leurs amis ? Tout cela, ils pouvaient le craindre.

Ils arrivèrent bientôt à la futaie, qu’ils avaienttraversée la veille. Des arbres, en grand nombre,gisaient sur le sol, les uns brisés par le tronc, les autresdéracinés, arrachés de cette terre végétale dont la mincecouche ne leur donnait pas un point d’appui suffisant.Les feuilles envolées ne laissaient plus apercevoir quede grimaçantes silhouettes, qui cliquetaientbruyamment au vent du sud-est.

Deux milles après avoir dépassé ce taillis dévasté, lelieutenant Hobson et le sergent Long arrivèrent au bordde cette entaille dont ils n’avaient pu reconnaître lesdimensions dans l’obscurité. Ils l’examinèrent avecsoin. C’était une fracture large de cinquante piedsenviron, coupant le littoral à mi-chemin à peu près ducap Michel et de l’ancien port Barnett, et formant unesorte d’estuaire qui s’étendait à plus d’un mille et demidans l’intérieur. Qu’une nouvelle tempête provoquâtl’agitation de la mer, et l’entaille s’ouvrirait de plus enplus !

Le lieutenant Hobson, s’étant rapproché du littoral,vit, en ce moment, un énorme glaçon qui se détacha del’île et s’en alla à la dérive.

« Oui ! murmura le sergent Long, c’est là ledanger ! »

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