait être formidable, et le lieutenantl’entendait rugir au loin. En ce moment, le sergentLong, qui le précédait de quelques pas, s’arrêtasoudain ; puis, revenant au lieutenant et lui faisantentendre quelques paroles entrecoupées :

« Pas par là ! dit-il.

– Pourquoi ?

– La mer !...

– Comment ! la mer ! Nous ne sommes pourtant pasarrivés au rivage du sud-ouest ?

– Voyez, mon lieutenant. »

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